Rapport annuel 2013 du Conseil d'éthique de l'industrie québécoise des boissons alcooliques : Producteurs et agents exemplaires, brasseries et chaînes d'alimentation sur la sellette et bars toujours délinquants
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Conseil d'éthique de l'industrie québécoise des boissons alcooliques24 mars, 2014, 07:00 ET
MONTRÉAL, le 24 mars 2014 /CNW Telbec/ - Le Conseil d'éthique de l'industrie québécoise des boissons alcooliques, présidé par Me Claude Béland, a rendu public ce matin son septième rapport annuel sur les pratiques des membres de l'industrie en matière de communication, de commercialisation et de promotion de l'alcool. Les producteurs et les agents promotionnels ont un bilan 2013 exemplaire alors que les chaînes d'alimentation, les brasseurs et, pire encore, les bars ont des pratiques éthiquement intolérables. Ces constats amènent le Conseil à revendiquer des balises nouvelles dans l'intérêt de la collectivité et de l'éthique publique.
Adhérents au Code d'éthique exemplaires
En 2013, pas une seule plainte n'a été portée contre les producteurs et agents promotionnels qui ont adhéré au Code d'éthique. Cela s'explique par l'amélioration indiscutable des pratiques de commercialisation de l'alcool par l'industrie, mais le Conseil encourage néanmoins la population à demeurer vigilante et à dénoncer les situations et les pratiques qu'elle juge à l'encontre de ses valeurs.
Les brasseries : fausse « light » corrigée, « Tite-pute » et « Perruche »
Par ailleurs, le Conseil déplore qu'après une année où elles n'ont fait l'objet d'aucune plainte, les brasseries et microbrasseries ont fait à nouveau leur apparition dans son rapport avec deux plaintes dont la gravité est bien plus révélatrice que la quantité. De fait, la brasserie Labatt a mis sur le marché la bière Bud Light Platinum, qui n'a rien de « Light », puisqu'elle titre à 6 % d'alcool. Le Conseil a exigé qu'elle rebaptise sa bière « BL Platinum », comme elle a été forcée de le faire ailleurs au pays. Le Conseil se réjouit du fait qu'il ait été entendu par la brasserie qui vient tout juste d'effectuer ce changement. Il l'en a félicité.
Pour sa part, la microbrasserie Le Corsaire nous a fait revivre les temps les plus sombres du sexisme en mettant sur le marché une bière nommée « La Tite-pute » et une autre, « La perruche », dont l'étiquette représente une femme nue mise en cage.
Les chaines d'alimentation contournent la loi sur le prix minimum de la bière
Le rapport du Conseil met aussi en lumière la pratique courante des chaînes d'épiceries - et de certaines stations-service - qui banalisent l'alcool à un point tel qu'elles font de la bière un produit d'appel pour attirer les consommateurs dans leurs établissements mais qui ont pour effet de contourner de manière flagrante le prix minimum de la bière.
« Notre rapport contient des exemples de promotions, qui font totalement fi de l'éthique commerciale et des exemples de contournements grossiers des lois, non seulement en toute impunité, mais surtout de manière tout à fait légale et dûment approuvée par les autorités réglementaires », a précisé Me Claude Béland.
Recours à la sexualité, sexisme, sollicitation des mineurs et alcool gratuit dans les bars
Le Conseil déplore également la poursuite des pratiques totalement inacceptables de certains bars qui se livrent à des violations des règles d'éthique auxquelles leur association a adhéré et qui violent en plus les règlements et les règles les plus élémentaires de décence en toute impunité.
On note en effet toujours autant de plaintes à l'encontre des pratiques commerciales et promotionnelles des bars qui exploitent la sexualité, recourent au sexisme, sollicitent des mineurs au sein d'établissements d'enseignement et vendent la bière à des prix dérisoires et en offrent gratuitement, violant ainsi ouvertement la loi.
Un virage nécessaire vers l'éthique publique
Le Conseil constate aujourd'hui que, bien qu'existantes, les lois relatives à l'alcool ne sont pas aussi contraignantes qu'on pourrait le croire : d'aucuns tentent de les contourner, y parviennent avec succès et leur application n'est pas toujours assurée.
« Il y a là une illustration éloquente de l'insuffisance et de l'inadéquation de certaines lois et de la place essentielle que peut et doit occuper l'éthique pour guider les comportements de l'industrie. De fait, quand la loi ne suffit pas, il faut recourir aux règles d'éthique qui, elles, peuvent servir de guides à l'industrie. Et Lorsque l'on ignore les règles élémentaires de l'éthique, on s'expose aux renforcements des lois », ajoute Me Claude Béland.
Pour le Conseil, en l'absence de conscience éthique, il faut à présent se résoudre à modifier les lois. La contrainte n'est pas la solution première à laquelle on doive recourir et l'éthique peut contrebalancer heureusement l'absence de contraintes. Mais il faut bien se rendre à l'évidence que l'adage « Pas nécessairement la contrainte, mais la contrainte si nécessaire » voit bien ici son application.
« Le Conseil invite l'industrie et les autorités gouvernementales à rechercher des consensus pour tenter de mieux baliser des pratiques dont l'éthique est encore trop aléatoire la liberté absolue des individus dans l'intérêt de la collectivité, au nom même de la liberté et de l'égalité des personnes. La recherche de la liberté ne passe pas par l'addition de la somme des individualités », a conclu Me Béland.
À propos du Conseil d'éthique de l'industrie québécoise des boissons alcooliques
Créé en 2006, le Conseil d'éthique de l'industrie québécoise des boissons alcooliques est un organisme d'autoréglementation qui a pour mandat de voir à l'application du code d'éthique dont se sont dotés les distillateurs, les fabricants de vin, les fabricants de cidre, les agents promotionnels, la Société des alcools du Québec et auquel ont adhéré les associations de restaurateurs, de chaînes de restaurants, de propriétaires de bars, tavernes et brasseries.
Toute personne qui souhaite porter plainte auprès du Conseil d'éthique peut le faire en se procurant un formulaire sur son site Internet (www.conseilethique.qc.ca) ou par courriel ([email protected]).
SOURCE : Conseil d'éthique de l'industrie québécoise des boissons alcooliques
Pour informations supplémentaires et entrevues : Vanessa Roland, 514 966-8963, [email protected]
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