LAVAL, QC, le 5 juill. 2016 /CNW Telbec/ - Les mises à pied massives d'équipes d'entretien des voies ferrées du Canadien Pacifique (CP) n'augurent rien de bon pour le réseau ferroviaire canadien, qui s'expose à des risques de catastrophe majeure. À la lumière de ce constat, Transports Canada doit intervenir dès maintenant et faire respecter le Règlement de 2015 sur le système de gestion de la sécurité ferroviaire.
Le CP refuse de procéder à une évaluation des risques, pourtant obligatoire en vertu du règlement, malgré les mises à pied ou l'abolition de quelque 500 postes de préposé à l'entretien des voies.
À la veille de la commémoration de la tragédie de Lac-Mégantic, le syndicat des Teamsters somme Transports Canada d'intervenir immédiatement avant qu'il ne soit trop tard.
« Le CP viole clairement la loi et Transports Canada a tous les atouts en main pour exiger la réintégration de ces travailleurs, s'indigne Gary Doherty, président de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada - Division des préposés à l'entretien des voies. En plus de supprimer ces postes essentiels, le CP augmente la vitesse de passage des trains dans certaines villes! »
En effet, on apprenait récemment que le transporteur ferroviaire ferait passer d'ici 60 jours la vitesse de ses trains de 50 à 60 miles à l'heure à travers la municipalité de Beaconsfield.
Le maire de cette banlieue de l'ouest de Montréal, Georges Bourelle, s'est désolé du fait que le CP n'a pas daigné le consulter et qu'aucune évaluation des risques n'a été menée. L'élu s'inquiète de la sécurité de ses concitoyens qui, dans certains cas, habitent à quelques mètres à peine de la voie ferrée.
Mauvais souvenirs
Pour Doug Finnson, président de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada, qui représente les employés itinérants du CP, du CN et de VIA Rail (les cheminots, par exemple), l'annonce du CP rappelle de bien mauvais souvenirs…
« Nous croyons que la réduction des budgets d'entretien des voies compromet la sécurité des opérations ferroviaires et celle du grand public, explique le syndicaliste. Il ne faut pas attendre une autre tragédie comme celle du pont de McBride [Colombie-Britannique] avant de contraindre légalement les compagnies de chemin de fer à maintenir un entretien très rigoureux des voies ferrées. »
« Les amendes et les tapes sur les doigts après les faits ne ramènent pas les travailleurs qui ont péris. »
Rappelons qu'un ingénieur de locomotive et un conducteur sont morts lors de ce déraillement.
Le rapport du Bureau de la sécurité des transports avait déclaré en 2003 que « les travaux d'entretien dont le pont avait besoin n'ont pas été jugés prioritaires », et que « les lacunes concernant l'inspection et l'entretien des ponts en bois ont été mises en évidence au cours de l'enquête du BST. » Dans les conclusions du rapport du BST, il a été déclaré que « même lors des inspections ultérieures, le caractère urgent et la gravité de la détérioration du pont n'ont pas été relevés, et ce en raison des lacunes du processus d'inspection, d'évaluation, de planification et d'entretien » et que « comme Transports Canada n'a pas fait de vérification des méthodes de travail, on n'a pas eu la possibilité de relever les lacunes relatives aux procédures d'inspection et d'entretien du pont. »
« Nous avons envoyé une lettre très claire au ministre Garneau il y a deux semaines, conclut Gary Doherty. Je tiendrai donc le gouvernement fédéral directement responsable du prochain déraillement impliquant un entretien des voies ferrées inadéquat s'il ne donne pas suite à nos recommandations. »
Le syndicat des Teamsters suivra la situation de très près et documentera systématiquement tous les incidents liés de près ou de loin à l'entretien des voies. Il invite également les membres du public à communiquer avec leurs élus s'ils sont témoins de situations inquiétantes sur les voies ferrées.
Les Teamsters représentent les intérêts de 120 000 membres au Canada dans tous les secteurs d'activité. La Fraternité internationale des Teamsters, à laquelle Teamsters Canada est affilié, compte 1,4 million de membres en Amérique du Nord.
SOURCE Teamsters Canada
Stéphane Lacroix, directeur des relations publiques, Cell : 514 609-5101, [email protected]
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