MONTRÉAL, le 14 mars 2012 /CNW Telbec/ - Alors que les signes du recul du français au Québec se multiplient, le premier ministre Jean Charest soutenait lundi dernier que le français progresse bien lors de sa rencontre à Paris avec le Secrétaire général de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), monsieur Abdou Diouf.
Contrairement à ce qu'affirme monsieur Charest, selon les données de Statistique Canada les plus récentes disponibles, soit celles de 2006, le pourcentage de francophones de langue maternelle à Montréal est passé sous la barre des 50% et sous les 80% dans l'ensemble du Québec. Entre 2001 et 2006, le poids des francophones au Québec a plongé de deux points. Du jamais vu dans l'histoire du recensement canadien. Par surcroît, alors que le français dégringole aussi en tant que langue d'usage à la maison, le poids de l'anglais, langue d'usage, a augmenté. Sur l'île de Montréal, la proportion des francophones selon la langue parlée à la maison est de 54,2 %, soit 7,6 points de pourcentage de moins qu'en 1986 (61,8 %).
M. Charest prétend que de plus en plus de citoyens allophones choisissent le français comme langue d'usage au Québec. Il se réfère sans doute à l'augmentation apparente des transferts linguistiques bruts qui en 2006 étaient à égalité vers le français et vers l'anglais. Mais cette augmentation reflète la sélection d'immigrants déjà francisés avant leur arrivée au Québec et le fait que les allophones anglicisés ont davantage tendance à quitter le Québec. De plus, au prorata des populations de langues maternelles française et anglaise, le pourcentage à la faveur du français devrait être de 91%. Sur l'île de Montréal les taux de transfertsbruts sont à 43% vers la langue française et 57% vers la langue anglaise.
En 2006, la population de langue d'usage anglaise était de 29% plus élevée que la population de langue maternelle anglaise, essentiellement parce qu'une proportion importante des allophones adopte l'anglais comme langue parlée à la maison. En comparaison, la population de langue d'usage française ne faisait un gain que de seulement 3% par rapport à la population de langue maternelle française. Lorsqu'on observe l'évolution de ces données depuis 1971, on voit que le pouvoir d'attraction de l'anglais sur les allophones au Québec augmente continuellement par rapport à celui du français.
Indice de vitalité linguistique - Québec
1971 À 2006
% | 1971 | 1981 | 1986 | 1991 | 1996 | 2001 | 2006 |
Français | 1,00 | 1,00 | 1,00 | 1,01 | 1,02 | 1,02 | 1,03 |
Anglais | 1,12 | 1,15 | 1,18 | 1,22 | 1,23 | 1,27 | 1,29 |
Le MQF rappelle que le président du Comité de suivi de la situation linguistique à l'Office québécois de la langue française (OQLF), Marc Termote, prévoie un déclin rapide des locuteurs du français à Montréal (de 54% en 2006 à 42 % en 2051), qui se répercutera dans l'ensemble des régions du Québec (82% en 2006 à 72 % en 2051).
Le Mouvement Québec français (MQF) entend dénoncer d'ores et déjà l'opération de camouflage que le gouvernement libéral tentera d'effectuer au Forum mondial de la langue française, qui se tiendra à Québec du 2 au 6 juillet 2012. Le déclin du français à Montréal et au Québec résulte des affaiblissements systématiques qu'a subi la Charte de la langue française, notamment sous l'effet des jugements de la Cour suprême et de la Constitution de 1982 imposée par le Canada anglais contre la volonté du Québec. Le Forum mondial de la langue française sera l'occasion d'informer la francophonie internationale à la situation critique de la langue française au Québec, seul État encore majoritairement francophone en Amérique du Nord. Comme le disait Pierre Bourgault; « Quand nous défendons le français chez nous, ce sont toutes les langues du monde que nous défendons contre l'hégémonie d'une seule. ».
Mario Beaulieu
Président du Mouvement Québec français
Bas de vignette : "En 2006, la population de langue d'usage anglaise était de 29% plus élevée que la population de langue maternelle anglais. La population de langue d'usage française ne faisait un gain que de seulement 3% par rapport à la population de langue maternelle française. Cet écart s'est continuellement agrandi depuis 1971 (Groupe CNW/MOUVEMENT QUÉBEC FRANÇAIS)". Lien URL de l'image : http://photos.newswire.ca/images/download/20120315_C4423_PHOTO_FR_11152.jpg
Mario Beaulieu
Président du Mouvement Québec français
514-843-8851, 514-839-4140
www.quebecfrancais.org
Partager cet article