Pénurie de main-d'œuvre et perturbations dans les chaines d'approvisionnement : peu de mesures qui ont de l'impact pour appuyer les manufacturiers - Budget du Québec 2022-2023
MONTRÉAL, le 22 mars 2022 /CNW Telbec/ - À la suite du dévoilement du budget 2022-2023 du gouvernement du Québec par le ministre des Finances, Eric Girard, Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) déplore le fait que les mesures annoncées auront peu d'impact sur l'industrie manufacturière qui est durement affectée par la pénurie de main-d'œuvre et les perturbations dans les chaînes d'approvisionnement.
« Les manufacturiers oeuvrent actuellement dans un contexte inédit d'inflation galopante, de pénurie de main-d'œuvre et de perturbations dans les chaînes d'approvisionnement. Ces facteurs représentent des freins importants à la croissance des manufacturiers et, par conséquent, à celle de l'économie du Québec. Les manufacturiers représentent 13,5 % du PIB. C'est le premier secteur en importance relativement à sa contribution au PIB. Nous déplorons le fait qu'aucune mesure phare ne vienne appuyer les manufacturiers afin qu'ils puissent augmenter leur compétitivité dans ce contexte très particulier », affirme Véronique Proulx, présidente-directrice générale de MEQ.
« Les mesures annoncées, conjuguées à celles de la mise à jour économique, n'atténuent pas la pénurie de main-d'œuvre dans le secteur manufacturier. Le nombre de postes vacants continue de progresser et a atteint un niveau record de 31 565 au quatrième trimestre de 2021 et les pertes économiques liées à la pénurie de main-d'œuvre se chiffrent à plus de 18 milliards de dollars au cours des deux dernières années. Cela démontre que les mesures en place ont peu d'impact sur les manufacturiers », précise Mme Proulx.
- Accélérer le traitement des demandes d'immigration
MEQ salue les investissements de 11,9 M sur cinq ans pour réduire les délais de traitement. Toutefois, l'augmentation du nombre d'effectifs n'entraînera pas nécessairement une diminution des délais. MEQ demande au ministère de l'Immigration (MIFI) de se commettre sur une réduction des délais afin qu'ils soient comparables à ceux de l'Ontario.
De plus, l'Association souligne que le gouvernement doit hausser les seuils d'immigration afin de permettre aux manufacturiers d'avoir accès aux travailleurs dont ils ont besoin, afin qu'ils puissent contribution à la création de richesse au Québec. D'ailleurs, dans le cadre d'un récent sondage réalisé par l'Association, 68 % des répondants considéraient que l'augmentation des seuils d'immigration et l'augmentation des travailleurs étrangers temporaires étaient la meilleure mesure à prendre pour résoudre les problèmes de chaîne d'approvisionnement.
- Favoriser l'intégration des personnes immigrantes en région
MEQ avait demandé que des incitatifs financiers de 10 000 $ par année sur deux ans soient mis en place afin de favoriser l'installation durable des travailleurs en région. L'Association avait également proposé d'allouer davantage de ressources au MIFI et au MTESS afin qu'ils accompagnent les employeurs qui doivent intégrer ces travailleurs.
Aucune mesure n'a été annoncée afin de favoriser la régionalisation des travailleurs immigrants.
- Accroître l'appui pour l'apprentissage du français
Les investissements de 198,3 milliards $ sont bien accueillis pour favoriser la francisation, particulièrement afin de rendre l'offre de services plus flexible. Ceci faisait partie des demandes de l'Association lors des consultations prébudgétaires.
- Construire environ 1 000 unités additionnelles du Programme d'habitation abordable Québec
Dans le contexte où le Québec et les manufacturiers accueilleront davantage de travailleurs étrangers temporaires et sachant que l'Union des Municipalités du Québec (UMQ) évaluait le besoin à 13 400 unités abordables, l'Association déplore que les manufacturiers en région soient pris avec des enjeux liés à des capacités logistiques.
« Les PME manufacturières tardent à prendre le virage numérique. Elles manquent de ressources et d'expertises. Plutôt que de poursuivre le virage numérique, on devrait plutôt chercher à l'accélérer auprès des PME, notamment en offrant des subventions pour dérisquer l'opération. Soyons plus ambitieux pour nos PME manufacturières », affirme Mme Proulx.
- Poursuivre l'offensive de transformation numérique
La bonification de l'enveloppe pour l'offensive de transformation numérique de 60 M de dollars sur deux ans est une bonne initiative qui porte fruit.
MEQ avait toutefois demandé de bonifier le Programme PME en action - Volet appui à la productivité - afin de hausser la contribution non remboursable à 100 000 $ et d'y inclure l'achat d'équipements et technologies, et ce, pour inciter les PME manufacturières à prendre le virage 4.0.
- Accélérer l'acquisition des nouvelles technologies par les entreprises
Afin d'inciter les manufacturiers à investir en automatisation et en robotisation et à augmenter le niveau de numérisation de leur entreprise, MEQ avait demandé au gouvernement de bonifier le C3I lors du dernier exercice budgétaire. La prolongation de la bonification des taux temporaires du C3i pour un an est une excellente nouvelle pour les manufacturiers québécois.
Rappelons que, pour le secteur de la fabrication au Québec, on constate que les investissements en équipements et en machineries ont augmenté de 46,5 % entre 2015 et 2019. Ils ont diminué de 15 % entre 2019 et 2020, notamment en raison de la pandémie. Néanmoins, le Canada tire de l'arrière par rapport aux pays de l'OCDE concernant les investissements non résidentiels des entreprises.
« Les crédits d'impôt à la recherche et développement représentent un facteur déterminant pour plusieurs entreprises internationales afin de choisir leur site pour faire la R&D. Nous demandons au gouvernement depuis plusieurs années de rehausser les taux afin d'être compétitifs avec plusieurs pays étrangers, et ce, afin de maintenir le niveau de recherche et développement qui se fait au Québec », est d'avis Mme Proulx.
- Stratégie québécoise de recherche et d'innovation (SQRI)- 1,3 milliards
L'Association suivra de près les détails de l'annonce de la SQRI. Les sommes annoncées doivent permettre d'accroître la recherche et l'innovation auprès des manufacturiers québécois.
- Appuyer la mise en valeur des minéraux critiques et stratégiques et l'innovation dans le secteur minier
La bonification de 22,5 M$ à ce secteur d'avenir est bien accueillie par MEQ. Elle permettra d'accélérer le développement de cette filière stratégique.
MEQ représente 1 100 manufacturiers à travers le Québec. Le secteur manufacturier québécois emploie plus de 473 000 personnes et représente 13,5 % du PIB ainsi que 86,5 % des exportations. Il a généré des ventes globales de près de 153 milliards de dollars en 2020.
SOURCE Manufacturiers et Exportateurs du Québec
Marie-Ève Labranche, 514 570-5469, [email protected]
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