Pour que vieillir soit gai... et pour tout le monde !
MONTRÉAL, le 18 févr. 2015 /CNW Telbec/ - Vieillir représente un défi pour plusieurs d'entre nous : Perte d'autonomie et soucis de santé forcent certains à « casser maison » pour aménager dans un CHSLD ou une résidence pour aînés. Après avoir passé une vie indépendante, cette étape peut s'avérer traumatisante.
Au Québec, on estime qu'en 2018, la population d'aînés lesbienne, gaie, bisexuelle, transsexuelle et transgenre (LGBT) qui aura atteint l'âge de 65 ans et plus sera d'environ 210 000. Pas de quoi en faire une histoire vous dites ? Regardons de plus près…
Même si les personnes LGBT ont atteint l'égalité juridique, les aînés LGBT ont eu un parcours souvent ardu, marqué par diverses formes de discrimination. Plusieurs d'entre eux ont vécu à cette époque durant laquelle l'homosexualité était considérée comme une maladie par le milieu de la santé et des services sociaux, mais où elle était également considérée comme un péché par les religions et traitée comme un acte criminel punissable par la loi. Plusieurs ont donc vécu la majeure partie de leur vie de jeune adulte « dans le placard » afin d'éviter la stigmatisation. Malgré une récente émancipation au cours des dernières décennies, les personnes aînées LGBT n'en sortent pas indemnes.
Particularités et enjeux actuels des personnes aînées LGBT
Sans vouloir accuser le personnel des CHSLD et des résidences pour aînés, fait est de constater que la présomption d'hétérosexualité est la norme auprès de la plupart des fournisseurs de services aux aînés. Dans un tel contexte, les aînés LGBT de la génération pré-Stonewall1 qui a connu la stigmatisation légale, religieuse, médicale et sociale démontrent souvent une méfiance envers toute forme d'institution. Cette méfiance les incite à ne pas dévoiler leur orientation sexuelle et à ne pas chercher de l'aide en dehors du cercle des intimes, ne se sentant pas dans un environnement accueillant et sécuritaire. Par ailleurs, le fait de ne pas aller chercher de l'aide, de ne pas demander des services aurait des conséquences sur leur santé physique.
L'isolement et la solitude peuvent entraîner des épisodes de dépression ou encore une consommation abusive d'alcool ou de drogues (médicamenteuses ou non). Or, on constate que la proportion des personnes aînées LGBT de la génération pré-Stonewall qui vivent dans la solitude et l'isolement est plus importante que chez les aînés hétérosexuels. Le fait que les personnes aînées LGBT de cette génération ont moins d'enfants, sont moins souvent en couple et entretiennent des relations parfois plus distantes avec leur famille (frères, soeurs, neveux et nièces) met en évidence une autre particularité des personnes aînées LGBT : l'importance des amis dans leur réseau. Ceux-ci se substituent à la famille biologique et occupent une place prépondérante dans la vie des personnes aînées LGBT en cas de besoin d'un soutien émotionnel.
Le programme « Pour que vieillir soit gai » de la Fondation Émergence
Afin de sensibiliser les institutions et les fournisseurs de services aux aînés, la Fondation Émergence a mis en place un programme de sensibilisation appelé « Pour que vieillir soit gai » en 2009. Après avoir rencontré les responsables de différents CHSLD, de résidences pour aînés et autres centres communautaires, et après leur avoir offert d'adhérer à la Charte de la bientraitance envers les personnes aînées lesbiennes, gaies, bisexuelles et trans, les responsables du programme constatent qu'il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.
« Ce qui est choquant, c'est de constater que plusieurs des personnes rencontrées nous disaient simplement qu'il n'y a pas de gais dans leur établissement et refusaient de signer la Charte, souligne Martine Roy, présidente de la Fondation Émergence. Cela veut dire que les aînés LGBT retournent dans l'ombre dès qu'ils se retrouvent dans des institutions ou des résidences. C'est un recul pour notre communauté ! » conclut-elle.
Selon Denis Cormier, directeur des communications pour la Fondation Émergence, qui gère ce programme depuis plusieurs années, « notre travail de sensibilisation auprès des intervenants est loin d'être terminé. Plus il y aura d'aînés LGBT dans les CHSLD et les résidences, plus il y aura d'actes homophobes. Malheureusement, c'est encore un sujet sensible que plusieurs refusent de voir » ajoute-t-il tristement.
Des actions au quotidien
À la lumière de ces thématiques récurrentes, il faut reconnaître que l'orientation sexuelle et l'identité de genre sont des spécificités identitaires au même titre que l'âge, le sexe, la langue
et la religion. Voici donc quelques actions qu'il est possible de mener au quotidien et qui ne passeront pas inaperçues auprès des personnes aînées LGBT :
- Manifester des signes d'ouverture à l'égard des personnes aînées LGBT afin qu'elles se sentent plus à l'aise de dévoiler leur orientation sexuelle ou leur identité de genre;
- S'abstenir de présumer de l'orientation sexuelle d'une personne en utilisant une terminologie neutre comme « partenaire de vie » plutôt qu'« époux » ou « épouse »;
- Respecter le choix d'une personne aînée de dévoiler ou non son orientation homosexuelle ou sa transidentité;
- Être conscient de l'importance de la famille choisie (plutôt que la famille biologique) pour les aînés LGBT;
- Soutenir les personnes aînées victimes d'homophobie dans leurs démarches tant de la part des intervenants que des autres bénéficiaires.
La Charte et tous les outils offerts dans le cadre du Programme sont accessibles sur le site Web de la Fondation Émergence : www.fondationemergence.org
1. |
En juin 1969, fatigués des incessantes descentes de la police dans les bars, des personnes trans et des hommes gais vont spontanément manifester et s'opposer à une descente de la police dans le bar Stonewall Inn, dans le quartier de Greenwich Village, à New York. Il s'ensuivra plusieurs jours d'émeutes. L'événement est retransmis par les chaînes de télévision. Les émeutes de Stonewall sont symboliques, car elles représentent le début du mouvement pour les droits civiques des personnes LGBT aux États-Unis, mouvement qui s'étendra ensuite dans tous les autres pays occidentaux. Les défilés de la fierté gaie, qui ont lieu dans la majorité des grandes villes aux alentours du 29 juin, commémorent chaque année les émeutes de Stonewall. |
SOURCE Fondation Émergence
Pour information ou entrevues : Maryse Bézaire, 514 866-6788 poste 29
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