Radio-Canada a raison de ne pas donner la liste des noms du «Offshore leaks»
MONTRÉAL, le 10 avril 2013 /CNW Telbec/ - La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) appuie CBC/Radio-Canada qui refuse de donner aux gouvernements la liste des noms des personnes qui détiennent des comptes dans des paradis fiscaux.
La première ministre du Québec, Pauline Marois, a demandé à Radio-Canada de transmettre cette liste au ministère du Revenu et le gouvernement canadien l'a demandée au Consortium international de journalistes d'enquête (ICIJ) qui est à l'origine de ces révélations.
Pour la FPJQ ces demandes sont nettement prématurées et potentiellement dangereuses pour la liberté de presse et la protection des sources confidentielles des journalistes.
Il est clair que les enquêteurs des gouvernements et la police n'ont pas épuisé tous les moyens d'enquête considérables dont ils disposent. Ils se tournent vers les médias comme moyen facile et rapide d'obtenir l'information sur les personnes qui utilisent des paradis fiscaux.
Mais la demande des gouvernements, si elle était satisfaite, amènerait le public à voir les médias comme des auxiliaires de la police, avec toutes les conséquences négatives que cela peut entraîner sur l'information. Pensons seulement aux difficultés rencontrées par les journalistes pour couvrir les manifestations étudiantes de l'an dernier lorsque certains groupes de manifestants les présentaient comme étant à la solde des pouvoirs. La séparation entre les pouvoirs et la presse qui doit les surveiller est un principe fondamental.
La demande des gouvernements présente également un danger pour les sources qui ont transmis aux journalistes de l'information sur plus de 100 000 personnes, dont certaines appartiennent sans doute à des milieux criminels. Ces sources pourraient être personnellement menacées. Le message envoyé à toutes les sources potentielles serait que les médias ne garantissent pas leur sécurité et qu'il faut s'abstenir de leur transmettre des informations.
Les médias ont pour mission d'informer le public et comptent sur leurs sources pour y arriver. La quarantaine de médias internationaux associés au «Offshore leaks» font les vérifications indispensables et publieront peu à peu certains noms. Cette activité d'information exerce une pression pour que les pouvoirs publics consacrent sérieusement leurs ressources et leurs pouvoirs à faire enquête et à poursuivre ceux et celles qui auraient violé les lois.
CBC est le seul membre canadien de l'ICIJ, organisme basé à Washington dont un membre a reçu un disque dur contenant 2,5 millions de documents concernant les sociétés extraterritoriales et les fiducies de plus de 100 000 personnes bien nanties du monde entier.
SOURCE : FEDERATION PROFESSIONNELLE DES JOURNALISTES DU QUEBEC
Brian Myles, président, FPJQ 514 262-2860
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