Pensez autrement! - LETTRE D'OPINION - Dr Hugo Viens, président de l'Association médicale du Québec (AMQ) English
MONTRÉAL, le 27 sept. 2018 /CNW Telbec/ - Depuis le début de la campagne électorale, les sondages se suivent et se ressemblent : la santé est le sujet qui intéresse le plus les électeurs. Alors pourquoi, le débat ne lève-t-il pas ? Pourquoi les citoyens se contentent-ils de promesses qui ne changeront rien ?
Annoncer la construction d'un hôpital ou la rénovation d'un autre, c'est encore se baser sur un système hospitalocentré. Des super cliniques, en veux-tu, en voilà : très bien. Mais tant qu'elles n'auront pas une approche et un financement attaché à une prise en charge populationnelle, elles n'amélioreront pas la santé des Québécois. Rétablir la gratuité de la procréation assistée ? Climatiser tous les établissements de santé ? Transformer les CHLSD en maison des aînés ? Peut-être de bonnes idées. Mais est-ce une priorité par rapport à la couverture des soins dentaires jusqu'à 18 ans ou le remboursement des visites chez le psychologue ? Et l'on pourrait continuer sur des pages et des pages.
Ces promesses veulent répondre à de vraies problématiques, mais ne s'attaquent jamais à leur cause : un système dans lequel on n'arrive plus à innover et où les projets pilotes se succèdent sans jamais prendre leur essor que ce soit faute de financement récurrent ou d'une implantation à la grandeur du Québec. Résultat, les médecins ont beau faire de la médecine de haute voltige et les équipes médicales donner d'excellents soins, le patient se retrouve trop souvent comme une bille dans une machine à boules soumis à une trajectoire de soins aléatoire où personne ne coordonne son épisode de soin.
Pourtant, je vois tous les jours des médecins qui innovent. Dans notre quotidien, nous rencontrons de plus en plus d'exemples de nouvelles pratiques comme des cliniques virtuelles ou des téléconsultations.
Un système de santé basé sur nos besoins
Il existe aussi des modèles sur lesquels s'appuyer pour donner les soins autrement. La littérature scientifique vante par exemple des systèmes comme le Kaiser Permanente, un consortium américain de soins intégrés qui dessert une population de plus de 11 millions de personnes. Il est considéré comme un des meilleurs en matière de qualité et de sécurité des soins aux États-Unis, en plus d'être l'un des plus performants. Les organismes d'évaluation internationaux le présentent aussi comme un des meilleurs systèmes de santé.
Dans un modèle de ce type, le réseau public serait capable de s'associer avec des groupes médicaux et d'autres partenaires pour leur attribuer le financement nécessaire à la prise en charge de la population d'un territoire donné et la couverture des soins pourrait continuer d'être financée par l'État. Le Québec y gagnerait un système basé sur une approche populationnelle, où l'on met l'accent sur la promotion de la santé et la prévention des maladies. Les professionnels de la santé, constitués en équipe de soins, auraient une responsabilité collective des résultats et de la trajectoire de soins et services des patients. Ces derniers, comme leurs proches et la communauté seraient enfin incités à se responsabiliser face à leur santé. Ce sont en effet les principes directeurs qui encadrent les actions cliniques et de gestion du modèle Kaiser.
Si nous voulons avancer, il est temps de nous ouvrir à de nouveaux partenaires en santé, d'imaginer de nouvelles structures dans lesquelles tout le monde pourra travailler ensemble et où les trajectoires de soin ne seront plus interrompues. Bref, une vision de la santé. Peut-on rêver à un projet de société en santé pour le Québec ?
Dr Hugo Viens, B. Sc., M. D., FRCSC
Président de l'Association médicale du Québec
Liens Connexes
http://www.amq.ca/fr
SOURCE Association médicale du Québec
Fabienne Papin, coordonnatrice aux communications, Téléphone : 514 866-0660, Cellulaire des communications : 514 567-1501, Courriel : [email protected]
Partager cet article