Réaction au budget Leitao - Encore une fois, on néglige l'école publique et on protège l'école privée
MONTRÉAL, le 5 juin 2014 /CNW Telbec/ - En réaction au dépôt du budget Leitao, les syndicats représentant le personnel de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) dénoncent vertement l'orientation du gouvernement libéral de Philippe Couillard de perpétuer le sous-financement des commissions scolaires et de maintenir le financement public aux écoles privées.
Dans un objectif d'atteinte du déficit zéro, le budget des écoles publiques du Québec a été amputé de 640 millions de dollars au cours des dernières années. La faible hausse de 2,2 % du budget du ministère de l'Éducation annoncée hier ne couvre pas l'augmentation des coûts de système qui s'ajoute au fardeau des ponctions précédentes. De plus, les parents devront assumer une augmentation de frais des services de garde deux fois supérieure à l'inflation et certaines commissions scolaires devront à nouveau hausser les taxes scolaires.
Comble de malheur, le gouvernement Couillard, comme l'ont fait les gouvernements qui l'ont précédé, a de nouveau épargné le réseau des écoles privées de l'effort de redressement des finances publiques, car la compression budgétaire ne sera que de 14 millions de dollars pour les services aux élèves et de 13 millions de dollars pour le transport scolaire. Pourtant, les écoles privées reçoivent annuellement 550 millions de dollars pour les services aux élèves sans compter les subventions pour l'entretien des bâtiments, l'amélioration des équipements sportifs ou le transport scolaire. « Peu importe le contexte, le financement public des écoles privées est injustifiable selon nous. En période d'austérité, il est d'autant plus inadmissible. Ce gouvernement fait le choix d'utiliser les fonds publics pour financer des entreprises privées avec l'argent nécessaire pour maintenir des services publics de qualité. C'est un choix idéologique et dogmatique pour favoriser quelques citoyens privilégiés et les entreprises privées. Dans le réseau de l'éducation, la part des fonds publics dirigés vers des services privés ne cesse de croître. Les fonds publics doivent rester dans les services publics », de commenter madame Catherine Renaud, présidente de l'Alliance des professeures et professeurs de Montréal.
Confrontée à un déficit de près de 47 millions de dollars il y a deux ans, la CSDM est déjà en mode compression des dépenses pour atteindre le déficit zéro. Le budget Leitao ajoutera une pression supplémentaire sur le budget de fonctionnement de la commission scolaire. « La CSDM est de loin la commission scolaire qui compte le plus d'élèves défavorisés, le plus d'élèves handicapés ou en difficulté et le plus d'élèves allophones. Ces élèves ont besoin de services particuliers. Les parents de la CSDM en ont marre de toujours réclamer ces services essentiels pour leurs enfants et de se faire répondre qu'ils sont coûteux. Nous devons constamment payer de nos poches pour avoir les services d'un psychologue, d'un orthophoniste ou d'un psychoéducateur, par exemple. Déjà en nombre insuffisant, le personnel professionnel disponible dans les écoles publiques est complètement débordé par le nombre d'enfants qu'il doit aider. Pendant ce temps, le gouvernement donne des fonds publics aux collèges Brébeuf, Jean-Eudes ou Regina Assumpta qui n'ont pas à composer avec des élèves en trouble d'apprentissage ou de comportement. Le parti pris du gouvernement libéral pour l'école privée au détriment de l'école publique n'est pas très subtil. Le premier ministre et le ministre de l'Éducation ne semblent même pas embarrassés par la situation. Dire que c'est le Parti libéral qui a créé le ministère de l'Éducation et qui a rédigé la Loi sur l'instruction publique pour que tous les Québécois aient accès sans frais à une école publique de qualité! », de poursuivre Jacques Dionne, commissaire-parent et vice-président du Comité de parents à la CSDM.
En plus du profil socioéconomique des élèves de son territoire qui nécessitent des mesures extraordinaires pour contrer les effets de la défavorisation économique et relever le défi de la réussite des quelque 20 000 élèves qui présentent des difficultés d'apprentissage, de comportement ou de maîtrise de la langue française, la CSDM accueille le plus grand nombre d'élèves handicapés de toutes les régions du Québec dans ses nombreuses écoles à vocation régionale ou suprarégionale. Elle est également celle où la moyenne d'âge de son parc immobilier est la plus âgée, 65 ans par rapport à 50 ans pour l'ensemble du Québec. Aucune autre commission scolaire ne compte une vingtaine d'édifices avec des problèmes de qualité de l'air dont huit sont fermés à cause de la moisissure. « En plus de laisser les élèves et le personnel dans des édifices contaminés qui affectent leur santé, les principales mesures de redressement à la suite de ce budget se traduiront à nouveau par des coupes de postes en service direct aux élèves et par un alourdissement de la tâche généralisée pour toutes les catégories de personnel, dont le personnel professionnel qui a déjà subi une abolition de 25,5 postes avant l'annonce du budget. Les besoins des élèves ainsi que la santé et la sécurité des employés seront encore plus précarisés par les choix du gouvernement qui se déresponsabilise de plus en plus en ce qui a trait aux services publics », d'ajouter monsieur Michel Mayrand, président du Syndicat des professionnelles et professionnels du milieu de l'éducation de Montréal.
« L'heure n'est pas aux compressions ou au gel des dépenses, mais au réinvestissement à la CSDM. Nous évaluons à 1 milliard de dollars les sommes requises pour atténuer le déficit d'entretien des édifices à la CSDM. Les écoles de Montréal débordent. Les éducatrices en service de garde de plusieurs écoles n'ont plus de locaux. Elles doivent mener les activités et faire manger les élèves dans les classes. Les concierges, sans aide supplémentaire, doivent nettoyer tous les locaux au moins deux fois par jour parce que les enfants mangent en classe. Les suppressions de postes font en sorte qu'une école de 500 élèves n'a plus qu'une seule secrétaire. Ce budget ne fera que détériorer la situation. Les citoyennes et citoyens ont besoin de services publics de qualité. La capacité de payer du contribuable est atteinte contrairement à celle des entreprises. Si le gouvernement Couillard est sérieux pour redresser les finances publiques, il doit obliger les compagnies à contribuer davantage au budget de l'État. Il est grand temps que s'amorce la lutte aux abris et échappatoires fiscaux qui profitent aux entreprises et font perdre des milliards de dollars au trésor public », de conclure monsieur Charles Allen, président de l'Association professionnelle du personnel administratif.
Sources : |
Alliance des professeures et des professeurs de Montréal - FAE |
SOURCE : Alliance des professeures et professeurs de Montréal
Yves Parenteau 514-910-3195
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