Pratiques et représentations linguistiques de jeunes adultes plurilingues
QUÉBEC, le 25 mars 2015 /CNW Telbec/ - Les chercheuses de l'Université de Montréal Patricia Lamarre, Stéphanie Lamarre et Marina Lefranc, en collaboration avec Catherine Levasseur, signent une étude intitulée La socialisation langagière comme processus dynamique : suivi d'une cohorte de jeunes plurilingues intégrant le marché du travail, publiée par le Conseil supérieur de la langue française (CSLF).
Cette étude est la suite d'une recherche longitudinale commencée en 2006. Elle examine les trajectoires de jeunes adultes plurilingues issus de l'immigration récente et fait le point sur leurs pratiques et représentations linguistiques et identitaires à un moment clé de leur vie : la fin des études postsecondaires et l'entrée sur le marché du travail.
On y observe principalement que ces jeunes adultes issus de l'immigration récente considèrent que dans la sphère publique, c'est-à-dire au travail et hors du foyer, c'est le français qui prime.
Quelques constats
Un des constats qui émanent de cette étude est la complexité des pratiques linguistiques de ces jeunes plurilingues et la nécessité de mieux les cerner à travers des recherches ethnographiques. L'étude, qui repose sur une théorie de la socialisation langagière, démontre que les pratiques linguistiques au quotidien peuvent être modifiées par les usages tant dans la sphère publique que privée et aussi bien à un jeune âge qu'à l'âge adulte.
Il ressort des propos de ces jeunes adultes plurilingues certaines particularités sur le plan identitaire. Presque tous déclinent une identité multiple et ils n'estiment pas forcément important de se définir par une ou plusieurs langues. L'étude suggère donc de reconsidérer l'approche par catégorisation linguistique, car elle ne permet pas de saisir la relation à l'identité de plusieurs jeunes adultes issus de l'immigration. Cette approche se résume souvent au recours aux catégories francophone, anglophone et allophone, où la troisième catégorie se définit par son exclusion des deux premières.
On constate également que le choix de la langue d'enseignement au cégep et à l'université n'est pas un choix de « communauté linguistique », ni nécessairement un moment définitif dans l'utilisation du français au quotidien que font les participants de cette étude. De plus, les auteures constatent que c'est le milieu de travail qui renforce la présence du français dans leurs pratiques langagières, peu importe leur choix d'établissement postsecondaire.
Les jeunes adultes plurilingues qui ont participé à ce suivi font partie de ce qu'on pourrait appeler la génération post-« loi 101 ». Les auteures précisent que selon ces jeunes, c'est le bilinguisme français-anglais, mais un bilinguisme dans lequel prime le français, qui permet de vraiment apprécier Montréal, de s'y installer et d'y travailler.
Sur ce point, l'intégration au marché du travail constitue un moment de jonction important dans les trajectoires de vie de ces jeunes. Il ressort de cette étude que le fait d'utiliser le français au travail augmente la présence du français dans leur quotidien et modifie par conséquent leurs pratiques langagières.
Selon le CSLF, cette étude réaffirme l'importance de promouvoir l'usage du français dans la sphère publique, notamment au travail, puisque les pratiques linguistiques peuvent être modifiées par les usages, et ce, tout au long de la vie.
L'étude complète ainsi que les faits saillants sont accessibles dans la section Études de la Bibliothèque virtuelle du site Web du CSLF.
À propos du CSLF
Le CSLF a pour mission de conseiller la ministre responsable de la Protection et de la Promotion de la langue française sur toute question relative à la langue française au Québec. De plus, il peut informer le public sur toute question qui concerne le français au Québec.
SOURCE Conseil supérieur de la langue française
Julie Adam, responsable des communications, Téléphone : 418 646-1128, Courriel : [email protected]
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