Poursuite disproportionnée de la mairesse de Longueuil contre une télévision communautaire
MONTRÉAL, le 16 avril 2013 /CNW Telbec/ - La mairesse de Longueuil, Mme Caroline St-Hilaire, réagit de manière nettement excessive en poursuivant pour 120 000$ la Télévision communautaire de la Rive Sud (TVRS) et son journaliste Jean-Virgile Tassé-Themens à cause d'un de ses reportages qu'elle juge diffamatoire.
Un tel montant, visant un média communautaire local, est si disproportionné qu'il pourrait s'apparenter à une poursuite - bâillon. On peut y voir un avertissement sérieux aux autres médias locaux qui couvrent la politique municipale.
Cette affaire a été mal gérée dès le début pour en arriver aux dégâts actuels.
TVRS titrait le 14 mars dernier «Exclusif - La mairesse de Longueuil voyage aux frais de l'entreprise privée». On y relatait que la mairesse, à titre de co-présidente des Jeux du Québec de 2014 qui auront lieu à Longueuil, avait voyagé gratuitement sur les ailes du transporteur local Pascan Aviation. Accompagnée d'autres membres de l'équipe des Jeux, elle avait ainsi pu assister à la fermeture des Jeux 2013 à Saguenay, comme le veut la tradition dans l'organisation des Jeux.
Avant même la parution, la ville n'a pas répondu aux demandes d'entrevue faites par le journaliste, se privant de la possibilité de donner son point de vue. Une fois le texte en ligne, la première réaction a été d'envoyer dès le lendemain, 15 mars, une mise en demeure plutôt que de contacter le média pour négocier un correctif, le cas échéant.
Une fois entre les mains de son avocat, les demandes de Madame St-Hilaire ont entrepris de gonfler au point où aucun terrain d'entente ne devenait plus possible.
La mairesse a d'abord revendiqué la rectification des «propos inexacts et diffamatoires» par la publication d'ici 24 heures d'un nouveau texte soutenant notamment que TVRS ne détient aucune information permettant de douter de l'éthique de la mairesse.
Puis la plaignante a refusé que TVRS publie sur son site le texte de sa mise en demeure où elle expliquait pourtant en détail sa position.
Dans les jours qui ont suivi, à travers un ballet de lettres d'avocats, il a été demandé de publier tel quel un texte de la mairesse où TVRS reconnaissait les erreurs de l'article de son journaliste, ce que la station a refusé de faire.
Il a ensuite été exigé de retirer définitivement le reportage en cause du site internet, ce que TVRS a fait le 27 mars.
La plaignante a demandé par après de publier un long extrait de trois pages d'une opinion juridique obtenue auprès d'avocats qui figurent sur une liste de conseillers en éthique du ministère des Affaires municipales. Ceux-ci blanchissent la mairesse de tout accroc à l'éthique.
Elle a exigé en outre le retrait du site d'un article traitant de la mise en demeure du 15 mars et le retrait du texte de la mise en demeure elle-même ainsi que le retrait des comptes Facebook et Twitter de toutes les références à cette affaire, de même que les commentaires des internautes.
Chaque exigence se concluait à la manière d'un ultimatum par des menaces «d'intenter des procédures judiciaires sans autre avis ni délai».
Nous en sommes rendus là, avec la requête introductive d'instance en dommages-intérêts déposée le 3 avril.
La Fédération professionnelle des journalistes (FPJQ) ne se prononcera pas sur les qualités du reportage en cause puisqu'il fait l'objet de poursuites judiciaires. Mais elle constate que les moyens choisis par la mairesse pour obtenir justice sont démesurés par rapport à la faute alléguée.
La Fédération demande à la mairesse de Longueuil, Caroline St-Hilaire, d'abandonner cette poursuite et de discuter de bonne foi avec TVRS sur l'éventuel correctif que la station pourrait apporter elle-même à son reportage, dans le cas où certaines précisions seraient nécessaires.
SOURCE : FEDERATION PROFESSIONNELLE DES JOURNALISTES DU QUEBEC
Brian Myles. président de la FPJQ, 514 262- 2860
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