Mini-Centrale Manouane Sipi : « Une décision incohérente avec notre relation de nation-à-nation » - Chef David Boivin
WEMOTACI, QC, le 6 févr. 2013 /CNW Telbec/ - Le Chef du Conseil des Atikamekw de Wemotaci, David Boivin, dénonce avec vigueur la décision du gouvernement québécois de mettre fin, de manière unilatérale, au projet de mini-centrale « Barrage B Manouane Sipi », un beau projet de développement durable misant sur un partenariat entre la Nation Atikamekw et la collectivité du Haut-Saint-Maurice. « C'est une décision incohérente avec le discours de ce nouveau gouvernement qui parle, depuis son élection, d'amener les relations avec les Premières Nations aux plus hauts niveaux. C'est incohérent avec l'approche de relations de Nation-à-Nation », déplore le Chef Boivin.
Le Chef Atikamekw rappelle que ce projet de petite centrale hydroélectrique Manouane Sipi aurait permis à la région de générer 212 millions $ de revenus nets pendant les 40 premières années de production, dont 106 millions $ pour Wemotaci, une communauté au statut socioéconomique extrêmement défavorisé. « Dans le processus actuel de négociations avec le gouvernement du Québec, ce projet était au cœur de l'objectif de développement économique de ma communauté. Comment le gouvernement peut-il aujourd'hui démolir un projet qu'il préconise dans le cadre de nos négociations? », questionne David Boivin.
Le Chef de Wemotaci interpelle d'ailleurs directement la ministre déléguée aux Affaires autochtones, Élizabeth Larouche, afin qu'elle intervienne auprès de ses collègues du Conseil des ministres pour que le gouvernement fasse marche arrière. « La ministre a l'obligation de défendre notre projet d'entente et de faire comprendre les impacts de cette décision pour notre communauté et pour l'avenir de notre Nation », précise-t-il.
Atteintes aux droits
Le chef Boivin rappelle au gouvernement du Québec que sa communauté possède des droits ancestraux et un titre aborigène sur son territoire ancestral qui fait l'objet d'une revendication globale et de négociations avec les gouvernements fédéral et du Québec depuis 1979. « Nous avons accepté d'entreprendre ce projet de mini-centrale parce qu'il se trouve au cœur de notre territoire et que les ressources qui s'y trouvent nous appartiennent » insiste-t-il.
Le chef Boivin déplore que le gouvernement du Québec ait pris sa décision sans même consulter au préalable sa communauté alors que plusieurs jugements de la Cour Suprême du Canada imposent une telle obligation aux gouvernements lorsqu'une décision prise peut porter atteinte aux droits autochtones qui font l'objet d'une revendication. À ce sujet, le chef Atikamekw envisage de «considérer tous les recours qui sont mis à notre disposition en vue de protéger nos droits reconnus par la Constitution du Canada ».
Négociations menacées
La population de Wemotaci est en furie suite à cette décision. Le Chef souligne ainsi que le gouvernement met en péril la poursuite des négociations bilatérales Québec-Atikamekw mises sur pied l'été dernier à la suite du blocus atikamekw des opérations forestières. Les autorités atikamekw de Wemotaci tentent présentement de calmer la grogne de la population, mais sont dans l'impossibilité de garantir que celle-ci ne voudra pas mettre fin au processus de négociation afin de reprendre des actions directes de contestation, ce qui serait extrêmement dommageable pour l'économie régionale.
SOURCE : Conseil des Atikamekw de Wemotaci
Suzanne Bourdon
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