Pesticides - Le ministre doit mettre fin à un système de gouvernance incestueux
QUÉBEC, le 29 avril 2021 /CNW Telbec/ - Le député de Bonaventure et porte-parole du Parti Québécois en matière d'agriculture et d'alimentation, Sylvain Roy, lance un défi au gouvernement : revoir en profondeur la gouvernance des organismes qui ont des intérêts relatifs à la gestion des pesticides.
EN BREF
- Malgré l'engagement du gouvernement, le ministère de l'Agriculture demeure noyauté par l'industrie des pesticides, des groupes d'intérêt et des corporations.
- Les lobbys empêchent le transfert des connaissances scientifiques, au détriment des agriculteurs, de la santé publique et de l'environnement.
- Toute la gouvernance de ce système doit être revue en profondeur, et de toute urgence.
Lors de l'étude des crédits budgétaires du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ), Sylvain Roy a fait la démonstration que le changement de culture promis par le ministre André Lamontagne, à l'issue de la commission spéciale sur l'utilisation des pesticides, est freiné par un enchevêtrement d'intérêts corporatistes.
« Prenons l'exemple des insecticides - les néonicotinoïdes - appliqués sur les semences. Comme l'a résumé l'agronome Louis Robert dans un mémoire, de nombreuses recherches internationales ont prouvé non seulement leur toxicité et leur nocivité, mais également qu'ils étaient pratiquement sans effet sur la performance agronomique des cultures. Les chercheurs du CÉROM, un centre de recherche public sur les grains situé à Beloeil, sont arrivés aux mêmes conclusions en tenant compte des conditions de culture québécoises. Mais voilà : lorsque les professionnels du MAPAQ ont tenté de relayer cette information aux groupes de producteurs et d'agronomes offrant des services et des conseils aux entreprises, ils se sont butés au mur des lobbys », a expliqué le député.
Ajoutons à cela des cas flagrants de conflits d'intérêts. « Croyez-le ou non, certains membres du conseil d'administration du CÉROM sont des représentants de sociétés commerciales impliquées dans la vente de pesticides. L'un de ses anciens vice-présidents, Christian Overbeek, a même déjà tenté de cacher puis de discréditer les résultats des recherches pour obtenir davantage de financement! C'est du délire », a poursuivi le porte-parole du Parti Québécois.
Depuis le dépôt du rapport contenant les recommandations de la commission sur les pesticides, des changements ont été apportés. N'empêche, trois représentants du lobby des Producteurs de grains, présidé par M. Overbeek, siègent toujours au conseil d'administration du CÉROM. Autre effet de l'enchevêtrement des intérêts, La Financière agricole, dirigée par un ancien haut placé de Sollio (auparavant La Coop fédérée), continue d'exiger l'utilisation de semences enrobées aux néonicotinoïdes à qui veut bénéficier de l'assurance récolte, bien que ce soit inutile pour les agriculteurs, toxique pour le public et nocif pour l'environnement. De toute évidence, les changements promis par le ministre ont été trop timides pour avoir un réel effet.
« Tout l'écosystème consultatif et décisionnel est inféodé à l'industrie, laquelle assure même une présence intimidante au sein d'entités à caractère scientifique. Le gouvernement doit réformer la gouvernance et placer sur l'échiquier de vrais acteurs de changement », a conclu Sylvain Roy.
SOURCE Aile parlementaire du Parti Québécois
SOURCE : Laura Chouinard-Thuly, Attachée de presse, Aile parlementaire du Parti Québécois, 514 880-9594, [email protected]
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