Projet de loi no 20 : une logique de volume au détriment de la qualité
MONTRÉAL, le 9 déc. 2014 /CNW Telbec/ - L'Association médicale du Québec (AMQ) craint que le projet de loi no 20 force les médecins à adopter une pratique en fonction du volume de soins au détriment de la qualité. Si le gouvernement force les médecins à augmenter la cadence des visites pour qu'ils puissent atteindre les quotas imposés, ceux-ci pourraient bien développer le réflexe de multiplier les analyses et les tests en lieu et place d'un examen physique plus complet.
C'est le genre de pratique que l'AMQ cherche à éliminer par son offensive contre le surdiagnostic depuis 18 mois, prônant une médecine de qualité et la diminution des actes qui n'ont pas de valeurs ajoutées. Le surdiagnostic a des effets importants sur les coûts, la qualité, l'efficacité, l'efficience et l'accessibilité des soins de santé offerts aux patients et, par le fait même, sur l'efficacité de l'ensemble du réseau de la santé. Faire plus n'est pas toujours mieux. Le projet de loi no 20 risque d'envoyer le message contraire à la population.
Le problème d'accessibilité aux soins de première ligne, plus aigu au Québec, est en voie de se résorber, à divers degrés, dans la plupart des provinces canadiennes puisque des solutions sont élaborées et mises en place par le biais d'une collaboration entre les membres de la profession médicale et les gouvernements. Grâce à des systèmes d'information efficaces ainsi qu'à l'implantation de l'interdisciplinarité dans un esprit de collaboration, ces systèmes de santé offrent les soins accessibles et de qualité auxquels les contribuables sont en droit de s'attendre. Dans les résultats du Sondage national des médecins 2014 rendus publics le 2 décembre dernier, le Québec est bon dernier en ce qui a trait à l'informatisation du réseau de la santé. Le projet de Dossier santé Québec, promis pour 2011 à un coût de 543 millions de dollars est, selon le ministre de la Santé lui-même, un échec retentissant. Il a déclaré récemment que le gouvernement québécois prévoit livrer ce projet en 2021 pour un coût de 1,6 milliard de dollars en ajoutant qu'il n'était pas certain qu'il y aurait de l'argent pour le faire. Les médecins ne sont pas responsables de ce retard et de cette dilapidation des fonds publics. Au contraire, ils sont prêts à mettre à profit les bienfaits de ces dossiers informatisés qui permettront d'augmenter l'accessibilité aux soins tout en faisant place à un meilleur dialogue avec leurs patients.
Par ailleurs, il y a une contradiction fondamentale entre les efforts que le gouvernement du Québec a faits au cours des dernières années pour valoriser la médecine de famille et inciter les étudiants en médecine à choisir cette spécialité. Le message de coercition que le gouvernement envoie avec ce projet de loi risque d'anéantir tout ce travail de mobilisation et de décourager les étudiants d'adopter le travail de première ligne.
« L'AMQ est consciente que les médecins peuvent améliorer leur efficacité, mais, pour ce faire, la profession médicale doit faire partie de la solution et être bien outillée, a déclaré Dr Laurent Marcoux, président de l'Association médicale du Québec. C'est dans un esprit de collaboration que nous pourrons transformer le système de santé. Grâce à des discussions constructives, les membres de la profession médicale des autres provinces canadiennes et les gouvernements ont trouvé des solutions. Tous les intervenants du réseau de la santé québécois doivent mettre l'épaule à la roue pour revoir les façons de faire. L'AMQ a déjà signifié son désir de collaboration au ministre de la Santé. Au lieu de ça, celui-ci impose sa méthode, tout comme pour le projet de loi no 10, de façon unilatérale et adopte une approche coercitive. Le gouvernement doit rétablir le dialogue ainsi que l'esprit de collaboration avec la profession médicale. Le leadership médical doit être mis à profit dans la transformation du système de la santé. »
À propos de l'AMQ
L'Association médicale du Québec regroupe près de 10 000 omnipraticiens, spécialistes, résidents et étudiants en médecine. Sa mission est de rassembler l'ensemble de la profession médicale du Québec dans un contexte de réflexion et d'action au bénéfice de la santé de la population.
SOURCE : Association médicale du Québec
Denise Pelletier, Coordonnatrice des communications, Association médicale du Québec, Tél. : 514 866-0660, Courriel : [email protected]
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