Patients et médecins soulèvent des inquiétudes par rapport à la politique de la Colombie-Britannique visant à substituer des médicaments biologiques par des biosimilaires pour des raisons non médicales English
ARLINGTON, Virginie, 7 juin 2019 /CNW/ - Le 27 mai, le gouvernement de la Colombie-Britannique (C.-B.) a annoncé une politique qui obligera des milliers de patients atteints de maladies chroniques graves à abandonner leurs médicaments biologiques actuels au profit de traitements « biosimilaires » moins coûteux, et ce, à compter du 25 novembre 2019. Parmi les quelque 23 000 patients qui seront touchés, mentionnons ceux qui souffrent d'arthrite rhumatoïde, de psoriasis en plaques, d'arthrite psoriasique, de diabète, de la maladie de Crohn et de colite ulcéreuse. Selon l'Alliance for Safe Biologic Medicines (ASBM), une organisation internationale de défenseurs des droits des patients, de médecins et de fabricants de biosimilaires et de produits d'origine, cette annonce soulève des inquiétudes chez les patients et les médecins. L'ASBM, qui compte 16 membres canadiens, est membre du groupe de travail canadien sur les biosimilaires, a organisé et participé à une série de réunions avec Santé Canada et les ministères provinciaux de la Santé portant sur la question des biosimilaires et a mené en 2017 un sondage auprès de 403 prescripteurs canadiens de produits biologiques sur cette question.
Les biosimilaires sont très semblables aux médicaments biologiques d'origine, mais ils ne sont pas identiques; par conséquent, ils ne sont pas considérés comme des médicaments « génériques » ou comme étant appropriés pour se substituer à un produit d'origine sans l'intervention d'un professionnel de la santé prescripteur.
Les gouvernements qui cherchent à contrôler les coûts en santé et à améliorer l'accès aux traitements biologiques peuvent se tourner vers les biosimilaires. Toutefois, l'annonce faite par le gouvernement de la C.-B. est un exemple de « substitution non médicale » au sens où la substitution est faite en raison de changements de politique ou elle est motivée par ceux-ci plutôt que d'être faite dans l'intérêt médical du patient. Cette pratique controversée est souvent qualifiée par euphémisme de « transition » par ses promoteurs. Bien que les biosimilaires soient des produits sûrs et efficaces en soi, aucune étude n'est exigée pour démontrer leurs effets sur la sécurité du patient et l'efficacité du passage d'un patient d'un produit d'origine à un biosimilaire. Les médecins canadiens ont exprimé de sérieuses inquiétudes à l'égard du fait que de tierces parties forcent les patients à substituer leurs médicaments pour des biosimilaires pour des raisons non médicales alors que ces patients sont stables et que leurs médicaments actuels sont efficaces. En fait, une telle substitution a pour effet de bafouer l'autorité du médecin en matière de prescription de traitement.
Selon un sondage mené auprès de prescripteurs canadiens en 2017 :
- 64 % n'étaient pas à l'aise à l'idée qu'une tierce partie substitue le médicament biologique d'un patient pour des raisons non médicales (p. ex. les coûts);
- 83 % considéraient qu'il est « très important » ou « crucial » que les médecins prescripteurs choisissent le produit biologique le plus approprié pour leurs patients;
- 79 % considéraient qu'il est « très important » ou « crucial » d'avoir le pouvoir d'indiquer sur une ordonnance de médicament biologique « Dispenser comme indiqué » ou « Ne pas substituer »;
- 82 % des médecins étaient en faveur d'études sur la substitution avant qu'une tierce partie puisse automatiquement substituer un biosimilaire à un médicament biologique.
Santé Canada recommande que la décision de substituer les médicaments d'un patient pour un biosimilaire « devrait être prise par le médecin traitant en consultation avec le patient et en tenant compte des données cliniques disponibles et des politiques de l'autorité compétente ».
« Les gouvernements qui cherchent à améliorer l'accès aux soins de santé et à réduire les coûts en matière de santé, comme celui de la C.-B., devraient considérer les inquiétudes légitimes des professionnels de la santé et des patients comme une occasion d'éduquer la population ainsi que d'accroître le nombre de choix et favoriser la concurrence, comme cela a été le cas dans d'autres pays », a déclaré Michael Reilly, directeur général de l'ASBM.
Le gouvernement de la C.-B. a profité de l'occasion pour annoncer qu'il commencerait à couvrir deux nouveaux médicaments biologiques, tous deux déjà couverts dans les provinces voisines. « L'accès à de nouveaux médicaments biologiques est louable et approprié, mais il n'est pas acceptable de lier l'accès aux médicaments à la substitution forcée et de limiter les choix de traitement pour les médecins », a ajouté M. Reilly. « Comme de nombreux pays l'ont montré, il existe d'autres moyens de faire passer les patients en premier et de réaliser des économies sans restreindre le choix de médicaments. En Europe, par exemple, la grande majorité des pays n'obligent pas les patients bien traités à changer de produit biologique, alors qu'ils ont un marché de biosimilaires robuste et en pleine évolution. À la lumière des inquiétudes des médecins, des pharmaciens et des patients, en l'absence de tout avantage médical et d'autres moyens de contrôler les coûts, nous nous joignons aux patients, aux médecins et aux pharmaciens pour nous opposer à cette approche et réclamer un réexamen », conclut M. Reilly.
Personne-ressource : [email protected]
SOURCE Alliance for Safe Biologic Medicines
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