MONTRÉAL, le 1er août 2018 /CNW Telbec/ - Presque 40 ans après la première Gairilla, la première marche des minorités sexuelles au Canada, organisée par la Brigade Rose, et presque 30 ans après les manifestations en réaction au raid du Sex Garage, qui ont mené à l'émergence de célébrations du festival Fierté à Montréal, il reste encore tant à faire pour la libération et l'inclusion de la diversité sexuelle et de genre dans notre société. À l'aube du lancement des célébrations du festival Fierté Montréal 2018, les membres du conseil d'administration, la direction et les employé.e.s de l'organisation se positionnent ainsi sur les enjeux liés à la diversité sexuelle et de genre en 2018.
Voici un aperçu des enjeux auxquels les communautés LGBTQ+ font face aujourd'hui.
Personnes autochtones
La bispiritualité et les besoins particuliers des personnes de la diversité sexuelle et de genre autochtones ne sont que peu prises en compte concrètement dans les organismes LGBTQ+. L'isolement et les discriminations qui en découlent sont des enjeux réels pour le bien-être des minorités sexuelles et de genre dans les communautés autochtones. L'itinérance, la pauvreté et l'incarcération parmi les personnes bispirituelles et les personnes LGBTQ+ autochtones sont plus fréquentes qu'au sein des communautés LGBTQ+ non autochtones.
Au Canada, les personnes autochtones sont presque trois fois plus susceptibles de contracter le VIH que les personnes appartenant à d'autres groupes ethniques (en 2014). Les acteur·trice·s des milieux de la santé autochtones identifient un besoin important de ressources adaptées aux besoins de leurs communautés concernant la prévention du VIH, la consommation de drogues, la santé mentale et les services d'aide sociale.
Familles LGBTQ+
Il y a encore des familles de la diversité sexuelle et de genre qui ne sont pas reconnues légalement et socialement sans égard à leur composition (qu'elles soient pluriparentales, polyparentales, transparentales ou autres). Certaines sont confrontées à l'homophobie et à la transphobie, entre autres formes de violence basée sur le genre et la sexualité.
La Coalition des familles LGBT demande:
- Que ces discriminations cessent et que la formation d'une famille soit accessible à toustes (adoption, famille d'accueil, procréation assistée, gestation pour autrui, etc.) ;
- Que les enfants issus de familles LGBTQ+ puissent grandir dans des environnements sociaux qui reconnaissent et valorisent leurs familles ;
- Que les enfants de parents LGBTQ+ puissent avoir accès à des informations sur leurs origines ;
- Que les pratiques gouvernementales reflètent l'existence de la diversité des familles dans chaque société.
Personnes trans et diversité de genre
L'application et le respect de l'article 10 de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne, article protégeant les personnes contre toute discrimination basée, entre autres, sur l'identité de genre, est encore à solidifier. Les discriminations et les violences à l'encontre des personnes trans subsistent à ce jour, ce qui précarise, marginalise et met en danger ces personnes.
Personnes trans migrantes
Au Québec, le Directeur de l'État civil refuse les changements de prénom et de mention de sexe sur les documents d'identité aux personnes non citoyennes. Cette situation expose les personnes migrantes vulnérables et les réfugié·e·s LGBTQ+ à l'irrespect et la marginalisation sociale.
Parents trans
La reconnaissance légale des parents trans est encore partielle: Si toute personne trans citoyenne canadienne peut changer son nom sur le certificat de naissance de son enfant, sa mention de filiation parentale reste inchangée. Tous les parents ne donc peuvent pas indiquer leur genre affirmé sur ce document (mère, père ou parent). De plus, la préservation des gamètes (sperme et ovules) n'est pas facilement accessible ni remboursable dans le cas d'une transition médicale (chirurgies et hormonothérapie).
Diversité de genre et personnes trans non binaires
Dans la majorité des provinces, y compris au Québec, les personnes dont l'identité et l'expression de genre n'est pas binaire sont invisibilisées (personnes trans non binaires, non conformes dans le genre, genderqueer, agenres, etc.). Beaucoup d'entre elles, en particulier celles qui effectuent une transition de genre légale et/ou médicale, subissent des discriminations et des violences quotidiennes. La reconnaissance de la diversité des genres est cruciale pour favoriser le bien-être et la participation sociale de ces individus. Il est possible d'obtenir un certificat de naissance sans mention de genre en Colombie-Britanique, en Ontario, et en Saskatchewan.
VIH/SIDA
La campagne I = I pour Indétectable = Intransmissible (en anglais « U = U » pour « Undetectable = Untransmittable ») fait maintenant consensus tant chez lesprofessionnel·le·s de la santé que chez les activistes. Il est scientifiquement prouvé que les personnes séropositives sous traitement et avec une charge virale indétectable ont un risque négligeable de transmission sexuelle du VIH. Cependant, au Canada et particulièrement au Québec, les politiques de santé publique et les lois ne reflètent pas encore ce consensus.
La lenteur des institutions publiques à répondre aux enjeux de discrimination (notamment à l'immigration, en matière d'emploi et dans le système scolaire) cause une stigmatisation des personnes vivant avec le VIH.
La campagne vise donc à informer les communautés et le grand public pour mettre fin à cette stigmatisation et aux discriminations auxquelles les personnes vivant avec le VIH font face. D'autre part, les autotests de dépistage du VIH ne sont toujours pas disponibles et l'accès à la prophylaxie pré-exposition (PrEP) est encore difficile.
VIH/SIDA et criminalisation
Au Canada, des personnes vivant avec le VIH sont encore ciblées par des poursuites criminelles, des déclarations de culpabilité et des peines d'incarcération pour des allégations de non divulgation de leur séropositivité au VIH à des partenaires sexuel·le·s. Le Canada est au troisième rang mondial pour le nombre absolu de poursuites en justice signalées pour des allégations de non divulgation du VIH. Ce crime est passible d'une peine maximale d'emprisonnement à perpétuité avec inscription obligatoire au registre des délinquant·e·s sexuel·le·s. Des personnes sont déclarées coupables même lorsque la possibilité de transmission du VIH se situait entre minime et nulle. L'approche du Canada a maintes fois été critiquée, notamment par des organismes experts aux Nations Unies, des instances des droits humains et des scientifiques.
En novembre dernier, la Coalition canadienne pour réformer la criminalisation du VIH (CCRCV) a publié une Déclaration de consensus communautaire. Celle-ci demande trois mesures de la part des gouvernements:
- Des lignes directrices pour les poursuites criminelles basées sur le consensus scientifique;
- Une réforme du Code criminel canadien pour restreindre les poursuites contre les personnes vivant avec le VIH;
- Que les gouvernements s'impliquent pour réduire la désinformation, la peur et le stigma autour du VIH.
Don de sang - Hommes qui ont eu un rapport sexuel avec un autre homme
Héma-Québec et la Société canadienne du sang refoulent encore les hommes qui ont eu des rapports sexuels avec d'autres hommes dans la dernière année. Les critères sont encore basés sur des hypothèses plutôt que des risques réels basés sur les comportements individuels. RÉZO collabore avec l'étude pancanadienne Sexe au présent pour recueillir des échantillons de sang lors de la journée communautaire afin de pouvoir obtenir des données sur les risques liés aux dons de sang chez les hommes.
Don de sang · Enjeux trans
La Société canadienne du sang n'accepte les dons de la part des personnes trans que lorsque celles-ci ont subi une chirurgie génitale depuis plus d'un an. Autrement, les personnes trans sont considérées selon leur sexe assigné à la naissance. Héma-Québec dit officiellement que la situation des personnes trans est évaluée au cas par cas, mais dans le fait les personnes trans sont souvent refoulées. De nombreuses expériences négatives sont rapportées dans la communauté trans.
Organismes communautaires
Au Québec et au Canada, le financement des organismes communautaires est encore précaire. Le milieu LGBTQ+ n'est pas épargné. Les organismes VIH regroupés à travers la COCQ-SIDA demandent le rehaussement du programme de soutien aux organismes communautaires du Ministère de la santé et des services sociaux du Québec. Selon ASTTeQ, au fédéral, l'enveloppe du Fonds d'initiatives communautaires en matière de VIH et d'hépatite C doit augmenter. Les besoins des communautés LGBTQ+ évoluent au fil des années. Nos communautés ont besoin de fonds pour nos nouvelles réalités et la continuité des campagnes en cours.
Les auteur·e·s souhaitent remercier ASTTeQ, CATIE, COCQ-SIDA, la CCRCV, la Coalition des familles LGBT et RÉZO pour leur collaboration qui a permis l'élaboration de ce document.
Enjeux des personnes autochtones
Rainbow Health Ontario - Two-Spirit and LGBTQ Indigenous Health
CATIE (Canadian Aids Treatment Information Exchange) - Où le VIH frappe-t-il le plus durement?
Campagne Indétectable = Intransmissible
CATIE (Canadian Aids Treatment Information Exchange) - Le VIH au Canada : Guide d'introduction pour les fournisseurs de services
COCQ-SIDA Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida - INDÉTECTABLE =INTRANSMISSIBLE
Prevention Access Campaign - Consensus Statement (version originale) Sidaction - Déclaration de consensus (traduction francaise)
Criminalisation du VIH/SIDA
Coalition canadienne pour réformer la criminalisation du VIH (CCRCV) - Déclaration de consensus communautaire
Document rédigé à Tiotia:ke en juillet 2018
par Lucile Crémier et Raphaële Frigon
pour le festival Fierté Montréal
SOURCE Festival Fierté Montréal
François Laberge, Directeur des communications, [email protected], Téléphone : 514 903-6193, poste 3523; Demandes d'entrevue : Nathalie Roy, Consultante, relations de presse, Téléphone : 514 889-3622, [email protected]
Partager cet article