NITASKINAN, QC, le 28 juin 2012 /CNW Telbec/ - Quelque trente-six (36) heures après le début des actions de blocage des opérations forestières sur son territoire ancestral, la nation atikamekw a enfin reçu un appel du gouvernement du Québec. « Nous avons parlé au ministre des Affaires autochtones, Geoff Kelley, mais il n'avait rien à nous présenter et donnait l'impression de ne pas connaître nos enjeux », a déclaré le Chef de Wemotaci, David Boivin. Les autorités gouvernementales semblaient prises au dépourvu et leurs réactions démontrent un manque flagrant de cohérence et de compréhension des questions qui concernent la nation atikamekw. « Il n'y a pas de lien entre ce qu'on négocie depuis trente ans et les décisions prises par les différents ministères. La question de l'octroi de volumes de bois, sans tenir compte de nos droits ancestraux, en est un exemple éloquent », a ajouté le Chef d'Opitciwan, Christian Awashish. Conséquemment, les leaders atikamekw ont décidé de maintenir les activités visant le blocage des opérations forestières et du transport de bois en Haute-Mauricie.
Depuis lundi soir, minuit, les Atikamekw d'Opitciwan et de Wemotaci ont érigé des barrages routiers à l'embranchement de la route 25, sur la route 25 entre La Tuque et Wemotaci, et un autre entre les hameaux de Parent et Clova. Les manifestants bloquent l'accès aux camions transportant du bois, mais laissent passer les résidants et les villégiateurs.
Aussi, les autochtones laissent le libre passage aux trains de passagers de Via Rail, mais bloquent les convois de marchandises du Canadien National. « La ministre Julie Boulet dit qu'on prend en otage les travailleurs et l'économie régionale. C'est plutôt le gouvernement qui prend en otage l'économie de nos communautés depuis des décennies », a déploré le Chef d'Opitciwan, Christian Awashish.
Rappelons qu'à titre de nation autochtone occupant ce territoire depuis plus de 4000 ans, les Atikamekw possèdent des droits ancestraux, dont un titre aborigène et un droit inhérent à l'autonomie gouvernementale. Après avoir été niés pendant deux siècles, ces droits ont été enfin reconnus, en principe, dans les années 1970, par les gouvernements du Canada et du Québec. Pour convenir d'une entente précisant la portée de ces droits, une négociation dite de « revendication territoriale globale » a été entamée. Cette négociation perdure depuis plus de 32 ans. Pendant ce temps, les entreprises et le gouvernement du Québec continuent d'exploiter le territoire comme si les Atikamekw n'y avaient aucun droit. « La négociation territoriale n'est pas un permis pour bafouer nos droits. Nous demandons au gouvernement du Québec de respecter nos droits et de convenir, dès maintenant, de nouvelles règles de gestion des territoires et des ressources naturelles », a expliqué le Chef de Manawan, Paul-Émile Ottawa.
Les Atikamekw souhaitent toujours poursuivre la négociation territoriale afin de convenir d'un traité. Par contre, après plus de 32 ans de négociations sans aucun résultat, il y a lieu de trouver d'autres avenues qui permettraient de tenir compte de leurs droits. Ainsi, les Atikamekw demandent au gouvernement du Québec la création d'une table de négociation permettant de conclure une entente « de Nation à Nation » sur une série de sujets tombant dans les champs de compétences provinciales, notamment à l'égard de la gestion des terres et des ressources naturelles. De façon plus précise, les Atikamekw demandent l'établissement d'une formule de cogestion du territoire ainsi que la mise en place de mécanismes permettant aux communautés atikamekw de tirer profits des activités d'exploitation du territoire.
Deux poids deux mesures chez Kruger
Les Atikamekw dénoncent le « deux poids, deux mesures » de la compagnie Kruger, qui a convenu d'une entente avec la communauté mohawk de Kahnawake, comprenant un versement annuel de 20 000$ à titre de compensation pour l'implantation d'éoliennes sur des terres faisant l'objet d'une revendication territoriale. « Si c'est valable pour la construction d'éoliennes, ça devrait l'être tout autant pour la coupe d'arbres », a déclaré le Chef Awashish.
À propos de Manawan, d'Opitciwan et de Wemotaci
Située dans la partie nord de la région de Lanaudière, Manawan compte 2400 personnes. Sa gouvernance est assurée par le Conseil des Atikamekw de Manawan. Située au nord du Réservoir Gouin, à 300 km à l'ouest de Roberval, la communauté d'Opitciwan compte 2592 membres, dont 2169 vivant sur la réserve, et est administrée par le Conseil des Atikamekw d'Opitciwan. La communauté de Wemotaci est située sur les bords de la rivière Saint-Maurice, compte quelque 1700 membres, et est administrée par le Conseil des Atikamekw de Wemotaci. Le Peuple Atikamekw occupe le Nitaskinan depuis des millénaires.
Suzanne Bourdon
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