Nouvelles statistiques montrent que les jeunes sont les grands perdants de la vente libre des produits de vapotage aromatisés
MONTRÉAL, le 20 mars 2023 /CNW/ - Une coalition de groupes de santé du Québec dévoile aujourd'hui une analyse des données les plus récentes sur le vapotage tirées de la plus robuste enquête sur la santé, soit l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC -- 2021) dont l'échantillon comporte 7 350 répondants provenant du Québec. La Coalition québécoise pour le contrôle du tabac s'est procuré les données auprès de Statistique Canada et a confié leur analyse au Groupe d'Analyse, l'une des plus grandes sociétés de conseil en économie. Ces données n'ont toujours pas fait l'objet d'une publication par le gouvernement fédéral et, ce, bien qu'elles proviennent de la même enquête dont les données portant sur les cigarettes ont été publiées en juillet dernier.
« Les données sont claires. La commercialisation des cigarettes électroniques a causé plus de torts que d'avantages et ce sont les adolescents et jeunes adultes qui en sont les grands perdants, » explique Flory Doucas, porte-parole de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac (CQCT). « En fait, entre 2017 et 2021, pour chaque quatre anciens fumeurs additionnels qui vapotent, il y a cinq vapoteurs additionnels qui n'étaient pas des fumeurs. C'est pourquoi on se retrouve avec 100 810 Québécois de 12 à 24 ans qui sont des vapoteurs sans avoir été fumeurs. »
Depuis que les produits de vapotage avec nicotine ont été légalisés en tant que produits de consommation en vente libre par le fédéral en mai 2018, la proportion de non-fumeurs au Québec qui utilisent ces produits a plus que doublé. Alors que le nombre d'anciens fumeurs qui vapotent a augmenté d'environ 48 700 entre 2017 et 2021, le nombre de non-fumeurs qui vapotent a augmenté de 61 500. Dans 86 % des cas de nouveaux vapoteurs non-fumeurs, il s'agit d'un jeune ou jeune adulte de 12 à 24 ans. Au Québec, le taux de vapotage chez les 12-24 ans (13,4 %) est 3,6 fois plus élevé que chez les 25 ans (3,7 %).
« Comme pour le tabac, les jeunes constituent la meilleure relève pour l'industrie de la nicotine. Ce n'est pas pour rien que cette dernière s'oppose farouchement à toute mesure visant à réduire l'attrait des produits de vapotage auprès des jeunes, » résume Stéphane Boudreau, directeur général adjoint, Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ).
« Les données sont claires. L'explosion du vapotage chez les jeunes est un enjeu qui nous inquiète grandement et il faut que le gouvernement mette en place les mesures présentes dans le rapport du directeur de la santé publique, dont l'interdiction des saveurs, afin de protéger nos adolescents de la dépendance à la nicotine, » précise David Raynaud, gestionnaire, Défense de l'intérêt public à la Société canadienne du cancer.
« Pour neuf jeunes sur dix, les saveurs sont une raison importante pour laquelle ils ont commencé à vapoter et pourquoi ils continuent de le faire. Les saveurs de fruits, de menthe et de menthol sont particulièrement populaires auprès des jeunes. L'imposition d'une interdiction complète des arômes devrait donc être mise en place rapidement pour assurer la sécurité des jeunes et aider à préserver leur santé », affirme Kevin Bilodeau, directeur, Relations gouvernementales, Québec, à Cœur + AVC (Cœur+AVC).
« Ces nouvelles données viennent confirmer que les dégâts liés au manque d'encadrement de la vapoteuse sont malheureusement installés et alarmants. Le flou sur la réglementation profite à l'industrie qui exploite les ambiguïtés et les contradictions de la réglementation. En quelques années, elle a installé de nouveaux marchés de personnes dépendantes à la nicotine, dont celui des jeunes. De quelle réduction des méfaits parle-t-on quand des jeunes qui n'auraient jamais touché la cigarette se mettent à vapoter ? Il est urgent d'agir pour renverser l'histoire comme nous l'avons fait par le passé avec le tabac. Nous devons débanaliser la vapoteuse auprès des jeunes. Cela passe nécessairement par l'interdiction des saveurs y compris la menthe et le menthol, » dit Annie Papageorgiou, directrice générale du Conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS).
Par ailleurs, chez les 12 à 24 ans, 9 vapoteurs sur 10 voient leurs risques pour la santé augmenter en raison du vapotage -- soit parce qu'ils n'étaient pas déjà des fumeurs (exposés aux risques associés au tabagisme) ou parce qu'ils continuent de fumer (le vapotage les expose à des risques différents qui s'ajoutent à ceux du tabagisme). Rappelons que selon des données publiées par l'INSPQ, 33 % des adolescents et 39 % des jeunes adultes ayant vapoté au cours des 30 derniers jours en 2020 le faisaient quotidiennement.
« Le vapotage cause une gamme de dommages pour la santé, mais surtout pour les jeunes. La nicotine a des impacts négatifs sur le cerveau en développement et augmente les risques de dépendance à d'autres substances ; les aérosols contiennent des substances cancérigènes, sont corrélés à l'asthme et altèrent le système vasculaire. Et on ne connaît pas encore les effets sur la santé à long terme, » explique le docteur Nicholas Chadi, pédiatre et clinicien-chercheur spécialisé en toxicomanie et en médecine de l'adolescence. « Les saveurs constituent une des principales raisons pour lesquelles les jeunes vapotent. Les interdire serait une mesure particulièrement efficace pour diminuer l'attrait des produits de vapotage chez les enfants et les adolescents. »
« Nous sommes inquiets pour nos enfants qui sont dépendants à la nicotine. C'est préoccupant qu'autant de jeunes qui n'avaient jamais consommé de tabac auparavant se mettent à vapoter et s'exposent aux risques pour leur santé et leur bien-être, » observe Kévin Roy, président de la Fédération des comités de parents du Québec. « Il faut que les autorités gouvernementales agissent pour renverser la tendance. La première chose à faire est d'interdire les saveurs alléchantes. Les campagnes de sensibilisation et les efforts que font les parents et les écoles pour protéger nos jeunes ne peuvent pas faire compétition avec l'attrait des cigarettes électroniques aromatisées. »
Exemptés de l'homologation
En effet, « il est temps que les gouvernements cessent de sacrifier la santé de nos jeunes pour le compte d'une industrie à but lucratif qui refuse de faire homologuer ses produits, comme le font toutes les autres entreprises qui vendent des produits nicotiniques, hormis les cigarettes. Au minimum, les liquides aromatisés aux fruits et à la menthe devraient être réservés aux produits homologués, » commente Dominique Massie, directrice générale de l'Association pulmonaire du Québec.
« Les produits de vapotage nicotiniques aux saveurs amusantes et alléchantes n'auraient jamais dû être exemptés du processus normal d'homologation de Santé Canada, processus auquel sont soumises toutes les pharmacothérapies pour la cessation tabagique. L'homologation aurait forcé l'industrie à miser sur le développement de produits efficaces et sécuritaires qui viseraient uniquement les fumeurs adultes souhaitant arrêter. Les produits homologués pourraient même comporter des saveurs, comme d'autres thérapies de remplacement de la nicotine. Or, l'encadrement actuel prôné par Santé Canada n'incite aucunement l'industrie à prendre la voie de l'homologation. Pourquoi devraient-ils veiller à soumettre l'ensemble de leurs produits et dispositifs au processus de validation en matière d'efficacité et de sécurité alors qu'ils peuvent les vendre aux saveurs de fruits dans les dépanneurs et boutiques, ce qui ouvre la porte au marché des jeunes qui s'en procurent aisément dans les vapoteries et dans les dépanneurs de la province, » ajoute la porte-parole de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac.
En somme, « contrairement à ce qu'avancent l'industrie du vapotage et les mouvements qu'elle finance, ces données démontrent clairement qu'il y a beaucoup trop de dommages collatéraux qui résultent du contexte actuel de la commercialisation des cigarettes électroniques, » conclut madame Doucas.
Voir Annexe A : Constats tirés de l'analyse du Groupe d'Analyse en lien avec l'ESCC
Voir Annexe B : Réponses aux arguments véhiculées par l'industrie
Entrevues :
Mme Flory Doucas, CQCT, Codirectrice et porte-parole : 514-515-6780 ;
M. David Raynaud, SCC, Gestionnaire, Défense de l'intérêt public : 438-764-8390 ;
Mme Maryse Bégin, Cœur + AVC, Gestionnaire régionale, Communications, Québec : 514 669-6297, [email protected] ;
Mme Stéphanie Rochon, FCPQ, Directrice des communications: 581-985-7137, [email protected] ;
Mme Maude Riout, APQ, Coordonnatrice aux communications 514-287-7400 poste 239
SOURCE Coalition québécoise pour le contrôle du tabac
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