/R E P R I S E -- La Coalition des médecins pour la justice sociale: un sursis sur l'augmentation des frais de scolarité pour la paix sociale et la santé - Lettre ouverte au Premier Ministre M. Jean Charest/
MONTRÉAL, le 14 mai 2012 /CNW Telbec/ -
Cher M. Charest,
La crise sociale que vit le Québec a un impact important non seulement sur le tissu politique et social mais aussi sur la santé publique. Dans les faits, nous sommes les témoins d'une violence physique causée par des balles de caoutchouc, des pierres, des matraques. Moins visible mais aussi importante, une détresse psychologique affecte bon nombre d'étudiants, de parents et de citoyens confrontés à une instabilité sociale qui ne trouve pas de solution. Cette situation montre des répercussions économiques significatives, et l'industrie touristique risque de subir des pertes non négligeables.
Monsieur Charest, vous représentez un gouvernement légitimement élu, suivant le principe de la démocratie qui rend un gouvernement responsable de sa gestion jusqu'aux élections suivantes. L'élection d'un gouvernement est le fondement de notre démocratie. Mais un gouvernement responsable fait face au défi d'assurer le mieux et le bien commun pour toute la population. Dans ce sens, le pouvoir de l'état ne doit pas agir aveuglément pour appliquer une loi si celle-ci provoque des répercussions nuisibles pour toute la société. L'esprit de la démocratie permet une dérogation temporaire d'une loi au nom de la préservation de la stabilité sociale. Le fait d'établir un sursis sur l'augmentation des frais de scolarité va dans ce sens et ne constitue pas une brèche dans le principe de la démocratie. Dans l'état actuel des choses, le prix à payer pour imposer la loi risque d'être hors de proportion avec son coût.
La démocratie ne s'exprime pas seulement par le vote populaire. La presse, la communication avec le public, les réseaux sociaux et les manifestations
représentent des outils majeurs de démocratie. Les étudiants ont découvert un nouveau pouvoir qui étonne même les représentants de leurs associations : celui de la mobilisation massive. Ils ont trouvé une cause noble : l'amélioration de la société. Bon nombre d'entre eux ont accepté de perdre leur trimestre: ils sont prêts à jouer le rôle de martyrs pour une cause sociale et disposent maintenant de tout le temps nécessaire pour perturber la vie économique du Québec. Les commerçants du centre-ville de Montréal se plaignent d'une fuite de leur clientèle, certains étudiants envisagent même de perturber l'événement de la course en Formule 1. Malheureusement, cette clientèle d'étudiants comporte un nombre d'activistes prêts à utiliser l'illégalité comme moyen de pression. Les gestionnaires des institutions d'enseignement se demandent comment ils pourront accueillir la cohorte de ceux qui ont accepté de sacrifier le présent trimestre en supplément des étudiants qui poursuivent normalement leurs études. Nous nous dirigeons vers une fracture des groupes d'étudiants en rouge et en vert qui semblent entrer sur le chemin de l'affrontement physique. Nous ne vivons pas encore le chaos social, mais nous semblons marcher sur ce chemin.
Comme beaucoup de Québécois, nous ne désirons pas vivre les conséquences regrettables d'une déstabilisation sociale. Nous sommes reconnaissants de vivre dans une région de la planète qui fait l'envie du reste du monde. Mais nous croyons que le prix à payer pour appliquer immédiatement l'augmentation des frais de scolarité est nettement excessif et déraisonnable. Un report de un ou deux ans de ce projet nous semble la voie la plus prometteuse: elle permettrait aux esprits de se calmer et donnerait d'autres moyens pour en discuter et prendre une décision éclairée. Comme pistes de solution: des états généraux ou une commission parlementaire sur l'éducation? Une conférence de règlement avec un juge acceptable pour tous les partis concernés? On a aussi l'opportunité de statuer démocratiquement sur ce projet aux prochaines élections.
Sincèrement,
Dr Sylvia Baribeau
Dr Paul Lefort
Dr Paul Levesque
Dr Paul Saba
Membres exécutifs de la Coalition des médecins pour la justice sociale
Dr Paul Saba 5148863447 ou 5142498541
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