Nous devons transformer notre rapport à la nature pour prendre en compte l'évolution du climat et l'effondrement de la biodiversité
MONTRÉAL, le 9 déc. 2022 /CNW Telbec/ - Le Comité consultatif sur les changements climatiques sonne l'alarme quant aux impacts actuels et futurs des changements climatiques sur la biodiversité dans un nouvel avis qu'il présente aujourd'hui, à 13 h, dans le cadre de la 15e Conférence des Parties (CdP-15) à la Convention sur la diversité biologique (CDB). Cette présentation a lieu lors de la Journée du Québec, au Pavillon des gouvernements infranationaux et des villes, à l'intérieur du Palais des congrès de Montréal.
L'avis intitulé « Climat et biodiversité : redéfinir notre rapport à la nature » est un appel à considérer l'érosion de la biodiversité avec le même niveau d'urgence et d'attention que les changements climatiques. Le Comité rappelle que, sans réduction rapide et profonde des émissions de gaz à effet de serre (GES), comme le prévoit l'accord de Paris, les efforts pour protéger et restaurer la biodiversité ne pourront atteindre que des résultats limités. Pour le Comité, ces deux crises sont intrinsèquement liées : les changements climatiques dégradent la biodiversité, les écosystèmes et les services qu'ils rendent, induisant d'importants dommages et pertes, alors même que le maintien d'écosystèmes fonctionnels et diversifiés est essentiel pour limiter le dérèglement du climat.
Selon le Comité, il est urgent que le Québec se dote d'une vision d'ensemble des liens entre climat et biodiversité dans ses politiques publiques, de manière à contribuer à :
- Préserver et restaurer les milieux naturels pour éviter le relâchement des GES actuellement séquestrés, préserver la capacité de séquestration du carbone et limiter les vulnérabilités face à un climat changeant;
- Favoriser l'adaptation des écosystèmes, en particulier les écosystèmes forestiers, pour faire face adéquatement à la transformation du climat;
- Canaliser les flux économiques et financiers pour répondre aux crises du climat et de la biodiversité.
Bien que l'on reconnaisse, tant du point de vue scientifique que du point de vue politique, l'interconnexion entre la crise climatique et la perte de biodiversité, ces deux enjeux sont encore bien souvent considérés distinctement. Le Comité formule, dans cette perspective, sept recommandations :
- Doter le Québec d'une Stratégie nationale de la biodiversité. L'absence d'un tel outil traduit un manque d'intégration des actions menées par le gouvernement du Québec et limite la cohérence et l'efficience de l'action gouvernementale dans ce domaine;
- Protéger 30 % du territoire québécois d'ici 2030. Le sud de la province, là où la biodiversité est la plus importante et où la connectivité écologique est particulièrement mise à mal par l'artificialisation des espaces, doit être priorisé. La Stratégie nationale de la biodiversité deviendrait la feuille de route à suivre pour que le Québec atteigne une telle cible, avec des mesures de protection et de restauration sur tout son territoire dans une démarche cohérente avec la Politique nationale de l'architecture et de l'aménagement du territoire;
- Élaborer et mettre en œuvre un vaste programme d'adaptation des forêts au climat futur. Dans l'état actuel des forêts, le Comité appelle à la mobilisation de ce secteur stratégique du Québec pour qu'il renforce très rapidement sa résilience climatique et qu'il adapte ses pratiques de gestion et de reboisement à la nouvelle réalité climatique;
- Favoriser une réelle implication des peuples autochtones, considérant notamment l'importance de la biodiversité pour ces communautés et l'importance de cet enjeu dans une stratégie de réconciliation;
- Investir pour préserver et restaurer la biodiversité dans un contexte d'adaptation aux changements climatiques. Des investissements additionnels sont requis et des modalités d'intervention à l'échelle locale et régionale de même que dans le secteur agricole doivent être repensées afin de faciliter la valorisation des services écosystémiques compte tenu de l'urgence climatique;
- Accroître la recherche sur la séquestration naturelle du carbone, afin de prioriser les interventions et de prendre en compte des enjeux prioritaires comme la séquestration du carbone dans le sol, la comptabilisation et le suivi du carbone forestier et l'impact sur les changements climatiques de la modification de l'albédo;
- Concevoir des outils performants de suivi de la biodiversité pour canaliser les sources de financement public et privé vers plus de protection de la biodiversité et permettre une meilleure divulgation des impacts sur le climat et la biodiversité.
Pour le président du Comité, le professeur Alain Webster, « cet avis reflète à quel point il est crucial et pressant pour le Québec de se doter d'une stratégie nationale ambitieuse, qui contribuera à sauvegarder nos écosystèmes, à limiter les effets des changements climatiques et à consolider le lien environnement-économie. Les actions du Québec en la matière sont actuellement insuffisantes. La CdP-15 doit donc être un point tournant pour que tous les gouvernements agissent de manière crédible. Le Québec, hôte de cet événement international, a tout pour être un chef de file : il faut maintenant livrer! »
La professeure Catherine Potvin, membre du Comité, insiste sur l'urgence de la situation à laquelle nous faisons face : « Il ne faut pas croire que la nature peut nous sauver dans les conditions actuelles, et encore moins en considérant les projections du climat futur. C'est à nous d'aider la nature et nos écosystèmes afin qu'ils puissent maintenir un certain niveau de fonctionnalité. Cela implique que nous transformions de façon profonde notre rapport à la nature. »
Le professeur Jérôme Dupras, également membre du Comité, souligne l'importance d'élaborer et de mettre en œuvre conjointement les actions au profit du climat et de la biodiversité : « Dans cette perspective, les solutions fondées sur la nature ont le potentiel de contribuer aux efforts requis pour atténuer les changements climatiques et pour s'y adapter, tout en favorisant la protection de la biodiversité. Le déploiement de moyens et d'investissements majeurs en ce sens s'avèrera donc essentiel. »
Le Comité consultatif sur les changements climatiques est un organisme permanent indépendant créé en vertu de la Loi visant principalement la gouvernance efficace de la lutte contre les changements climatiques et à favoriser l'électrification.
Le Comité a pour mission de conseiller le ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, à la demande de ce dernier ou de sa propre initiative, sur les orientations, les programmes, les politiques et les stratégies en matière de lutte contre les changements climatiques.
Source et information :
Benoit Rigaud, secrétaire
Comité consultatif sur les changements climatiques
Courriel : [email protected]
SOURCE Comité consultatif sur les changements climatiques
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