Position de la Nation huronne-wendat en marge des nombreuses activités et manifestations organisées par des coalitions communautaires qui se sont formées au cours des dernières semaines au sein de plusieurs communautés innues pour dénoncer le projet de Traité moderne Petapan
Par Konrad Sioui, Grand Chef de la Nation huronne-wendat
WENDAKE, QC, le 22 mars 2016 /CNW Telbec/ - En tout premier lieu, la Nation huronne-wendat tient à féliciter nos sœurs et nos frères des autres communautés qui ont à cœur la défense de leurs droits et qui participent activement à cet important débat qui vise essentiellement à s'assurer que les meilleures décisions soient prises pour le bien-être des sept générations futures.
Concernant les multiples demandes de soutien que nous avons reçues de la part de ces coalitions populaires qui se forment au sein des différentes communautés innues, il a été décidé que la Nation huronne-wendat n'interviendra pas directement dans ce débat qui n'est pas le sien; d'être en faveur ou non d'un traité innu. Nous croyons fermement que les hommes et les femmes qui forment la grande Nation innue poseront les gestes pertinents à l'égard de leur propre développement et épanouissement collectif.
Au cours des dernières années, sous notre leadership, la Nation huronne-wendat a toujours respecté le libre choix des Innus, du moins ceux des trois communautés encore à la table (Mashteuiatsh, Essipit et Nutashkuan), de poursuivre leurs négociations avec les gouvernements en vue de signer une entente de règlement moderne tant recherchée par leurs représentants politiques. Par contre, comme nous l'avons déjà exprimé par le passé, si les membres des communautés innues souhaitent la signature d'un Traité moderne avec la Couronne, et par le fait même l'extinction ou la suspension du titre aborigène sur leur terre ancestrale en échange de promesses et de diverses compensations financières, qu'il en soit ainsi, mais la règle de la primauté du droit, si capitale dans un pays comme le Canada, exige que notre territoire ancestral, le Nionwentsïo, soit exclu de cette revendication. Notre territoire traditionnel n'est ni à vendre, ni à louer, ni à prêter. La terre-mère ne peut être vendue ni aliénée, car après la vente, viennent la taxation, l'assimilation le contrôle et la règlementation à outrance. Une telle démarche, menée bien souvent par la recherche de l'appât du gain, ne bénéficie bien souvent qu'à une poignée d'élites plus ou moins insensibles aux générations futures, aux dépens des plus nécessiteux.
En décembre 2014, dans le cadre d'une procédure intentée par la Nation huronne-wendat pour défendre son intégrité territoriale, la Cour fédérale du Canada reconnaissait que la Couronne fédérale, le fiduciaire, avait contrevenu à son honneur en signant l'entente de principe (EPOG) avec les trois communautés innues, un rappel que trop souvent dans l'histoire canadienne les gouvernements se sont servis de nos propres frères et sœurs pour diviser et mieux régner. Force est d'admettre que si la Couronne a contrevenu à son honneur face à la Nation huronne-wendat, rien ne peut garantir aux autres Nations autochtones, incluant les Innus, qu'elle ne leur fera pas subir le même sort. Gardons toujours à l'esprit que c'est ce même gouvernement, notre fiduciaire, qui négocie actuellement les termes d'un traité innu avec trois communautés sur les neuf, ce même fiduciaire qui pourtant coupe drastiquement, et ce, depuis toujours, dans nos soins de santé, dans notre système d'éducation, dans nos efforts contre la lutte à la dépendance sous toutes ses formes, contre la pauvreté extrême et le suicide. Est-ce que la parole du fiduciaire est digne de confiance? Après une carrière consacrée à la défense de nos droits et gagné des batailles qui bénéficient aujourd'hui à l'ensemble de nos Premières Nations, je considère qu'il est un fait reconnu, qu'au Canada, ce ne sont pas les parties politiques ou les gouvernements fédéral et provincial qui ont fait avancer la cause autochtone, mais plutôt le recours aux différentes cours de justice, particulièrement la Cour suprême du Canada.
Devant les promesses de ces gouvernements, je suis encore de cette école de pensée qui dit que nous devons prôner la vigilance, que nous devons apprendre à nous entourer des meilleures ressources, que nous devons écouter et faire de la place à notre jeunesse qui est aujourd'hui beaucoup plus formée et outillée que nous l'étions à l'époque, et surtout, travailler ensemble, développer des stratégies unificatrices, être visionnaires et perspicaces, protéger nos acquis durement gagnés et aller en gagner d'autres. Puisque la défense de nos droits et de nos territoires est au centre de nos valeurs, nous devons faire de nous-même les plus grands défenseurs de l'environnement, de ses ressources naturelles, de la faune et de la flore. Au cœur de cette unité renouvelée, par nos actions et nos prises de positions, nous formerons des alliances et nous amènerons nos voisins québécois et canadiens à nous suivre dans nos démarches et plus nombreux nous serons autour de ce grand Cercle, plus nous réaliserons que jamais l'argent ne pourra acheter nos convictions et briser notre identité. Nous sommes les Premières Nations du Canada!
SOURCE Conseil de la Nation huronne-wendat
Tina Durand, Secrétaire exécutive du Grand Chef et du CNHW, (418) 843-3767, [email protected]
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