/R E P R I S E -- Une hausse marquée du salaire minimum au Québec n'aura pas l'effet d'une « bombe atomique »/
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Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS)27 oct, 2016, 09:00 ET
MONTRÉAL, le 27 oct. 2016 /CNW Telbec/ - Une nouvelle étude de l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS) dévoilée ce jeudi vient contredire les scénarios catastrophistes pour l'emploi, l'inflation et les PME suivant une hausse marquée du salaire minimum. Elle conclut également que l'économie québécoise serait capable de soutenir une telle augmentation.
Le Québec peut bel et bien se permettre une hausse importante du salaire minimum. « Si le salaire minimum avait été porté à 15 $ l'heure en 2015, cela aurait donné une augmentation de 41 % par rapport au niveau de 1979, soit un taux de croissance annuel moyen qui n'atteint même pas 1 %. La valeur du PIB réel par personne au Québec a augmenté davantage : 48 % entre 1981 et 2014, soit une croissance annuelle moyenne de 1,2 %. Ainsi, la capacité générale de rémunérer les travailleurs et travailleuses a augmenté au cours des dernières décennies, laissant une bonne marge pour faire progresser le salaire minimum », affirme Mathieu Dufour, économiste et co-auteur de l'étude.
De plus, une hausse importante du salaire minimum ne causera pas de fermetures massives de PME au Québec. « Sur quinze ans, on ne note aucune corrélation entre les hausses du salaire minimum et les fermetures d'entreprises. Par exemple, la hausse du salaire minimum de 2008-2010 - la plus importante des quinze dernières années, soit une augmentation de 1,50 $ l'heure étalée sur 3 ans - n'a pas été pas associée à un taux inhabituel de fermetures de PME. Au contraire, moins de petites et moyennes entreprises qu'à la normale ont fermé pendant cette période, ce qui nous laisse croire que le taux de fermetures ne serait pas affecté par une hausse marquée du salaire des travailleurs et travailleuses au bas de l'échelle », estime Raphaël Langevin, chercheur-associé de l'IRIS et co-auteur de l'étude.
Les craintes quant aux effets d'une hausse du salaire minimum sur l'inflation ne sont pas plus fondées. « Établir le salaire minimum à 15 $ de l'heure pourrait entraîner une augmentation des prix qui oscillerait entre 1,1 % et 2,6 % au-dessus du niveau actuel de l'inflation. L'étalement de la hausse permettrait cependant de diminuer considérablement cette conséquence, déjà minime. Ces données démontrent qu'il est faux d'affirmer que la hausse de l'inflation "annulerait" les bénéfices d'une augmentation de 40 % du salaire minimum », soutient Mathieu Dufour.
En terminant, une hausse marquée du salaire minimum serait loin d'avoir l'effet d'une bombe atomique sur le Québec, comme le prédit le professeur Pierre Fortin. « Le chiffre de 100 000 emplois perdus est complètement exagéré. En effet, en utilisant une méthodologie plus récente et mieux adaptée au contexte québécois, nous calculons que plus de 98 % des salarié·e·s touché·e·s bénéficieraient de la mesure et ne subiraient aucune conséquence négative, ce qui est sans compter les impacts positifs de celle-ci sur la croissance, les revenus publics, l'investissement privé, etc. En omettant de tels effets bénéfiques, nous estimons qu'entre 6 000 et 20 000 emplois seraient à risque à court terme, des emplois occupés principalement par des jeunes sans diplôme et des femmes détenant un diplôme d'études secondaires (DES). Au final, il est fort probable que l'effet net sur l'emploi soit nul, voire même positif à plus long terme. Pour néanmoins éliminer toute conséquence fâcheuse à court terme, le gouvernement pourrait aisément mettre en place des politiques ciblées pour les segments à risque de la population. Bref, les avantages de hausser le salaire minimum à 15 $ l'heure dépassent de loin les risques potentiels », conclut Raphaël Langevin.
Quels seraient les effets réels d'une hausse marquée du salaire minimum? est disponible gratuitement sur www.iris-recherche.qc.ca.
SOURCE Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS)
Gabrielle Brais Harvey, responsable aux communications, 438 862-6662, [email protected]
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