Privatisation des services alimentaires des futurs CHUM et CUSM : économiser
sur la santé des patients?
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Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS)01 févr, 2010, 10:45 ET
MONTRÉAL, le 1er févr. /CNW Telbec/ - Une étude de l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS) indique que les services alimentaires des nouveaux CHU pourraient être sous-traités en partie ou en totalité à des entreprises multinationales. La sous-traitance de la production et la gestion des services alimentaires se traduit le plus souvent par des impacts néfastes sur la santé des patient-e-s, des dépassements de coûts et des précarisations d'emplois.
L'étude des plans fonctionnels et techniques (PFT) pour la construction du CHUM et du CUSM montre que le scénario privilégié par le gouvernement pointe vers l'utilisation d'aliments surgelés cuisinés à l'extérieur des murs de l'hôpital. Or, ce type de production de la nourriture a une incidence sur la qualité des soins, dans la mesure où l'alimentation est partie intégrante des traitements offerts aux patient-e-s. Aux États-Unis autant qu'en
"Or, le cadre de référence du gouvernement dévoilé en 2009 n'offre ni ressources ni contraintes pour faire de l'alimentation une partie intégrante des soins. Les PFT des deux nouveaux méga-hôpitaux de Montréal, prétendument à la fine pointe des technologies de soins, optent pour des méthodes dépassées et potentiellement risquées pour les patient-e-s, comme le démontre les cas étudiés ailleurs au
L'étude de cas antérieurs montre aussi que la sous-traitance privée de la gestion des services alimentaires d'hôpitaux a entraîné des hausses de coûts. "Déjà en 1995 à l'hôpital La Providence de Magog on faisait le choix, après quatre années de gestion par Sodexo durant lesquelles les coûts d'achats avaient grimpé de 30,5%, de redonner à l'administration publique le contrôle du service, réussissant à réduire les coûts de 14,9% en 5 ans. Ce que nous observons avec Sodexo au CUSM depuis trois ans ne démontre pas non plus d'importantes économies", illustre Guillaume Hébert.
De plus, la sous-traitance des services alimentaires entraîne aussi la perte d'emplois de qualité et une précarisation des emplois restants. Les PFT montrent que la part des aliments surgelés qui seront achetés à l'extérieur des centres hospitaliers sera augmentée. "Acheter du surgelé implique la réduction de l'ampleur des cuisines et de la main-d'œuvre nécessaire à la préparation des repas. Actuellement, on parle de 64 postes. Une version antérieure des PFT prévoyait même la quasi-abolition des cuisines", démontre Guillaume Hébert. Quant aux nouveaux emplois offerts par le sous-traitant, ils sont souvent moins bien rémunérés. "En Colombie-Britannique, 30% des employé-e-s des multinationales de l'alimentation en santé affirment avoir besoin de deux emplois pour subvenir à leurs besoins".
L'étude de L'IRIS offre une mise en garde contre l'utilisation et la généralisation de ce type de procédé : "Il y a un choix à faire entre une orientation "profits d'abord" et une orientation "santé d'abord". Or, pour l'heure, on semble privilégier sans trop de débat public la sous-traitance des services alimentaires dans les CHU. Ces mesures signifient généralement la privatisation des profits et la socialisation des pertes. En effet, les multinationales alimentaires cherchent à dégager des profits et ont donc un incitatif financier à réduire au maximum les coûts de la main-d'œuvre et des aliments achetés par les établissements", affirme le chercheur. Comme la vétusté de plusieurs cuisines au Québec exigera bientôt de les rénover ou de les reconfigurer, "il y a un risque que l'expérience de privatisation et de sous-traitance des CHU ne pave ensuite la voie pour l'ensemble des établissements", conclut Guillaume Hébert.
Renseignements: Charlotte Dussault, attachée de presse, (514) 585-3879; IRIS: (514) 789-2409
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