Ne pas détourner le regard - L'Ombudsman de Montréal rend public son rapport concernant le phénomène complexe de l'itinérance autochtone et inuite dans le quartier Milton-Parc English
- Un rapport qui émane de la démarche d'un collectif de citoyennes et citoyens exaspérés et préoccupés par la situation.
- L'enquête met en lumière le manque de concertation entre les différents intervenants concernés.
- L'OdM émet cinq recommandations aux entités visées de la Ville de Montréal et transmet ses préoccupations à l'égard des services offerts par le Réseau de la santé au Protecteur du citoyen, qui poursuivra l'enquête.
MONTRÉAL, le 4 mai 2022 /CNW Telbec/ - L'Ombudsman de Montréal (OdM) rend public aujourd'hui son rapport concernant l'itinérance autochtone et inuite dans le quartier Milton-Parc. Intitulé Ne pas détourner le regard, il met en lumière une crise humanitaire au cœur de la métropole et contient cinq recommandations qui appellent les autorités et surtout la Ville de Montréal à l'action avec bienveillance pour tous les citoyens et citoyennes.
L'enquête de l'OdM fait suite aux plaintes d'un collectif de citoyennes et citoyens d'un quartier central de Montréal, près de l'avenue du Parc et de la rue Milton. Ils dénoncent la dégradation, l'insalubrité ainsi que la dangerosité de ce quartier où cohabite une communauté de personnes en situation d'itinérance d'origine autochtone et inuite. Les résidents se plaignent de l'absence de prise en charge adéquate de ces problématiques par les autorités compétentes.
Conscient de la gravité de la situation, de la portée des compétences de la Ville de Montréal et des limites de sa propre juridiction, l'OdM a rapidement centré son travail sur trois aspects interdépendants : la sécurité, l'hébergement ainsi que la cohabitation sociale et l'accompagnement. L'enquête a été abordée dans une perspective de compréhension des enjeux en présence, dont le manque de concertation entre les entités concernées.
Dans le cadre de son enquête, l'OdM a interpellé près d'une vingtaine d'entités concernées par la situation. Parmi celles-ci, mentionnons l'arrondissement du Plateau Mont-Royal, la commissaire aux relations avec les peuples autochtones, le commissaire aux personnes en situation d'itinérance, le Service de la diversité et de l'inclusion sociale, le poste de quartier 38, le directeur général adjoint à la qualité de vie de la Ville de Montréal, l'arrondissement de Ville-Marie, les deux Centres intégrés de santé et de services sociaux (CIUSSS) concernés par ce dossier, soit Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal et Centre-Ouest-de-l'Île-de-Montréal et plusieurs organismes communautaires et autochtones comme Open Door/La Porte ouverte, Médecin du Monde, le Centre d'amitié autochtone de Montréal, RÉSEAU et la société Makivik.
L'OdM souhaite que le résultat de sa démarche jette un éclairage lucide, mais aussi humain, sur l'itinérance autochtone et, plus spécifiquement, inuite dans le secteur Milton-Parc à Montréal et surtout que ce rapport suscite l'espoir nécessaire pour que les choses avancent, car impérativement elles le doivent.
« Il est clair que la question de l'itinérance appelle une approche globale et nécessite un travail en complémentarité, entre autres, des instances municipales, des organismes communautaires et du Réseau de la santé et des services sociaux (RSSS), précise Me Nadine Mailloux, Ombudsman de Montréal. Or, ces intervenants opèrent à l'intérieur de structures étatiques ou communautaires quelquefois difficilement compatibles, d'où un vide d'imputabilité (chacun se renvoie la balle). Il faut absolument apprendre à mieux se concerter. »
L'OdM a notamment suivi le processus d'établissement des mesures hivernales et la mise en place de dernière minute de celles-ci, observant un manque flagrant de planification.
Les tentes et les refuges d'urgence hivernaux sont des palliatifs dispendieux qui ne résoudront pas le problème du manque de ressources structurantes et pérennes en hébergement adapté et logement social. Par ailleurs, le financement limité dans le temps des organismes dispensant ces services empêche la planification de leurs services à plus long terme.
Répondre aux besoins d'hébergement existants toute l'année représenterait une stratégie plus efficace pour appréhender l'itinérance et donnerait vie aux actions et objectifs réitérés moulte fois par la Ville de Montréal et ses partenaires du RSSS à ce sujet.
L'équipe de Me Mailloux a émis 5 recommandations ayant trait à différents volets, tels que les ressources d'hébergement, le mode de financement des organismes communautaires, le développement d'une approche préventive face à l'itinérance et la participation des citoyennes et des citoyens.
Devant le constat d'une implication inégale de certains partenaires du Réseau de la santé et des services sociaux, l'Ombudsman de Montréal a transmis ses préoccupations au Protecteur du citoyen qui a accepté d'ouvrir une enquête.
«Il importe de passer de la parole aux actes. Il est fondamental de ne pas gérer cette situation par de simples cases à cocher dans un plan. Il faut agir avec préméditation et s'assurer que les mesures planifiées produisent concrètement des résultats, que les entités de tous azimuts soient imputables des responsabilités qui leur incombent et que cette imputabilité ne soit pas mesurée par tâches isolées, mais plutôt par impacts décisifs sur le terrain.
Nous devons être en mesure de constater que la vie des citoyens et citoyennes en situation d'itinérance d'origine autochtone de Milton-Parc s'améliore. Parce qu'elles disposent d'un pôle culturel à leur arrivée du Nord. Parce qu'elles ont des soins et services engagés et adaptés si elles trébuchent. Parce qu'elles finissent par sortir de la spirale de l'itinérance et à se poser en un lieu d'habitation sécuritaire. » conclut Me Mailloux.
L'OdM intervient sur plainte ou de son propre chef pour s'assurer que les citoyens soient traités avec respect, justice, équité et bienveillance par tous les intervenants de la Ville. Il offre également le seul recours disponible en vertu de la Charte montréalaise des droits et responsabilités. Chaque intervention de l'OdM est une opportunité de promouvoir une culture axée sur la transparence et le respect, la qualité des services et des processus décisionnels justes et équitables.
Le recours à l'OdM est gratuit et facilement accessible. Le rapport Ne pas détourner le regard et sa version anglaise, ainsi que tous les autres rapports de l'OdM, dont les rapports annuels, sont disponibles sur le site Web.
Veuillez prendre note que pour des raisons de santé, Me Nadine Mailloux répondra aux questions des journalistes uniquement par courriel.
SOURCE OMBUDSMAN DE MONTREAL
Pierre Tessier, c. 514 233-1636, [email protected]
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