Proposition d'un salaire minimum à 20$ : un coût dépassant le milliard de dollars
MONTRÉAL, le 28 nov. 2023 /CNW/ - L'idée d'un salaire minimum à 20 $/h vient de refaire surface dans l'actualité récemment. Dans le contexte actuel de grande fragilité des PME, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI) croit qu'une telle hausse drastique nuirait considérablement à la petite entreprise au Québec et mettrait beaucoup de pression sur l'augmentation des prix à la consommation.
« Nous sommes très inquiets. C'est vivre dans une réalité parallèle que de penser qu'une hausse si forte de 31 % n'aura pas d'impacts négatifs sur l'économie. Une telle augmentation impliquerait des coûts supplémentaires directs de 11 373 $ pour un employeur embauchant une seule personne au salaire minimum à temps plein. La décision entourant l'augmentation du salaire minimum qui sera prise prochainement par le ministre du Travail doit viser un équilibre », commente François Vincent, vice-président pour le Québec à la FCEI.
La FCEI a calculé le coût de la proposition d'une augmentation du salaire minimum à 20 $/h. En supposant que le nombre d'heures travaillées au salaire minimum est similaire à 2022, une telle hausse impliquerait des coûts directs supplémentaires de 1,09 G$ pour les employeurs.
Une étude du ministère du Travail portant sur l'impact global d'une hausse du salaire minimum sur l'ensemble des salariés au Québec, publiée en 2012, détermine que le facteur multiplicateur permettant d'estimer l'effet indirect d'une augmentation du salaire minimum pour les employeurs québécois est de 3,24. Dans l'hypothèse où le facteur multiplicateur (effet domino) en 2023 est le même qu'en 2012, les coûts supplémentaires totaux pour les employeurs seraient de 3,5 G$.
Certaines caractéristiques du marché de l'emploi ont changé depuis. C'est pourquoi la FCEI a demandé, dans une lettre acheminée au ministre du Travail, que, dans le cadre de l'analyse effectuée pour l'augmentation du salaire minimum, les impacts économiques d'une hausse significative du salaire minimum à 18 $ ou 20 $ de l'heure soient actualisés et évalués.
L'inflation fait mal aux propriétaires de PME québécoises qui composent déjà avec un lourd endettement, les pressions causées par la pénurie de main-d'œuvre et un fardeau fiscal désavantageux. Les indicateurs économiques de la FCEI sont au rouge. En effet, l'indice de confiance des PME québécoises du Baromètre des affaires de la FCEI est le plus bas au pays, dans un creux historique en 15 ans. Il faut retourner dans les pires mois de la pandémie pour retrouver des résultats faisant état d'une telle morosité. Les politiques publiques doivent rejoindre davantage les PME afin d'éviter que l'on frappe un mur.
Dans ce contexte de forte augmentation des coûts qui désavantage les petites entreprises, la FCEI croit que le gouvernement du Québec devrait les épauler davantage. Selon les dirigeants de PME, les meilleurs moyens pour les accompagner lors d'une hausse du salaire minimum seraient de réduire le fardeau fiscal global (79 %), de baisser les taxes sur la masse salariale (73 %), ou d'offrir des crédits d'impôt (58 %).
La FCEI est sensible à la situation difficile de plusieurs personnes. Elle réitère sa demande que soient adoptées des mesures fiscales pour soutenir directement les travailleurs, comme une bonification du montant personnel de base, des primes au travail ou des crédits d'impôt ciblés. Elle rappelle aussi que 58 % des personnes au salaire minimum ont entre 15 et 24 ans dont 85 % sont à temps partiel. De plus, d'après une étude récente de Statistique Canada, près de la moitié (47 %) des bénéficiaires du salaire minimum n'y demeurent pas au-delà d'un an, et 39 % entre 1 et 5 ans, ce qui en fait un salaire d'entrée.
« Bien sûr qu'adopter une approche équilibrée demeura moins populaire qu'une augmentation importante du salaire minimum. Mais, la fragilité des PME du Québec et le contexte inflationniste devraient commencer à sérieusement inquiéter le gouvernement du Québec, qui se doit regarder les deux côtés de la médaille et éviter d'adopter une forte augmentation du salaire minimum qui pourrait avoir plus d'effets négatifs que positifs. Nous avons quand même beaucoup de craintes, car le ministre du Travail a accordé cette année de nombreuses augmentations salariales massives lors de modifications apportées aux décrets de convention collective. Les PME méritent de recevoir des indications pour être rassurées », conclut François Vincent.
À propos de la FCEI
La FCEI (Fédération canadienne de l'entreprise indépendante) est le plus grand regroupement de PME au pays, comptant 97 000 membres dans tous les secteurs d'activité et toutes les régions. Elle vise à augmenter les chances de succès des PME en défendant leurs intérêts auprès des gouvernements, en leur fournissant des ressources personnalisées et en leur offrant des économies exclusives. Visitez fcei.ca pour en savoir plus.
SOURCE Fédération canadienne de l'entreprise indépendante
Maud Larivière, attachée de presse, FCEI, Cell. : 514-817-0228, [email protected]
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