Pratiques discriminatoires en entrevue au sein des établissements de santé - Les jeunes médecins à la recherche d'un poste discriminés sur la base de leur intention d'avoir des enfants
MONTRÉAL, le 24 nov. 2016 /CNW Telbec/ - « Certains employeurs au sein des établissements de santé ont des pratiques discriminatoires à l'endroit de la relève médicale. Au terme d'un sondage effectué par la Fédération des médecins résidents du Québec (FMRQ) suite à des allégations de certains de ses membres, près du tiers des résidentes se sont fait poser des questions discriminatoires par leurs interlocuteurs dans le cadre d'une entrevue pour obtenir un poste dans le réseau de la santé, soit à savoir si, ils ou elles avaient des enfants, ou voulaient en avoir dans un avenir rapproché», a déclaré aujourd'hui le Dr Christopher Lemieux, président de la Fédération des médecins résidents du Québec.
« Cette pratique est inacceptable, de poursuivre le docteur Lemieux. Et elle est d'autant plus inquiétante que le nombre de postes pour les médecins terminant leur formation est de plus en plus restreint dans certaines spécialités ». Des résidentes nous ont confié qu'elles craignaient que leurs collègues masculins leur soient préférés pour des postes, en raison du fait qu'elles ont des enfants ou ont l'intention d'en avoir.
« En 2016, je ne comprends pas que l'on pose encore ce type de question lors d'entrevues pour un poste, de soutenir le Dr Lemieux. La profession médicale compte une majorité de femmes en formation, soit 61 %. Elles poursuivent une carrière dans toutes les spécialités, médicales, chirurgicales et de laboratoire. Il serait temps que les responsables de ces entrevues dans le réseau s'en rendent compte et reconnaissent leur contribution à l'accessibilité aux soins et au réseau de la santé en général ».
Il faut que ça cesse
Il est clair que certains résidents en médecine ont été victimes de pratiques discriminatoires lorsqu'ils ont sollicité un poste. « Ces pratiques sont discriminatoires en vertu de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec et de la Charte canadienne des droits et libertés, notamment en portant atteinte aux droits des individus, en raison de leur sexe, de la grossesse ou de l'état civil. Ces questions n'ont rien à voir avec la compétence ou les exigences requises pour occuper un poste de médecin dans le réseau de la santé. D'ailleurs un organisme ne peut recueillir ce type d'information, selon la loi.
« Le ministère de la Santé et des Services sociaux doit passer le message aux personnes qui réalisent les entrevues d'embauche, et il y en a plusieurs, que ce soit au sein des départements, auprès des directeurs des services professionnels ou même auprès des présidents-directeurs généraux des CISSS, CIUSSS, instituts et autres établissements du Québec, de conclure le Dr Lemieux. Nous ne pouvons accepter une telle façon de faire, et nous dénoncerons toutes les situations qui nous seront rapportées à cet égard ».
Les médecins qui œuvrent au sein des établissements et des départements régionaux de médecine générale (DRMG), mais également la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) et la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), qui représentent les médecins qui assument cette responsabilité, doivent aussi prendre acte de cette pratique et intervenir dans de telles situations.
Le gouvernement du Québec a besoin de médecins pour assurer l'accessibilité aux soins. Il forme une majorité de femmes dans toutes les disciplines médicales. Il est l'unique « employeur » des médecins au Québec. Il doit agir pour corriger la situation.
Quelques conclusions du sondage
Sept cent soixante-douze (772) médecins résidents ont répondu au sondage. Sur les 419 répondants qui ont dit avoir passé une entrevue pour obtenir un poste, près d'un sur quatre (24,1 %) se sont fait demander s'ils avaient des enfants. Près d'un sur quatre (24,8%) se sont aussi fait demander s'ils avaient l'intention d'avoir des enfants. Au total, 31,5% des résidents et résidentes sondés ont dû répondre à au moins une des questions sur leur parentalité. De plus, ce sont généralement plus les femmes qui se font poser ces questions lors d'entrevue. Par exemple, seulement 14 % des hommes sondés se sont fait interroger sur leur intention d'avoir des enfants, contre 30 % chez les femmes. Les répondants ont aussi soulevé des propos tenus durant leurs entrevues. Parmi les commentaires émis par un intervieweur et rapportés par les répondants, nous en avons retenu un qui inquiète grandement : « Les jeunes femmes médecins qui commencent leur pratique et qui souhaitent tomber enceintes, ça ne me fait pas faire des cauchemars, mais presque ».
La Fédération des médecins résidents du Québec
La Fédération des médecins résidents du Québec regroupe les quatre associations de médecins résidents des facultés de médecine de Montréal, McGill, Sherbrooke et Laval à Québec. Elle compte quelque 3 600 membres, dont le quart se destine à une pratique en médecine familiale. Les autres poursuivent une formation dans l'une des 53 autres spécialités reconnues au Québec. De ce nombre, 39 % sont des hommes et 61 %, des femmes. La durée de la formation postdoctorale en médecine familiale est de deux ans; celle des médecins spécialistes varie de cinq à six ans, selon la spécialité choisie.
SOURCE Fédération des médecins résidents du Québec
Source : Dr Christopher Lemieux, président, Fédération des médecins résidents du Québec; Renseignements et entrevues : Johanne Carrier, Directrice, Communications et Affaires publiques, Fédération des médecins résidents du Québec, Cellulaire : 514 591-0502, Bureau : 514 282-0256 ou 1 800 465-0215, Courriel : [email protected]
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