Qu'avons-nous appris des consultations du forum sur la santé mentale et maintenant, que devons-nous faire ? English
David Birnbaum*
« On n'est pas tous égaux devant la crise. »
QUÉBEC, le 23 janv. 2021 /CNW Telbec/ - Ce constat succinct et évocateur a été au cœur des deux journées de consultations publiques tenues cette semaine sur la santé mentale des Québécois. e. s en temps de pandémie. France Labelle, experte et intervenante communautaire de longue date, invoquait ces mots en décrivant l'isolement, le danger, la détresse… L'enfer que vivent, notamment, les personnes en situation d'itinérance à Montréal et partout à travers le Québec.
Chaque personne vit, à sa façon, le stress et l'incertitude qu'engendre cette pandémie. Cependant, nous avons appris, grâce à divers témoignages documentés et marquants, que l'impact est doublement difficile pour, par exemple, les aînés qui sont seuls, les adolescents, trop souvent figés devant leurs écrans, les femmes disproportionnellement touchées par les défis de conciliation travail-famille, les personnes vivant dans la rue, ainsi que les personnes déjà atteintes de problèmes d'ordre psychologique, de consommation et/ou de comportement. Ces hommes, ces femmes et ces enfants vivant en régions éloignées, et concernés par l'une ou plusieurs de ces situations, ne sont pas égaux face à cette crise, eux non plus.
Qu'avons-nous appris durant ces consultations ? Que doit-on retenir ?
Dans un premier temps, nous avons appris qu'il faut parler davantage et publiquement de la santé mentale. Le Parti libéral du Québec invite le gouvernement de la Coalition avenir Québec à tenir de telles audiences depuis six mois, mais avait également demandé la tenue d'une commission parlementaire sur cet enjeu en décembre 2018. Quoique les demandes quant à la tenue de commissions parlementaires aient été refusées, nous sommes reconnaissants que le ministre délégué à la Santé et aux services sociaux, M. Lionel Carmant, ait jugé important d'organiser la tenue de ce forum les 19 et 20 janvier derniers. Conjointement avec le gouvernement et les autres partis d'opposition, nous avons confectionné et coprésidé les sessions de ces consultations.
L'impact de la pandémie sur le bien-être psychologique des Québécois. e. s est bien réel : le sentiment de détresse et de perte de contrôle rapporté dans les enquêtes, les appels aux centres de crise, les prescriptions d'antidépresseurs, les statistiques sur les taux de divorce et de décrochage scolaire en témoignent.
Les experts s'accordent sur le fait que le réservoir initial de résilience, qui a pu protéger les Québécois. e. s au printemps dernier, s'est largement épuisé. Le décalage avec l'Europe, nous explique la professeure Catherine Brian de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal, nous permet d'anticiper que ce qui était un risque de troubles mentaux au printemps se traduira de plus en plus en diagnostic avéré cet hiver. Les femmes et les jeunes, mais surtout celles et ceux qui étaient déjà en situation de vulnérabilité avant la pandémie, ainsi que les personnes qui les aident, en feront les frais au premier chef.
Mais tout n'est pas noir même si l'hiver sera gris. Il existe tout un volet préventif à l'action en santé mentale, avec des outils éprouvés, et c'est le moment ou jamais de les déployer. Il n'est pas trop tard pour anticiper les séquelles psychologiques de la crise et pour investir judicieusement afin de les éviter. Surtout, il faut améliorer l'accès aux services et faire sauter les goulots d'étranglement.
Le repérage des personnes à risque, l'évaluation rigoureuse des besoins, l'intervention thérapeutique et le maintien du rétablissement : les parcours en santé mentale se résument à ces quatre étapes.
Le danger qui nous guette est de voir le gouvernement investir toutes les ressources additionnelles dans les deux premières étapes, pour ensuite rationner l'accès aux deux étapes suivantes, allongeant ainsi l'attente pendant des mois et des années. Inviter les gens à demander de l'aide pour qu'ils cognent à des portes fermées par la suite ne fera que nous amener des ennuis et exacerber la facture sociale.
C'est pourquoi le Parti libéral du Québec a déposé une proposition formelle afin d'offrir gratuitement la psychothérapie à tous ceux et celles qui en ont besoin, dans des délais raisonnables et sans obstacle financier.
Le premier ministre a raison de dire qu'on ne peut pas former une infirmière en six mois. Mais un psychologue sur deux au Canada œuvre au Québec. Il n'y a pas de pénurie, mais bien un système à deux vitesses. Il faut y mettre fin, maintenant plus que jamais.
Ultimement, ces deux journées de consultations nous auront appris que les réponses sérieuses et prioritaires exigées par cette crise en santé mentale passent par la recherche ciblée, financée et accélérée, l'appui accentué à nos regroupements communautaires sur le terrain, l'accompagnement expert et compatissant pour nos jeunes, nos aînés et nos voisins en détresse. Que nos actions soient dédiées, avec détermination et rigueur, à réduire enfin les inégalités devant cette crise.
*David Birnbaum est député libéral et porte-parole de l'Opposition officielle en santé mentale
SOURCE Aile parlementaire du Parti libéral du Québec
Alexandra Régis, Directrice des communications, Cabinet du Leader de l'opposition officielle, 418-571-6749, [email protected]
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