Médecins du Monde dépose un mémoire pour demander une couverture de santé pour toutes les femmes, peu importe leur statut d'immigration
MONTRÉAL, le 17 mars 2022 /CNW Telbec/ - Médecins du Monde et une coalition d'organisations déposent aujourd'hui un mémoire pour demander au gouvernement du Québec de garantir la couverture des régimes publics d'assurance maladie et médicaments pour toutes les femmes vivant sur son territoire, peu importe leur statut d'immigration.
Le dépôt de ce mémoire s'inscrit dans la continuité du Projet de loi 83 donnant enfin accès à la couverture des régimes publics d'assurance maladie et médicaments à tous les enfants du Québec, quel que soit le statut d'immigration de leurs parents. En 2021, l'importance d'une couverture de santé pour les femmes enceintes a été reconnue lors de l'étude détaillée, mais la proposition n'a pas été retenue.
Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a donc confié à la RAMQ le mandat de poursuivre les travaux sur cet enjeu avec un comité interministériel afin de rendre un rapport d'ici la fin juin 2022. C'est dans ce contexte que Médecins du Monde a pris l'initiative de déposer un mémoire pour émettre plusieurs recommandations.
« Nous saluons le courage politique du ministre de la Santé qui, en pleine pandémie, a pris les mesures nécessaires pour protéger la santé de tous les enfants du Québec avec l'adoption du Projet de loi 83. Nous sommes confiants que ce leadership se poursuivra d'ici les prochaines élections en ce qui concerne les droits et la santé de toutes les femmes », souligne Nadja Pollaert, directrice générale de Médecins du Monde Canada.
Un impact démesuré sur la vie des femmes et de leur famille
Selon une estimation de l'Institut universitaire SHERPA, 50 000 personnes qui vivent au Québec n'ont pas accès à une couverture d'assurance maladie en raison de leur statut d'immigration précaire.
Parmi ces personnes se trouvent des femmes enceintes qui ne peuvent pas recevoir les services et soins adéquats pendant leur grossesse, lors de l'accouchement et la période post-partum. C'est aussi le cas pour obtenir une interruption de grossesse ou à la suite d'une fausse couche.
Les femmes migrantes à statut précaire rencontrent aussi d'immenses difficultés pour accéder aux services de planification familiale, aux services pour les victimes de violence, mais aussi à la prévention, au diagnostic et au traitement des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) et des cancers gynécologiques.
Depuis 2011, Médecins du Monde est la seule organisation au Québec qui opère une clinique destinée entièrement aux personnes migrantes à statut précaire qui n'ont pas de couverture de santé, ni les moyens de se procurer des soins.
« Nos infirmières et nos travailleuses sociales témoignent de situations où des femmes perdent leur bébé, car elles n'ont pas de suivi de grossesse adéquat; sont obligées de poursuivre des grossesses non désirées dans des contextes d'extrême précarité; ou encore des femmes victimes de violence qui sont endettées après avoir reçu des soins; des femmes fragilisées par un parcours migratoire difficile », mentionne Pénélope Boudreault, directrice des opérations nationales et infirmière à Médecins du Monde.
Les femmes devraient pouvoir accéder à ces services essentiels de santé sexuelle et reproductive, lorsqu'elles attendent un enfant, mais également dans d'autres situations tout au long de leur vie.
Sans couverture d'assurance maladie, leur santé est compromise et parfois même leur vie ou celle de leur enfant. Cette situation peut favoriser l'abus et le harcèlement lorsqu'elles doivent consulter dans le système de santé.
Un fardeau économique et un enjeu de santé publique
Le fardeau économique imposé à ces femmes augmente la précarité financière de leur famille et nuit à leur capacité d'offrir de bonnes conditions de vie à leurs enfants. Cette précarisation a d'importantes conséquences sur d'autres déterminants de la santé, comme la capacité de se loger décemment, la sécurité alimentaire ou l'inclusion sociale.
La nécessité d'assurer un continuum de services et de soins en santé sexuelle et reproductive est déjà largement démontrée. De nombreux pays de l'OCDE garantissent l'accès à ces services à toute personne présente sur leur territoire par le biais des régimes publics d'assurance maladie.
« Au Québec, cette mesure serait non seulement un outil efficace de santé publique, mais aussi un moyen permettant d'atténuer la pression sur le réseau de la santé en allégeant le travail des équipes soignantes et en évitant des prises en charge plus lourdes et coûteuses », souligne le Dr David-Martin Milot, président de Médecins du Monde Canada et médecin spécialiste en santé publique et médecine préventive.
Assurer la santé sexuelle et reproductive de toutes les femmes vivant au Québec s'inscrit dans la suite logique des recommandations du rapport Laurent et du lancement du service « Ma Grossesse » qui visent la prévention et l'accès à des services prénataux et périnataux des familles afin de soutenir le bon développement de tous les enfants.
À propos de Médecins du Monde Canada
Médecins du Monde a pour mission d'assurer et de défendre l'accès à la santé pour les personnes exclues et en situation de vulnérabilité, autant ici que dans le monde.
Présent au Canada et dans 74 pays, Médecins du Monde est un mouvement international de volontaires travaillant au niveau national et international. Au moyen de programmes médicaux innovants et de plaidoyers fondés sur des faits, Médecins du Monde donne aux personnes et aux communautés exclues la capacité d'agir pour exiger le respect de leur droit à la santé, tout en luttant pour un accès universel aux soins.
SOURCE Médecins du Monde Canada
Mélissa Cabana, Directrice des communications, Médecins du Monde Canada, Cell. : 514 799-8985, [email protected]
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