Réaction au mémoire présenté par la Fédération des chambres de commerce du Québec dans le cadre des auditions sur le projet de loi nº 86 - L'éducation ne se résume pas à l'adéquation formation-emploi
MONTRÉAL, le 8 mars 2016 /CNW Telbec/ - C'est avec stupéfaction que la Fédération des cégeps reçoit la proposition de gouvernance scolaire défendue aujourd'hui par la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) en commission parlementaire, dans le cadre des auditions sur le projet de loi nº 86. Confier l'éducation à des conseils régionaux composés majoritairement d'entreprises, comme le demande la FCCQ, serait dangereux et la Fédération des cégeps s'oppose vivement à une telle proposition. « Si les cégeps sont des artisans de l'adéquation formation-emploi et sont tout à fait disposés à poursuivre leurs efforts en ce sens, il serait insensé et irresponsable de mettre le système d'éducation québécois entre les mains des entreprises, sans autre souci que de fournir la main-d'œuvre au marché du travail », a indiqué le président-directeur général de la Fédération des cégeps, M. Bernard Tremblay.
La Fédération constate par ailleurs que l'analyse sur laquelle prend appui cette suggestion de la FCCQ est non seulement simpliste, mais également basée sur des préjugés. Cette analyse laisse en suspens davantage de questions qu'elle n'offre de réponses, quand elle n'est pas carrément erronée, ce qui témoigne d'une méconnaissance de la réalité. C'est le cas, par exemple, lorsqu'elle déplore le mince choix de formations à distance tout en présentant une liste largement incomplète des formations offertes par les cégeps.
Par ailleurs, à la lecture de ce mémoire, il est difficile de ne pas conclure que la motivation première de la FCCQ consiste à obtenir un financement en reconnaissance du rôle qu'elle jouerait dans un tel scénario, soit par l'État ou par l'entremise d'une adhésion obligatoire, comme c'est le cas dans certains pays européens cités en exemple par la FCCQ.
La meilleure solution : favoriser les rapprochements entre les cégeps et les entreprises
La Fédération des cégeps, qui s'est jusqu'à maintenant abstenue de participer aux débats sur le projet de loi nº 86, est d'avis qu'il faut plutôt poursuivre les efforts de rapprochement entre les entreprises et les maisons d'enseignement, dans le meilleur intérêt socioéconomique du Québec.
Actuellement, 80 % des programmes techniques conduisant au DEC offerts au cégep comportent des stages en milieu de travail et ces stages peuvent dans certains cas représenter jusqu'à 65 % de la formation spécifique. La Fédération des cégeps a récemment mis de l'avant, avec des partenaires du monde économique, dont la FCCQ, des projets de partenariats destinés à intensifier les rapprochements entre ses membres et les entreprises. Une réalité qui vient contredire l'affirmation du mémoire de la même FCCQ, selon laquelle le système d'éducation québécois ne permettrait pas ce genre de partenariat actuellement.
La Fédération estime par ailleurs que, plutôt que de simplement déplorer le manque de main-d'œuvre disponible et d'en imputer la cause unique à un problème de gouvernance, les entreprises ont aussi la responsabilité d'avoir davantage recours à la formation continue et aux services aux entreprises des cégeps pour former ou encore recycler leur personnel. Dans un contexte de baisse démographique, la formation continue représente une des solutions aux pénuries de main-d'œuvre. Les entreprises doivent aussi contribuer à offrir davantage de milieux de stages aux étudiants du collégial en général.
Enfin, la Fédération des cégeps mise également beaucoup sur les rapprochements entre les commissions scolaires, les cégeps et les universités, afin d'améliorer la fluidité du parcours scolaire et d'offrir aux jeunes et aux adultes un cheminement en fonction de leurs besoins et de leur réalité.
Il faut rappeler que les 132 programmes techniques conduisant à un DEC offerts dans les cégeps sont élaborés et révisés en collaboration avec le marché du travail et que, chaque année, environ 50 % des étudiants inscrits à l'enseignement ordinaire au collégial étudient en formation technique. Les cégeps offrent aussi annuellement environ 300 programmes courts de formation technique menant à l'obtention d'une AEC. Au cours des dix dernières années, près de 600 000 personnes sont sorties du cégep avec un diplôme, dont 300 000 avec un diplôme technique. Selon les dernières données disponibles, le taux de placement moyen des diplômés de la formation technique est supérieur à 93 % et le taux de satisfaction des employeurs à l'égard de la compétence des techniciens, techniciennes et technologues, est de 96 %. Fait à noter, le nombre d'étudiants qui choisissent de poursuivre des études universitaires une fois qu'ils ont obtenu un diplôme d'études collégiales technique est en hausse constante depuis quelques années; actuellement 30 % de ces étudiants poursuivent leur formation au niveau universitaire, combinant ainsi les qualifications d'une formation technique et les connaissances universitaires.
La Fédération des cégeps est le regroupement volontaire des 48 collèges publics du Québec. Elle a été créée en 1969 dans le but de promouvoir le développement de la formation collégiale et des cégeps. Elle agit comme porte-parole officiel et lieu de concertation des cégeps, à qui elle offre des services en matière de pédagogie, d'affaires étudiantes, d'affaires internationales, de formation continue et de services aux entreprises, de financement, de ressources humaines, d'évaluation de la scolarité, d'affaires juridiques, de technologies de l'information, de recherche, de négociation et de relations du travail. La Fédération des cégeps représente les collèges pour la négociation des conventions collectives. www.fedecegeps.qc.ca.
SOURCE Fédération des cégeps
Judith Laurier, directrice des communications, 514 381-8631, poste 2337; cellulaire : 514 239-2088
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