PL83 : une approche coercitive qui détourne l'attention des véritables enjeux du système de santé québécois
MONTRÉAL, le 6 févr. 2025 /CNW/ - À l'occasion de l'examen du projet de loi n° 83 (Projet de loi), la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) a présenté ses recommandations à la Commission de la santé et des services sociaux.
Bien que la FMSQ souscrive entièrement à l'objectif de favoriser l'exercice de la médecine au sein du réseau public de la santé et d'améliorer l'accessibilité aux soins, elle juge que le Projet de loi n'est pas solution appropriée pour arriver à cette fin.
Celui-ci n'est malheureusement pas le fruit d'une réflexion approfondie de consultations en bonne et due forme qui lui aurait permis d'en arriver à des solutions susceptibles de réellement augmenter l'efficacité du réseau, de le rendre plus attrayant et d'en faire l'employeur de choix promis. Au contraire, il occulte les véritables problèmes qui affligent notre système de santé.
Pour un réseau de santé public universel fort et accessible
Avant toute chose, il importe de rappeler un point fondamental inscrit au cœur même de la mission de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) : cette dernière représente les médecins spécialistes œuvrant dans le réseau public de santé et défend un système de santé public fort, universel et accessible. Les médecins spécialistes sont les premiers à vouloir améliorer l'efficacité et l'accessibilité du réseau de la santé. Les quelque cinq millions de patients soignés à travers plus de 30 millions de consultations médicales par année représentent bien l'engagement indéfectible des médecins spécialistes envers leurs patients.
Un projet de loi qui ne s'attaque pas aux vrais problèmes
Le projet de loi 83 omet de répondre aux véritables enjeux qui affligent notre système de santé. Ceux-ci résident dans le manque criant de ressources humaines, d'équipements et de plateaux techniques, qui freine la capacité des médecins spécialistes à prodiguer des soins à la hauteur de leur expertise et des besoins de la population et en pousse une minorité vers le privé.
« C'est tout de même particulier de penser que la grande solution du ministère de la Santé pour régler les enjeux du système est de contraindre les jeunes médecins à travailler au public sans que le soutien, les infrastructures, le personnel soignant et les plateaux techniques suivent. Si, par exemple, les salles d'opération dans les hôpitaux ne fonctionnent pas à plein régime, ce n'est pas par manque de chirurgiens et d'anesthésistes ou par manque de volonté de leurs parts. En tenant compte des chiffres que le MSSS a lui-même déposés, le gouvernement essaie de tuer une mouche avec un bazooka. » - Dr Vincent Oliva, président de la FMSQ
Alors même que le réseau public fait face à des coupes budgétaires commandées par le gouvernement dans un contexte de pénurie critique de ressource, Québec choisit encore une fois la coercition au détriment de la collaboration. Une stratégie qui s'avère toujours contre-productive.
Des fondements questionnables pour des moyens inéquitables et démesurés
Les fondements du Projet de loi reposent sur des calculs du coût de formation des médecins qui incluent vraisemblablement les salaires des résidents, alors que ceux-ci sont versés en échange de soins et services rendus à la population.
Uniques au Canada, les sanctions prévues sont parmi les plus sévères imposées aux médecins et risquent d'accélérer le départ de médecins. Les autres provinces misent plutôt sur des incitatifs financiers et des bourses en échange d'une obligation de service pour attirer des étudiants. Plutôt que de les pénaliser, le gouvernement devrait leur offrir des conditions de pratique leur permettant d'exercer pleinement leur métier au bénéfice de leurs patients.
« L'approche du gouvernement est non seulement inéquitable, mais elle ignore le fait qu'une prise en charge efficace ne repose pas uniquement sur les médecins spécialistes, mais également sur une étroite collaboration avec les autres professionnels de la santé. Ceux-ci ne sont pourtant pas insensibles aux avantages offerts au privé, l'actualité nous le rappelle fréquemment. Face à ce portrait et sans régler les problèmes de fond, menacer la génération montante de médecins avec des pénalités financières exorbitantes n'améliorera pas la situation.» Dr Vincent Oliva, président de la FMSQ
Un obstacle à la réputation et à l'attractivité du Québec
Le Projet de loi constitue une menace pour l'expertise et le rayonnement de la médecine québécoise à l'échelle internationale. Dans sa forme actuelle, il empêcherait un médecin de poursuivre une surspécialisation (fellowship) après leur résidence, limitant ainsi considérablement leurs opportunités de perfectionnement et de rayonnement académique. En se formant à l'étranger, ils enrichissent leur expertise tout en faisant briller la qualité de leur formation et leur excellence médicale, contribuant à attirer des talents internationaux au Québec.
À l'heure actuelle, de nombreux étudiants et résidents provenant d'autres provinces canadiennes et de l'étranger viennent se former au Québec, tandis que de futurs médecins québécois poursuivent leur formation ailleurs. À cet effet, le solde migratoire des médecins spécialistes, incluant les migrations internationales et interprovinciales, est demeuré positif depuis 2019.
À propos de la FMSQ
La Fédération regroupe 36 associations médicales affiliées et 59 spécialités médicales représentant près de 11 000 médecins spécialistes québécois de toutes les disciplines médicales, chirurgicales, d'imagerie et de laboratoire. Sa mission consiste à défendre et soutenir les médecins spécialistes de ses associations affiliées œuvrant dans le système public de santé, tout en favorisant des soins et des services de qualité pour la population québécoise.
SOURCE Fédération des médecins spécialistes du Québec
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Source : Direction des Affaires publiques et des Communications, Fédération des médecins spécialistes du Québec, Ligne média : 514 350-5160 / [email protected]
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