Rapport annuel 2017 du Conseil d'éthique de l'industrie québécoise des boissons alcooliques : L'année de tous les excès et du laxisme gouvernemental
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Conseil d'éthique de l'industrie québécoise des boissons alcooliques26 févr, 2018, 07:31 ET
MONTRÉAL, le 26 févr. 2018 /CNW Telbec/ - Le Conseil d'éthique de l'industrie québécoise des boissons alcooliques, présidé par Me Claude Béland, a rendu public ce matin son onzième rapport annuel sur les pratiques des membres de l'industrie en matière de communication, de commercialisation et de promotion de l'alcool. Il y indique que 2017 aura été celle de tous les excès. En effet, les promotions croisées pour contourner allègrement le prix minimum de la bière semblent désormais être la norme, des producteurs, Four Loko et FuckdUp en tête, ont rivalisé d'imagination pour se situer à la frange de la législation, les bars poussent l'indécence jusqu'à déguiser des événements de promotion de la consommation excessive en gestes de responsabilité sociale tandis que l'État demeure totalement indifférent à cette situation scandaleuse. Malgré tout, la lumière apparaît au bout du tunnel et plusieurs signes permettent d'espérer une amélioration pour l'avenir.
« En onze ans d'existence, il y a certes eu d'immenses progrès, mais nous observons plus que jamais aussi des reculs que l'on peut assurément attribuer en bonne partie à l'État québécois dont l'indifférence, le laxisme et le manque de sensibilité aux problèmes liés à l'alcool permettent toutes les dérives et justifient l'injustifiable. Il est déplorable que le premier responsable de notre vie collective néglige à ce point de faire le minimum que l'on puisse en attendre; faire respecter l'esprit comme la lettre de ses lois, à défaut de faire adopter celles dont le besoin est criant », a déclaré le président du Conseil d'éthique Me Claude Béland.
Augmentation marquée du nombre de plaintes
En 2017, le Conseil d'éthique a traité 20 plaintes provenant de 28 personnes et organismes, une augmentation significative par rapport à 2015, alors que 11 plaintes provenant de 13 personnes et organismes avaient été étudiées.
« Deux aspects peuvent expliquer cette augmentation marquée du nombre de plaintes. Le premier est que, plus que jamais, certains intervenants se plaisent à jouer avec la législation en vigueur et à la contourner, ce qui est une mauvaise nouvelle. Le deuxième est que la population est davantage sensible aux comportements non éthiques, ce qui est une bonne nouvelle », a commenté Me Béland.
Les plaintes en bref :
- 5 plaintes retenues contre des producteurs;
- 10 plaintes portées à l'encontre de bars et d'organisateurs d'événements dans des bars, dont deux ont fait amende honorable;
- l'entrée en force de la pornographie dans les bars est caractéristique de 2017.
- 3 plaintes portées contre des chaînes d'épicerie pour contournement du prix minimum de la bière par l'entremise de promotions croisées;
- mais la pratique est généralisée à toutes les chaînes sans exception.
- 1 plainte contre la SAQ qui a fait amende honorable.
La lumière au bout du tunnel
Il existe malgré tout des signes encourageants que le Conseil croit essentiel de mettre en lumière.
En effet, les médias commencent à rapporter plus régulièrement les problèmes liés à l'abus d'alcool et ne se contentent plus de se faire les échos des tenants de la baisse des prix et de l'augmentation de l'accessibilité des produits alcoolisés.
De plus, des initiatives positives commencent à voir le jour. Le Conseil se doit en effet de saluer deux d'entre elles qui ont été portées à son attention et y voit des signes des plus encourageants. Le Conseil cite le Siboire qui, alors qu'elle avait été blâmée en 2010 pour avoir encouragé la consommation excessive, fait désormais la promotion de la consommation modérée et responsable. Il souligne également les efforts de la chaîne d'épicerie Metro qui, si elle recourt comme ses concurrents aux promotions croisées pour contourner le prix minimum de la bière, n'en a pas moins décidé de son propre chef de ne plus vendre la Four Loko et la FckdUp, deux produits vivement dénoncés par le Conseil.
Ces initiatives sont porteuses d'espoir. Elles ne sont pas les seules et il y a assurément un peu partout des citoyens et des organisations qui prennent conscience de la nécessité de remettre l'éthique au cœur de notre vie collective.
« Le Conseil est déterminé à repenser et à revaloriser l'éthique à la fois par une démarche auprès des adhérents au code d'éthique et dans la société. Il est convaincu de pouvoir contribuer, à sa manière et dans ses limites, à faire avancer le débat public sur un enjeu fondamental qui va au-delà des modes et des tendances », a conclu Claude Béland.
À propos du Conseil d'éthique de l'industrie québécoise des boissons alcooliques
Créé en 2006, le Conseil d'éthique de l'industrie québécoise des boissons alcooliques est un organisme d'autoréglementation qui a pour mandat de voir à l'application du code d'éthique dont se sont dotés les distillateurs, les producteurs de vin, les producteurs de cidre, les agents promotionnels, la Société des alcools du Québec et auquel ont adhéré les associations de restaurateurs, de chaînes de restaurants, de propriétaires de bars, tavernes et brasseries.
SOURCE Conseil d'éthique de l'industrie québécoise des boissons alcooliques
et entrevues : Camille Rochon, 514 688-2519, [email protected]
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