Nécessité d'une stratégie en matière d'enseignement supérieur: Services
économiques TD
L'accès à l'enseignement postsecondaire est un facteur clé de la prospérité future
TORONTO, le 17 mai /CNW/ - Le système d'éducation postsecondaire du Canada est appelé à jouer un rôle de plus en plus important dans l'amélioration de la qualité de vie des Canadiens. Or, il manque une stratégie exhaustive pour aider les universités et les collèges à répondre à ces attentes, selon un rapport publié aujourd'hui par les Services économiques TD et intitulé Post-Secondary Education is a Smart Route to Brighter Future for Canadians (disponible en anglais seulement).
Certains progrès ont été accomplis depuis le début de la décennie. Par exemple, en 2002, le financement réel total de l'enseignement universitaire par étudiant était de 20 % inférieur à celui de 1980. En 2006, ce montant était inférieur au niveau de 1980 de 16 %. Toutefois, les auteurs Don Drummond et Shahrzad Mobasher Fard soutiennent que le système d'enseignement postsecondaire canadien n'est pas en meilleure position pour répondre aux attentes croissantes qu'il suscite.
Il s'agit du deuxième rapport important publié par les Services économiques TD sur l'enseignement postsecondaire. En 2004, le rapport Time to Wise Up on Post-Secondary Education in Canada établissait que l'enseignement postsecondaire avait été victime des coupures budgétaires du milieu des années 1990 et qu'il devenait un désavantage concurrentiel pour le pays dans une ère où les économies florissantes seraient fondées sur le savoir. La perte de financement de l'enseignement supérieur par le gouvernement canadien a été compensée en partie par des hausses rapides des frais de scolarité. Mais, comme le souligne le plus récent rapport, cette solution présente son propre ensemble de défis, notamment le fait de restreindre l'accès à l'enseignement postsecondaire.
Un système sous pression
Cinq attentes particulières exercent d'énormes pressions sur l'enseignement postsecondaire: former un pourcentage toujours croissant de la population, promouvoir des résultats économiques et sociaux équitables à travers la population, fournir une composante importante de l'apprentissage à vie, devenir un moteur d'innovation et satisfaire nos attentes avec qualité et efficacité. La réalisation de chacune de ces attentes comporte de nombreux défis.
Les gouvernements provinciaux devront trouver les ressources nécessaires pour former une proportion croissante de la population canadienne. On prévoit que les ressources financières publiques supplémentaires requises par rapport à 2009 passeront d'environ 400 millions de dollars en 2010 à 2,7 milliards de dollars d'ici 2016, pour ensuite fluctuer, mais se maintenir dans une fourchette de 1,4 à 2,7 milliards de dollars jusqu'en 2030. Les pressions sur le financement seront particulièrement fortes dans les provinces où l'on prévoit des hausses importantes des inscriptions, comme en Ontario et en Alberta.
L'accès à l'enseignement postsecondaire est réparti de façon inégale entre les divers groupes socioéconomiques, les groupes marginalisés connaissant des taux de participation beaucoup plus faibles en moyenne que les autres groupes. Les caractéristiques sociodémographiques et l'engagement de la famille et de l'école secondaire comptent parmi les principaux facteurs qui influencent les niveaux de participation. Les Autochtones et certaines communautés d'immigrants sont sous-représentés dans l'enseignement postsecondaire. Les étudiants de familles où les parents n'ont pas pursuivi ou accordent peu d'importance aux études postsecondaires (ÉPS) sont moins susceptibles de poursuivre des ÉPS. Cela vaut également pour les étudiants qui ont un piètre rendement scolaire, surtout si cela est combiné avec un faible revenu familial.
Obstacles financiers et non financiers
Une combinaison d'obstacles financiers et non financiers limite l'accès à l'enseignement postsecondaire chez les groupes marginalisés.
En termes simples, beaucoup d'étudiants ne peuvent pas se permettre de poursuivre des ÉPS. D'importantes ressources sont pourtant consacrées à l'aide financière. Mais elles ne sont pas bien ciblées en fonction du revenu. En effet, la plus grande partie de l'argent allant dans les véhicules d'épargne (comme les régimes enregistrés d'épargne-études) et les crédits pour frais de scolarité, ont des éléments où le soutien augmente en fonction du revenu. Le système actuel ne fait pas de distinction adéquate entre les situations financières des étudiants.
D'autres défis ont trait aux lacunes en matière de littératie financière. La recherche porte à croire que de nombreux Canadiens ont une perception erronée de la façon dont il faudrait financer l'éducation postsecondaire. La recherche semble également indiquer que les personnes provenant de familles à faible revenu ont tendance à surestimer le coût des ÉPS et à sous-estimer le rendement de l'investissement, ce qui a pour effet de décourager une plus grande participation.
L'un des obstacles non financiers les plus largement cités par les étudiants est le manque de motivation. Le plus grand défi consiste à cerner ses principaux déterminants et à isoler leur effet en regard d'autres variables comme le revenu familial. Par exemple, les parents qui n'ont pas fait d'ÉPS ne peuvent pas puiser dans leur expérience et être une source d'inspiration pour leurs enfants.
Le Canada connaît un taux de décrochage étonnamment élevé à l'école secondaire. En 2006, ce sont plus d'un million de personnes âgées entre 25 à 44 ans qui n'avaient pas obtenu leur diplôme d'études secondaires. La diminution de ce nombre aura une incidence considérable sur divers groupes sous-représentés. À titre d'exemple, l'écart dans les taux de participation à des ÉPS entre les Autochtones et l'ensemble de la population est presque entièrement attribuable à l'écart dans les taux d'obtention d'un diplôme d'études secondaires. Lorsqu'ils ont décroché leur diplôme d'études secondaires, les jeunes Autochtones ont essentiellement le même taux de participation à des ÉPS que l'ensemble de la population, bien qu'ils soient plus susceptibles de fréquenter un collège qu'une université.
Faire tomber les barrières
On peut améliorer efficacement l'accès à l'enseignement postsecondaire chez les groupes sous-représentés en dirigeant l'aide financière vers les étudiants qui en ont le plus besoin. Les parents doivent également économiser en prévision des ÉPS de leurs enfants et intégrer cet objectif dans leurs allocations budgétaires au même titre que l'épargne-retraite.
Il faudra également franchir de grands pas dans le domaine de la littératie financière dans l'ensemble de la population canadienne et, plus important encore, dans les groupes sous-représentés de la société. Les établissements d'enseignement postsecondaire devront renforcer leur présence dans les écoles secondaires pour informer les parents et les professeurs des nombreuses possibilités et exigences associées aux ÉPS. Il faut en outre soutenir les initiatives qui offrent aux étudiants à risque le soutien intellectuel et émotionnel dont ils ont besoin en dehors des heures scolaires habituelles.
Les travailleurs devront de plus en plus rester en contact avec les établissements d'enseignement supérieur ou y retourner à divers intervalles, soit pour s'adapter à des changements dans leur carrière ou faciliter une réorientation de carrière. En conséquence, l'éducation permanente : 1) formera une part croissante de la demande d'ÉPS; 2) modifiera notre perception selon laquelle la participation à des ÉPS provient presque exclusivement de la cohorte des 18 à 24 ans; et 3) si la tendance s'accentue, fera augmenter la demande de places en classe. La baisse graduelle des inscriptions à des ÉPS chez les jeunes après 2016 permettra cependant à la population adulte de tirer davantage profit des ressources pédagogiques existantes.
Les universités et le secteur privé doivent travailler de concert pour commercialiser plus efficacement la recherche faite sur les campus. La capacité de commercialisation demeure très faible dans les universités canadiennes. La recherche semble en effet indiquer que les universités américaines sont environ 14 fois plus actives en recherche que les universités canadiennes, mais reçoivent 49 fois plus de revenu tiré des licences, un indicateur clé de la valeur des innovations. Le secteur privé serait en grande partie responsable de ce déséquilibre, car les universités se plaignent souvent que le secteur privé n'est pas assez réceptif en recherche et développement.
Les établissements auront beaucoup de difficulté à augmenter la qualité de l'enseignement au cours des prochaines décennies. Les établissements d'enseignement postsecondaire ont réagi à la baisse de financement réel en augmentant la taille des classes et en réduisant le nombre de professeurs à temps plein, en plus de diminuer l'innovation en classe. Ces mesures ont eu un effet sur l'engagement des étudiants et, du coup, sur la capacité du système de bien préparer les diplômés à entrer sur le marché du travail moderne. Le défi consiste maintenant à augmenter la qualité de l'enseignement, et ce, dans un contexte de restrictions budgétaires.
La recherche semble indiquer que les universités moins axées sur la recherche obtiennent de meilleurs résultats pour ce qui est de l'engagement des étudiants dans les programmes d'études que les universités davantage axées sur la recherche. Plus d'un facteur sont en cause. Par exemple, les professeurs dans les universités axées sur la recherche consacrent peu de temps à l'enseignement. D'où l'argument d'améliorer la "différenciation du produit" entre les universités axées sur la recherche et celles axées sur l'enseignement. Certains établissements se spécialiseraient dans les études de premier cycle en se dotant d'un effectif de professeurs à temps plein qualifiés, tandis que d'autres se spécialiseraient dans la recherche.
Les auteurs soulignent que des progrès ont été faits depuis 2004, au moment où les Services économiques TD publiaient leur premier rapport sur l'enseignement postsecondaire. "Les gouvernements ont réinvesti dans ce domaine. Ils ont freiné les hausses des frais de scolarité et apporté de légères améliorations aux programmes d'aide financière aux étudiants. Et pour l'instant, dans le contexte actuel de contraintes financières, les gouvernements fédéral et provinciaux semblent relativement désireux de préserver les budgets consacrés à l'enseignement supérieur, a dit M. Drummond. Mais il n'y a pas de stratégie claire en place. Il est justifié d'investir dans l'enseignement postsecondaire, non seulement pour les étudiants, mais aussi pour l'ensemble de la société. Une société instruite est une société saine, florissante et engagée."
Renseignements: Tara Sirinyan, Groupe Financier Banque TD, (514) 385-2244, [email protected]
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