Nouveaux services en pharmacie - Le MSSS force l'AQPP à suspendre les négociations
MONTRÉAL, le 22 août 2013 /CNW Telbec/ - À la veille d'une entente possible entre les deux parties, l'improvisation du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) force l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) à suspendre les négociations concernant la rémunération de certains nouveaux services en pharmacie. En effet, les discussions achoppent sur une question d'interprétation juridique quant au droit pour tous les pharmaciens du Québec d'effectuer des tests, dont celui du coagulomètre portable.
Le MSSS prétend qu'il serait illégal qu'un pharmacien effectue ce type de test, qui est pourtant nécessaire à une plus grande accessibilité au service de prise en charge de l'ajustement pour l'atteinte de cibles thérapeutiques. Rappelons qu'il s'agit de gestes encadrés par l'Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) et par le Collège des médecins du Québec (CMQ), posés régulièrement par les pharmaciens communautaires depuis près de dix ans. Cette volte-face du ministère vient réduire au minimum la portée du nouveau service de prise en charge de l'ajustement pour l'atteinte de cibles thérapeutiques et aura pour effet de retourner dans les laboratoires du réseau public ou privé des milliers de patients qui, depuis des années, profitent des services des pharmaciens dans le cadre du suivi en anticoagulothérapie, en diabète et plusieurs autres. «Cette interprétation va à l'encontre des objectifs d'accessibilité aux soins de santé de première ligne et de désengorgement fixés par la loi 41 », a affirmé Jean Thiffault, président de l'AQPP.
L'AQPP n'est donc pas en mesure de compléter la présente négociation. L'Association a adressé une lettre au ministre Réjean Hébert, lui demandant de clarifier la situation quant à l'exécution des tests effectués par les pharmaciens. « Nous suspendons les négociations jusqu'à ce que le ministre appuie ses prétentions, d'un avis juridique et d'un énoncé formel d'orientation ministérielle. Nous devons malheureusement attendre leur retour pour poursuivre les discussions, puisqu'il pourrait y avoir des répercussions majeures sur la profession de pharmacien et l'accessibilité au système de santé », souligne Jean Thiffault.
Puisqu'il appartient au ministre de décider, unilatéralement, de la liste des produits et des services couverts, à compter du 3 septembre, les pharmaciens seront contraints de facturer les services à tous les patients laissés pour compte par la décision du ministre. L'AQPP veut trouver un terrain d'entente, mais le ministre ne semble pas avoir la volonté nécessaire pour rendre, aussi rapidement que possible, les services pharmaceutiques accessibles et ainsi éviter tous désagréments aux Québécois. Il est important que les compétences des pharmaciens et les services professionnels qu'ils offrent soient reconnus à leur juste valeur.
À propos de l'AQPP
L'Association québécoise des pharmaciens propriétaires est constituée en vertu de la Loi sur les syndicats professionnels. Elle représente les 1931 pharmaciens propriétaires des 1789 pharmacies du Québec, qu'ils soient affiliés ou non à une chaîne ou à une bannière commerciale.
Montréal, le 22 août 2013
Monsieur Réjean Hébert
Ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec et Ministre responsable des Aînés
Ministère de la Santé et des Services sociaux
Édifice Catherine-de-Longpré
1075, chemin Sainte-Foy, 15e étage
Québec (Québec) G1S 2M1
Objet : Entente AQPP-MSSS nouveaux services
Monsieur le Ministre,
Dans le cadre de la négociation en cours qui vise à conclure un amendement à l'entente actuelle afin d'y intégrer certains nouveaux services, votre proposition porte sur trois des sept nouveaux actes autorisés aux pharmaciens pour la clientèle assurée par la RAMQ, à savoir :
- le service de l'évaluation du besoin de la prescription d'un médicament pour le traitement des conditions mineures;
- le service de l'évaluation du besoin de la prescription d'un médicament dans les cas pour lesquels aucun diagnostic n'est requis; et
- le service de la prise en charge de l'ajustement pour l'atteinte de cibles thérapeutiques.
Comme vous le savez, le service de la prise en charge de l'ajustement pour l'atteinte de cibles thérapeutiques peut, en certaines circonstances, nécessiter le recours à des analyses de laboratoire ou à des tests.
Les pharmaciens communautaires effectuent depuis plusieurs années des tests en pharmacie notamment, la mesure de la glycémie à partir d'un glucomètre ou encore, la mesure du temps de prothrombine (INR-RNI), en utilisant un coagulomètre portable.
L'utilisation par les pharmaciens communautaires du coagulomètre portable dans les cas du suivi de la thérapie médicamenteuse des patients anticoagulés est encadrée par l'Ordre des pharmaciens du Québec, qui exige une formation appropriée à cette fin et un contrôle de la qualité de l'appareil utilisé. Ce type de suivi a également donné lieu, en 2005, à l'élaboration de lignes directrices conjointes de l'Ordre des pharmaciens et du Collège des médecins.
Bon nombre d'établissements de santé dont l'Institut de cardiologie de Montréal dirige d'ailleurs leur clientèle ainsi suivie en anticoagulothérapie, vers les pharmacies communautaires afin d'obtenir ce service.
Or, au cours des échanges qui se sont déroulés la semaine dernière à la table de négociation et lors de ma récente conversation avec vous, l'AQPP a été informée que les pharmaciens communautaires ne seraient pas autorisés à effectuer ces tests. Si cette interprétation s'avérait fondée, il en découlerait que les pharmaciens devraient cesser immédiatement d'effectuer ces tests. Ils auraient alors le choix entre vendre à leurs patients les appareils et fournitures appropriés pour que le patient s'auto-administre les tests, ou rediriger leurs patients vers le réseau pour qu'ils obtiennent des analyses de laboratoire nécessaires au travail du pharmacien.
Les négociations actuelles sur les modalités d'exécution et de rémunération de certains nouveaux services ne peuvent se conclure tant que les pouvoirs du pharmacien ne seront pas clairement précisés. Dans ce contexte, et compte tenu des négociations actuelles, l'AQPP demande que l'interprétation du ministère lui soit confirmée par écrit et qu'elle identifie les dispositions législatives et réglementaires, sur la base desquelles il serait ainsi interdit aux pharmaciens de procéder à de tels tests.
Par ailleurs, et comme je vous l'ai indiqué lors de notre conversation, l'AQPP rappelle qu'en ce qui a trait aux services offerts en pharmacie que vous avez choisis de ne pas assurer, ou aux populations que vous avez choisies de ne pas assurer, la loi laisse aux pharmaciens toute la liberté de les facturer à leurs patients selon un prix juste et raisonnable.
Nous croyons qu'une rencontre, afin de vous exposer plus amplement les tenants et aboutissements de ce dossier serait appropriée.
En attente d'une réponse de votre part, je vous prie de recevoir, Monsieur le Ministre, mes salutations les plus distinguées.
Le président,
Jean Thiffault
c.c.: | Madame Diane Lamarre, présidente, Ordre des pharmaciens du Québec Dr Charles Bernard, président, Collège des médecins du Québec Monsieur Bertrand St-Arnaud, Ministre de la justice |
SOURCE : Association québécoise des pharmaciens propriétaires
Guillaume Bérubé
514-282-4719
Twitter : @VotrePharmacien
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