Priorités 2014-2015 de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec - Des solutions pratiques et éprouvées pour améliorer les soins offerts aux Québécois
Le Québec doit tirer le meilleur parti possible des compétences et des expertises des 57 000 infirmières qui travaillent dans le réseau
MONTRÉAL, le 3 nov 2014 /CNW Telbec/ - Donner aux infirmières le droit de prescrire dans certaines situations cliniques, miser sur la collaboration interprofessionnelle pour mieux traiter les maladies chroniques, accroître la présence des infirmières en CHSLD, modifier la réglementation afin que les infirmières praticiennes spécialisées puissent utiliser toutes leurs compétences et formuler des directives claires pour assurer la prestation sécuritaire des soins.
Tels sont les cinq dossiers prioritaires sur lesquels l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) entend se pencher en 2015 afin d'améliorer l'accès aux soins et d'en assurer la qualité et la sécurité. Pour l'OIIQ, ces initiatives apporteraient des solutions pratiques et éprouvées à cinq problèmes majeurs auxquels le réseau est confronté, soit l'accès aux services de première ligne, la gestion des maladies chroniques et l'achalandage des urgences ; la coordination et la continuité des soins et des services ; et la prestation sécuritaire des soins.
« Des quelque 73 000 infirmières que compte le Québec, 57 000 travaillent dans le réseau de la santé et des services sociaux. Il est temps que le Québec prenne des mesures visant à tirer le meilleur parti possible de leurs compétences et de leurs expertises professionnelles », a indiqué la présidente de l'OIIQ, Lucie Tremblay, en marge de l'Assemblée générale annuelle de l'organisation tenue aujourd'hui. « L'occasion est d'autant plus belle que ce sont des solutions qui fonctionnent, ainsi qu'on l'a démontré dans plusieurs pays. »
Le droit de prescrire
Pour l'OIIQ, habiliter les infirmières à prescrire dans certaines situations cliniques permettrait d'améliorer la continuité des soins et de réduire les délais d'attente pour certains services grâce à l'utilisation accrue des connaissances et des compétences des infirmières et à la possibilité de compléter les soins qu'elles ont déjà amorcés.
Cette initiative serait porteuse de très nombreux bénéfices, dont un accès plus rapide aux traitements et au suivi clinique, une réduction des complications et des coûts liés à une prise en charge tardive, l'évitement d'une fragmentation de services et d'une interruption de services en attente d'une ordonnance. Soulignons que la France, l'Angleterre, l'Irlande et l'Écosse ont déjà développé des modèles de soins qui permettent aux infirmières de prescrire dans certaines situations cliniques.
Des équipes interprofessionnelles
C'est un fait avéré : l'incidence et la prévalence des maladies chroniques (cancers, maladies cardiovasculaires, maladies respiratoires, diabète et autres) sont en augmentation et la situation s'accentuera avec le vieillissement de la population. Déjà, plus de de 50 % de la population de 12 ans et plus a au moins un problème de maladie chronique et la prise en charge de ces maladies demeure problématique au Québec.
Or, l'OIIQ estime que des équipes interprofessionnelles devraient être mises en place dans les services de première ligne pour favoriser l'efficacité des soins, augmenter l'utilisation efficiente des ressources et assurer la prestation sécuritaire des soins. Une meilleure coordination découlerait de la création de telles équipes et permettrait d'éviter des délais dans la prestation des services, ainsi que la duplication des interventions, tant en première ligne que dans les services spécialisés.
Un projet en ce sens a déjà été réalisé dans quatre CSSS de Chaudière-Appalaches dont les résultats ont été éloquents. Pour l'ensemble de la région, on a noté de 27 % à 50 % moins de consultations aux urgences, de 21 % à 44 % moins d'hospitalisations évitables et de 21 % à 61 % moins de tests de laboratoire et d'imagerie inutiles.
Les infirmières en CHSLD
Depuis dix ans, les besoins des personnes hébergées en CHSLD se sont accrus de façon importante. Aujourd'hui, près d'un résident sur deux a plus de 85 ans et la plupart sont atteints de plusieurs maladies chroniques. Leur état de santé fait en sorte qu'ils consomment plusieurs médicaments, en moyenne sept par jour. Or, la prise de plus de cinq médicaments produit des interactions médicamenteuses qui requièrent souvent une hospitalisation pour traiter les effets indésirables et stabiliser l'état de santé, ainsi qu'un suivi à long terme.
Ces exemples sont au cœur des défis que les CHSLD doivent relever, soit d'assurer les soins particuliers requis par une clientèle très vulnérable qui requiert une pratique clinique de pointe et donc l'adoption de nouveaux modèles de soins.
La réponse de l'OIIQ à cette situation est précise : quand on tient compte de la nature des besoins en soins des personnes hébergées et sachant que de 45 % à 67 % des hospitalisations peuvent être évitées quand les infirmières sont en nombre suffisant, assurer leur présence dans les équipes à tous les quarts de travail devient incontournable.
Une expérience réalisée en Montérégie en a d'ailleurs fait la preuve. Les établissements participants ont misé sur le développement des compétences infirmières comme premier élément de stratégie de changement, pour soutenir l'ensemble de la réorganisation du travail et pour améliorer l'accessibilité, la qualité, la sécurité et la continuité des soins et services offerts à la clientèle. Parmi les résultats obtenus : une réduction du nombre de chutes, du nombre d'erreurs de médicaments et du nombre de plaies de pression, ainsi qu'une diminution des transferts à l'urgence.
Les infirmières praticiennes spécialisées
La réglementation qui encadre la pratique des infirmières praticiennes spécialisées (IPS) au Québec ne favorise pas l'utilisation optimale de leurs compétences. Ailleurs au pays et dans plusieurs pays comparables au Canada, les lois et politiques de santé permettent aux IPS d'utiliser pleinement leurs compétences pour satisfaire les besoins en soins de santé courants de la population, y compris ceux des personnes âgées hébergées et des malades chroniques.
L'OIIQ estime donc que le gouvernement, le Ministère et le Collège des médecins du Québec doivent, en collaboration avec l'Ordre, modifier la réglementation et les mesures administratives qui limitent les activités cliniques des IPS. Une telle initiative ouvrirait la porte à plusieurs retombées positives, tant pour les patients que pour le réseau.
La prestation sécuritaire des soins infirmiers
Depuis plusieurs années, il arrive souvent que les contraintes budgétaires, plutôt que les besoins des patients, déterminent le plan d'effectifs infirmiers dans les établissements, avec pour conséquence une augmentation du nombre de patients par infirmière. Or, des études montrent que l'augmentation du rapport patients-infirmière accroît la charge de travail et a des impacts négatifs sur la prestation sécuritaire des soins, la qualité des soins et les résultats cliniques pour les patients. De plus, dans les établissements, une charge de travail infirmière élevée aurait des répercussions négatives sur le recrutement et la rétention pouvant entraîner des coûts élevés en heures supplémentaires, ce qui ajoute à une situation déjà problématique.
Afin de répondre aux préoccupations soulevées par la question des effectifs infirmiers requis par rapport aux besoins des patients, des instances et des établissements de tout le Canada ont instauré une méthode visant à assurer une présence infirmière qui garantit la prestation sécuritaire des soins. La méthode préconisée s'articule autour de l'évaluation des besoins des patients et de la détermination des effectifs requis, en nombre et en compétences, et non pas seulement sur la base du nombre de patients par infirmière.
C'est pourquoi l'OIIQ compte demander au ministère de la Santé et des Services sociaux de mettre au point, avec les instances concernées, une méthode permettant d'évaluer les variables cliniques qui aident à déterminer la nature, le niveau et l'intensité des soins infirmiers requis dans les établissements et pour les soins de proximité. Après quoi, l'OIIQ s'attachera à élaborer des lignes directrices sur les plans d'effectifs sécuritaires. Ajoutons que l'assemblée générale annuelle de l'OIIQ a adopté une motion appuyant la démarche de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec visant à élaborer une prise de position sur la prestation sécuritaire des soins infirmiers, prise de position qui devrait être adoptée par le Conseil d'administration de l'Ordre au cours de l'hiver 2015.
À propos de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec
L'OIIQ est un ordre professionnel régi par la Loi sur les infirmières et les infirmiers et par le Code des professions. Au 31 mars 2014, il comptait 73 145 membres et quelque 15 000 étudiants immatriculés. Sa principale mission est d'assurer la protection du public par la surveillance de l'exercice de la profession infirmière. L'OIIQ a également pour mandat de promouvoir une pratique infirmière de qualité et de contribuer au maintien des compétences des infirmières.
Pour accéder aux fiches techniques sur les cinq propositions de l'OIIQ, cliquez ici.
SOURCE : Ordre des infirmières et infirmiers du Québec
Guy Litalien, T : 514 317-5715, poste 214, C : 514 772-4008, [email protected]; Salle de presse, Palais des congrès de Montréal, T : 514 789-3404
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