Mérule pleureuse « cancer du bâtiment » - L'AMQ salue un rapport interministériel qui démontre toute l'importance d'encadrer l'exercice des microbiologistes au Québec
MONTRÉAL, le 21 févr. 2018 /CNW Telbec/ - L'Association des microbiologistes du Québec (AMQ) salue les conclusions du rapport du comité interministériel sur la mérule pleureuse et constate que le gouvernement et la ministre responsable de la Protection des consommateurs et de l'Habitation, Mme Lise Thériault, comprennent l'importance d'agir. Le rapport est, selon l'Association, un premier pas dans la bonne direction pour poser les bons gestes dans un dossier qui prend de l'ampleur et qui met à risque les habitations et les épargnes des propriétaires québécois qui en sont victimes.
Véritable « cancer du bâtiment », la mérule pleureuse fait des ravages aux bâtiments contaminés qui peuvent être irréversibles. Une intervention efficace et urgente dans ce dossier nécessite la mise en place d'un encadrement pour assurer que les diagnostics sont faits par des experts reconnus et des interventions adéquates. Ainsi, le président de l'AMQ, M. Patrick D. Paquette, et son conseil d'administration constatent que l'identification du champignon doit être faite par un laboratoire d'analyses microbiologiques spécialisé dans le domaine, indépendant de l'entreprise qui effectue la décontamination.
« L'identification de la mérule pleureuse est difficile, car ce champignon peut épouser différentes formes durant les stades de son développement. Une simple identification visuelle n'est pas suffisante. Il faut établir des normes pour évaluer et faire poser les diagnostics par des microbiologistes compétents. Les propriétaires sont dépourvus et vulnérables par rapport à ce problème et un mauvais diagnostic pourrait entraîner des travaux majeurs à des coûts importants, en plus d'avoir de graves conséquences pour les occupants. Tous les champignons ne sont pas dangereux pour la structure des bâtiments, des entrepreneurs mal intentionnés pourraient tirer profit de ce manque d'encadrement. La protection du public doit être assurée », a affirmé M. Patrick D. Paquette. « Il faut mettre les bons dispositifs en place pour rassurer le public et pour que les propriétaires puissent faire des choix éclairés. Les microbiologistes sont les seuls à détenir la compétence nécessaire à cette identification et doivent faire partie de la solution. L'AMQ souhaite offrir son aide dans le dossier », renchérit-il.
Un manque d'encadrement
En l'absence d'un encadrement professionnel de la pratique de la microbiologie, des propriétaires aux prises avec une contamination, comme c'est le cas de la mérule pleureuse, sont vulnérables aux nombreuses entreprises qui se disent « expertes » en décontamination. Force est de constater que l'encadrement actuel donne un accès facile à des individus sans réelle compétence, tout en offrant des recours limités pour les personnes bernées, alors que de mauvais diagnostics peuvent avoir des conséquences graves et irréversibles pour les bâtiments et leurs occupants.
Le rapport fait le constat d'un encadrement déficient de la microbiologie au Québec et des difficultés à mettre en œuvre des solutions concrètes dans ce contexte. Depuis des années, l'AMQ déplore cette situation qui a un prix pour la protection du public et souhaite, dans ces circonstances, la création d'un ordre professionnel pour encadrer la pratique des microbiologistes au Québec.
Actuellement, le Centre d'expertise en analyse environnementale du Québec (CEAEQ) accrédite les laboratoires d'analyses en microbiologie environnementale, mais les méthodes d'identification de la mérule pleureuse n'ont pas encore été développées, selon le rapport. L'AMQ croit qu'une accréditation du CEAEQ serait un bon début, mais cette mesure n'a pas la même force que l'encadrement offert par un ordre professionnel. Le CEAEQ n'a pas l'autorité pour contrôler l'utilisation d'un titre professionnel, vérifier la compétence ainsi que l'intégrité de ceux qui effectuent les analyses, ni s'assurer qu'ils maintiennent leurs compétences et encore moins pour sanctionner les manquements professionnels.
« Nous constatons que les méthodes moléculaires mentionnées dans le rapport sont exactement celles qui sont appliquées dans la pratique de la microbiologie. Ce dossier est l'exemple concret qu'il est temps qu'un ordre professionnel encadre la pratique de la microbiologie au Québec. Les situations impliquant la notion de protection et de santé du public sont en augmentation. Qu'il soit question des éclosions de légionellose, des inondations récurrentes au Québec, des moisissures dans les habitations, etc., la réalité nous rattrape et le constat d'un manque d'encadrement s'impose. Après cinq ans d'attente, nous avons soumis une solution simple et logique à l'Office des professions : intégrer les microbiologistes et les chimistes, avec qui nous partageons plusieurs champs d'expertises complémentaires, au sein d'un nouvel ordre professionnel conjoint », a déclaré M. Patrick D. Paquette.
Une solution simple et efficace
Les chimistes et les microbiologistes œuvrent dans la plupart des secteurs d'activité économique du Québec tels que l'alimentation, la santé, l'environnement et la sécurité. Au quotidien, ces professionnels posent des gestes et des jugements qui ont un impact sur la santé et la sécurité de la population.
L'Ordre des chimistes du Québec et l'Association des microbiologistes du Québec ont proposé l'intégration des ceux-ci au sein de l'ordre qui encadre l'exercice de la chimie professionnelle. La création d'un nouvel ordre professionnel conjoint, en plus d'assurer la sécurité de la population, permettrait d'unir des expertises similaires et d'assurer une plus grande facilité aux chimistes et aux microbiologistes de collaborer pour trouver des solutions à des problèmes complexes comme celui de la mérule pleureuse.
SOURCE Association des microbiologistes du Québec
Jean-Alexandre D'Etcheverry, 514-843-2369, [email protected]
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