Nos épargnes et le développement du Québec - La Caisse de dépôt et placement préfère les sables bitumineux
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INSTITUT DE RECHERCHE EN ECONOMIE CONTEMPORAINE (IREC)14 févr, 2012, 12:00 ET
MONTRÉAL, le 14 févr. 2012 /CNW Telbec/ - L'Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) lance aujourd'hui une importante note de recherche sur la politique d'investissement de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDP). « Les placements en actions dans trois entreprises du secteur des sables bitumineux représentent presque le double des placements dans les 45 entreprises québécoises cotées en Bourse présentes dans son portefeuille. La Caisse investit davantage dans les sables bitumineux que dans Hydro-Québec. En fait, le discours sur la stratégie d'optimisation des rendements a mis le "bas de laine" des Québécoises et des Québécois au service du développement des énergies fossiles dans l'Ouest canadien. Même les principaux déposants n'ont probablement pas eu leur mot à dire dans l'élaboration de ce programme qui va à l'encontre des valeurs et des politiques publiques de leur propre société », ont déclaré Éric Pineault et François L'Italien, chargés de projet à l'IRÉC.
« Les chiffres sont très clairs, poursuivent les chercheurs. Au 3 août 2011, les placements directs de la CDP en actions dans des entreprises cotées en bourse et actives dans le secteur des sables bitumineux représentaient un investissement de 5,425 milliards $, soit plus de 14 % du portefeuille de la CDP en actions d'entreprises cotées en bourse. Parmi les dix premiers placements en actions de la CDP, quatre le sont dans des entreprises au cœur du secteur des sables bitumineux, dont Enbridge Inc., Enbridge LLP (une filiale de la précédente), Suncor et finalement Canadian Natural Resources. À eux quatre, ces placements représentent plus de 10 % du portefeuille en actions d'entreprises cotées en bourse de la CDP. En outre, trois de ces quatre entreprises bénéficient d'un placement total de près de quatre milliards de dollars (3,995 milliards $), ce qui veut dire que 10 % du portefeuille en actions de la Caisse est exposé à trois entreprises d'un même secteur ».
Une politique d'investissement en contradiction avec les engagements du gouvernement du Québec
La politique d'investissement de la CDP dans le développement des sables bitumineux de l'Ouest canadien est en contradiction avec les engagements qu'a pris le gouvernement du Québec à l'égard de la lutte aux changements climatiques et à la « décarbonisation » de l'économie. « En fait, soutiennent les chercheurs de l'IRÉC, l'analyse des faits remet en question la "neutralité" présumée de la politique de placement de la CDP, qui soutient activement un modèle de développement essentiellement axé sur la production et l'exportation d'énergie fossile brute. Le critère de la rentabilité financière évoqué par les dirigeants de la CDP pour justifier ces placements escamote toute une série de variables économiques plus fondamentales qui devraient intervenir dans l'évaluation globale de ces investissements. Cette politique de la Caisse bloque non seulement sa capacité à faire face de manière stratégique à la maîtrise du développement économique du Québec par la coordination des flux d'investissements touchant son territoire, mais elle accroît sa dépendance à ce dont il faut précisément se déprendre, soit les énergies fossiles et les politiques de placement dictées par les marchés financiers ».
Un fonds souverain au service du développement à long terme du Québec
Plutôt que de soutenir cette industrie dans laquelle le Québec ne se reconnaît pas, les auteurs de la note soutiennent que la CDP devrait se concentrer sur sa mission première qui est d'assurer le développement à long terme du Québec et de contribuer à sa souveraineté économique et énergétique. « Cette institution, disent-ils, est un instrument stratégique de premier plan dans la structuration de l'espace économique du Québec. Il apparaît normal que ce fonds souverain renoue avec cette vocation initiale. Concrètement, cela signifie de mettre la CDP au service de la reconversion écologique de la base industrielle et énergétique du Québec. Pour sortir le Québec du pétrole et contribuer à la diminution des gaz à effet de serre, la CDP doit préalablement se sortir d'une stratégie de placement dans les sables bitumineux de l'Ouest canadien », ont conclu Éric Pineault et François L'Italien.
Pour connaître les résultats des travaux de l'IRÉC, voir www.irec.net
André Laplante, IRÉC, (514) 564-7955 ou 514-258-4798 (Cellulaire)
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