L'interaction entre les flavivirus et les mitochondries sont sous la loupe dans l'espoir d'identifier de nouvelles voies thérapeutiques.
MONTRÉAL et LAVAL, QC, le 7 avril 2022 /CNW Telbec/ - Aucun traitement ou vaccin n'est efficace contre les virus du Nil occidental, de la dengue ou Zika. Ces infections causées par ces flavivirus qui sont transmis par des piqûres d'insectes constituent donc un problème de santé publique majeur dans le monde. Comprendre leur stratégie d'infection donnerait aux scientifiques les armes nécessaires pour combattre cette menace. Le professeur Laurent Chatel-Chaix, de l'Institut national de la recherche scientifique (INRS), vient de recevoir une subvention de 700 000 $ des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) pour percer ce mystère.
« Des variations dans la démographie des insectes, dues entre autres aux changements climatiques, entraînent la circulation de flavivirus dont on ignore l'existence. Il y a donc un besoin urgent d'identifier de nouvelles cibles et thérapies antivirales. Le tout passe par une meilleure compréhension au niveau moléculaire », lance le professeur Chatel-Chaix, qui étudie les flavivirus depuis près de 10 ans.
Au Canada, le virus du Nil occidental est endémique et peut causer une encéphalite grave qui peut s'avérer mortelle. En 2018, le Québec a d'ailleurs connu un nombre record de cas d'infections au virus du Nil avec 201 cas et 15 décès répertoriés par le ministère de la Santé et des Services sociaux. Le virus de la dengue, lui, cause la maladie virale transmise par les insectes la plus répandue au monde. L'infection par le virus Zika in utero peut entraîner de graves anomalies neurodéveloppementales chez les nouveau-nés, y compris une microcéphalie congénitale.
Déchiffrer la stratégie virale pour mieux soigner
Le chercheur, spécialisé en virologie moléculaire, s'intéresse plus particulièrement à ce qui se passe à l'intérieur de la cellule infectée. Il tente de comprendre comment ce genre de virus parasite les organites de la cellule à son avantage.
« Lorsque le flavivirus entre dans la cellule pour se répliquer, il remodèle plusieurs compartiments cellulaires et va même jusqu'à reprogrammer les mitochondries à ses propres fins. Or, ces dernières servent d'usines de production d'énergie. C'est un peu comme si un voleur entrait dans votre maison, désactivait tous les systèmes d'alarme, réarrangeait votre mobilier et vidait votre frigo », explique le professeur Chatel-Chaix.
Cette stratégie permet au virus de gagner du temps avant que la cellule ne se rende compte de son infiltration. Déchiffrer ce processus de détournement des ressources intracellulaires permettrait éventuellement de trouver des cibles thérapeutiques avec un large spectre.
L'équipe du professeur Chatel-Chaix travaille d'ailleurs sur la protéine NS4B présente chez les flavivirus. « Cette protéine joue un rôle critique dans la réplication du génome du virus dans la cellule, mais aussi dans les processus de modification impliquant la mitochondrie. Réussir à mieux comprendre comment la protéine favorise la réplication virale permettra de comprendre comment fonctionnent les médicaments qui ciblent NS4B et qui sont actuellement en essais cliniques », rapporte le chercheur.
Déchiffrer les mécanismes moléculaires qui régulent le fonctionnement de ces usines virales, que ce soit pour le virus Zika, le virus de la dengue ou celui du Nil occidental, pourrait aider les scientifiques comme le professeur Chatel-Chaix à identifier de nouvelles stratégies thérapeutiques pour réduire le risque d'infection chez les personnes touchées par ces maladies infectieuses au Canada et ailleurs.
À propos de l'INRS
L'INRS est un établissement universitaire dédié exclusivement à la recherche et à la formation aux cycles supérieurs. Depuis sa création en 1969, il contribue activement au développement économique, social et culturel du Québec. L'INRS est 1er au Québec en intensité de recherche. Il est composé de quatre centres de recherche et de formation interdisciplinaires, situés à Québec, à Montréal, à Laval et à Varennes, qui concentrent leurs activités dans des secteurs stratégiques : Eau Terre Environnement, Énergie Matériaux Télécommunications, Urbanisation Culture Société et Armand-Frappier Santé Biotechnologie. Sa communauté compte plus de 1 500 membres étudiants, stagiaires postdoctoraux, membres du corps professoral et membres du personnel.
SOURCE Institut National de la recherche scientifique (INRS)
Audrey-Maude Vézina, Service des communications et des affaires publiques de l'INRS, 418 254-2156, [email protected]
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