Rapport annuel 2015 du Conseil d'éthique de l'industrie québécoise des boissons alcooliques : L'État a abdiqué sa responsabilité de défenseur du bien commun
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Conseil d'éthique de l'industrie québécoise des boissons alcooliques29 févr, 2016, 07:01 ET
MONTRÉAL, le 29 févr. 2016 /CNW Telbec/ - Le Conseil d'éthique de l'industrie québécoise des boissons alcooliques, présidé par Me Claude Béland, a rendu public, ce matin, son neuvième rapport annuel sur les pratiques des membres de l'industrie en matière de communication, de commercialisation et de promotion de l'alcool. Bien que faisant état d'une diminution du nombre de plaintes, les conclusions de ce rapport amènent le Conseil à s'inquiéter des pratiques commerciales et des promotions croisées qui ont pour effet de contourner le prix minimum de la bière.
Les promotions croisées contournent les lois en offrant ou en réduisant les coûts de d'autres produits que l'alcool à l'achat de bière. Bien que le Conseil ait alerté les autorités publiques dans le passé quant à ces pratiques, celles-ci se sont poursuivies allègrement en 2015, en toute impunité, et dans la plus totale indifférence de l'État.
«L'inaction des autorités gouvernementales et de la Régie des alcools, des courses et des jeux, en ce qui a trait aux promotions croisées, est à proprement parler inacceptable. De graves lacunes persistent dans nos lois et règlements en matière de promotion de l'alcool», a déclaré le président du Conseil d'éthique, Me Claude Béland.
Une diminution des pratiques non éthiques des bars
Sur un plan plus positif, le conseil constate que le nombre de plaintes contre les bars a diminué de manière significative en 2015.
Pour Me Béland, «une bonne nouvelle peut toutefois en cacher une mauvaise. De fait, il n'est pas impensable que des citoyens se sentent démunis et impuissants à corriger des pratiques qu'ils jugent inacceptables, et il est possible que la baisse du nombre de plaintes soit le reflet de cette démission face à ce qui est perçu comme immuable».
L'autre préoccupation du Conseil réside dans ce qui semble être une augmentation du seuil de tolérance sociale face à l'abus d'alcool. La banalisation, voire la valorisation, de l'abus et le manque d'interventions de bien des intervenants, dont on aurait pu espérer une action plus soutenue, ne sont sans doute pas étrangers à cette baisse du nombre de plaintes.
Moins de plaintes
Au total, en 2015, le Conseil d'éthique a traité neuf plaintes provenant de 11 personnes et organismes : une diminution de moitié du nombre de plaintes par rapport à 2014, alors que 18 plaintes provenant de 35 personnes et organismes avaient été étudiées.
En cette année, ce sont les plaintes contre les pratiques des épiceries et des dépanneurs (5) qui arrivent en tête. Elles ont toutes été retenues par le Conseil qui a fait part de son avis aux entreprises concernées et les a invitées à mettre fin à la pratique dénoncée. La pratique de promotion croisée était le motif de chacune de ces plaintes.
Une des trois plaintes déposées contre des bars pour sexisme et recours à la sexualité, ainsi qu'à la promotion de la consommation excessive, a été retenue par le Conseil alors que les deux autres ne relevaient pas de son mandat.
Par ailleurs, une plainte contre la brasserie Sleeman a été retenue par le Conseil. Elle est relative à la promotion de la bière Lift sur l'emballage de laquelle on peut lire : « Pour ceux axés sur la performance », ce qui contrevient au code d'éthique qui stipule que « la communication et l'emballage ne doivent aucunement laisser entendre que la consommation améliore les capacités physiques ou intellectuelles ou qu'elle offre des bénéfices pour la santé ».
Le Conseil a invité Sleeman à retirer cette mention sans délai, d'autant plus qu'au moins deux autorités réglementaires canadiennes, la Colombie-Britannique et l'Alberta ont interdit la vente de ce produit pour cette même raison. Le Québec, lui, n'a rien trouvé à redire.
Finalement, le Conseil s'est réjoui du fait que pour la cinquième année consécutive, tous les membres d'Éduc'alcool ont respecté les dispositions du code d'éthique et que, bien que n'y ayant toujours pas adhéré, les brasseurs québécois s'y sont conformés dans les faits à une notable exception près.
À propos du Conseil d'éthique de l'industrie québécoise des boissons alcooliques
Créé en 2006, le Conseil d'éthique de l'industrie québécoise des boissons alcooliques est un organisme d'autoréglementation qui a pour mandat de voir à l'application du code d'éthique dont se sont dotés les distillateurs, les fabricants de vin, les fabricants de cidre, les agents promotionnels, la Société des alcools du Québec et auquel ont adhéré les associations de restaurateurs, de chaînes de restaurants, de propriétaires de bars, tavernes et brasseries.
SOURCE Conseil d'éthique de l'industrie québécoise des boissons alcooliques
et entrevues : Marie-Pier Côté, 418 999-4847, [email protected]
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