MONTRÉAL, le 27 oct. 2023 /CNW/ - Le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, a dévoilé ce matin, en conférence de presse, la teneur de son nouveau Plan de prévention de la violence et de l'intimidation. La Fédération autonome de l'enseignement (FAE) salue la volonté du ministre de s'attaquer à la violence et à l'intimidation dans les établissements scolaires. Toutefois, il est impensable d'en ajouter davantage sur les épaules des enseignantes et enseignants qui vivent déjà avec une trop grande pression pour compenser le manque de ressources.
Le Plan du ministre Drainville déçoit, car il semble vouloir faire porter la responsabilité de régler des enjeux majeurs par le personnel enseignant. Il est important de rappeler que les gestionnaires d'établissement scolaire ont un rôle primordial à jouer pour enrayer la violence, mais très peu de mesures proposées semblent s'adresser à eux. La FAE craint que le Plan ne soit encore que du contenu supplémentaire que les profs devront ajouter à leurs tâches puisqu'on semble vouloir leur imposer la responsabilité d'une nouvelle structure.
Aussi, le ministre Drainville pense régler un problème par l'application de « bonnes pratiques », en formant le personnel enseignant alors que tous les moyens sont déjà à la disposition des directions d'établissement pour se mettre en action et intervenir en cas de violence, tant entre les élèves qu'envers le personnel. En effet, nombre de structures, de rapports, d'instances et de démarches sont en place à l'heure actuelle et ont déjà le mandat de résoudre des problèmes soulevés dans le Plan du ministre Drainville : « Il existe déjà une obligation pour les écoles de se doter d'un plan de lutte contre l'intimidation et la violence, prévue à la Loi sur l'instruction publique (LIP). Malheureusement, c'est souvent un document tabletté, méconnu du personnel et sous-utilisé par la direction. Si le ministre avait pris le temps de consulter les personnes représentantes du personnel scolaire, il aurait eu un portrait réel du terrain et des solutions qui auraient pu être en meilleure adéquation avec les problèmes rencontrés », déclare Mélanie Hubert, présidente de la FAE.
Le Plan demande expressément aux directions d'établissement de documenter chaque événement de violence ou d'intimidation afin de « mieux suivre l'évolution du phénomène », avant de donner la responsabilité d'aménager, encore une fois, un changement aux contenus obligatoires enseignés du préscolaire au secondaire, avec un temps d'enseignement de sept ou neuf heures. Il est étonnant de constater que le ministre Drainville croit encore que la violence et l'intimidation dans les écoles pourront se régler avec une telle approche. Aussi, le Plan du ministre Drainville prévoit une formation obligatoire du personnel enseignant alors que ceux-ci sont déjà confrontés à des formations obligatoires dictées par leurs gestionnaires, et ce, sans réelle adéquation avec leurs besoins au quotidien. Une semaine de prévention de la violence dans les écoles ne pourra pas se substituer à des conditions de travail saines et un apport de soutien concret sur le terrain.
Selon Mme Hubert, « La violence envers le personnel scolaire et les profs est souvent banalisée. Les profs réclament qu'on prenne soin d'eux aussi, qu'on leur offre une réelle protection, du soutien concret et des interventions pertinentes pour faire cesser la violence qu'ils doivent gérer et subir au quotidien. Il faut arrêter de leur laisser entendre que leurs compétences sont en cause s'ils ont des difficultés à prévenir ou à gérer les gestes violents dans leur classe ».
La FAE rappelle que certaines des demandes formulées par la FAE dans le cadre de la négociation avec le gouvernement pourraient grandement contribuer à réduire la violence en milieu scolaire. Par exemple, revoir la composition de la classe pourrait améliorer le sentiment de bien-être et réduire les tensions entre les élèves.
La FAE regroupe neuf syndicats qui représentent plus de 65 500 enseignantes et enseignants du préscolaire, du primaire, du secondaire, de l'enseignement en milieu carcéral, de la formation professionnelle, de l'éducation des adultes et le personnel scolaire de l'École Peter Hall et du Centre académique Fournier, ainsi que 3 000 membres de l'Association de personnes retraitées de la FAE (APRFAE). Elle est présente dans les régions de Montréal, de la Capitale-Nationale, de Laval, de l'Outaouais, des Laurentides, de l'Estrie et de la Montérégie, où se situent les quatre plus grands pôles urbains du Québec.
SOURCE Fédération autonome de l'enseignement (FAE)
Annie Ferrand, [email protected] | 514 709-7763
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