Réaction de la FPHQ aux annonces du MSSS sur les horaires de faction et la politique sur les services préhospitaliers du Québec
RIVIÈRE-DU-LOUP, QC, le 17 juin 2022 /CNW Telbec/ - Le ministre de la Santé et des Services sociaux, monsieur Christian Dubé, a annoncé en grande pompe, mardi le 14 juin, un investissement de près de 30 millions de dollars pour convertir 46 horaires de faction en horaire à l'heure dans 11 régions du Québec, ce que nous saluons. Il laisse le soin aux CISSS/CIUSSS d'annoncer les détails des endroits touchés et des modalités s'y rattachant. Ceci est louable et nous verrons de quoi il en retourne dans le détail avec eux. Cependant, dans certains cas, il s'agirait de conversions partielles. Des horaires qui couvrent actuellement 24 heures, en couverture de 12 heures et des ajouts d'heures ponctuelles au besoin. À certains endroits, il pourrait même s'agir pour le MSSS d'horaires à l'heure à l'intérieur des horaires de faction communément appelés horaires Core-Flex. Pour la FPHQ, les Core-Flex sont inacceptables et ne figurent pas à nos conventions collectives. Ils sont donc illégaux. Au moment où la province manque de couverture ambulancière, il est inconcevable que des horaires de faction soient convertis à mi-temps. C'est un non-sens, mais nous nous sommes habitués aux incongruences du MSSS au fil des décennies. Nous ferons donc en sorte de nous y opposer encore une fois.
Lors de cette conférence de presse à public réduit, sur page Facebook, le ministre en a profité pour promouvoir un ordre professionnel pour les paramédics, en se complaisant à dire que cela permettra au MSSS d'envoyer les paramédics porter secours à un réseau de la santé qui est grandement malade. Nos membres sont habitués de porter secours, mais nous croyons que le MSSS vit dans un monde de licornes, puisque le ministre Dubé n'a pas le portrait réel de la situation préhospitalière. Un ordre professionnel ne résoudra pas le manque de main-d'œuvre, alors que nos membres peinent à répondre aux appels sans cessent en augmentation. De réorienter les patients vers une autre ressource que l'hôpital ne fera pas diminuer les appels des citoyens et la sollicitation d'ambulances.
Monsieur Dubé, comment voulez-vous que les paramédics puissent aller travailler dans une urgence, un CHSLD et faire de la paramédecine communautaire alors qu'ils vivent des refus de congés, des vacances refusées ou reportées, une surcharge de travail, des vides horaire et des bris de service dans presque toutes les régions du Québec. Par ailleurs, il reste toujours plus de la moitié des horaires de faction du Québec qui sont aussi à convertir. C'est très beau de parler de la paramédecine communautaire, des projets pilotes, etc., mais savez-vous que dans le domaine policier, la police communautaire s'effectue avec des équipes dédiées à cet aspect uniquement? Nous l'avons signifié à vos mandataires à la table de négociation, mais ils ne vous l'ont de toute évidence pas communiqué. Il est impensable de voir les paramédics faire de la paramédecine communautaire et répondre aussi à des appels d'urgence.
Nous nous questionnons vraiment à savoir ce que vos gens à la direction du préhospitalier du MSSS vous disent Monsieur Dubé. Il est grand temps que vous parliez aux gens du terrain, aux paramédics en secteur urbain et rural, et même aux employeurs, et non seulement aux bureaucrates de votre ministère qui ne vivent pas les problèmes. Les enjeux de main-d'œuvre et de l'ensemble du réseau préhospitalier trouveront des solutions via les conditions de travail offertes aux paramédics, pour ceux et celles à venir et pour ceux et celles qui y sont déjà. Pour l'instant à la table de négociation on nous offre des miettes, des primes pour travailler encore plus sans arrêt et pour attendre que notre civière se libère dans un centre hospitalier, la fameuse prime de temps d'utilisation clinique (TUC). Savez-vous combien d'heures les paramédics attendent pour voir leur civière être libérée à l'hôpital? Vos gens nous proposent même une convention collective qui se terminerait en mars 2023. Quelle belle vision à long terme, ce n'est que pelleter les problèmes vers l'avant.
Monsieur Dubé, qu'attendez-vous pour mettre des gens qui comprennent les enjeux du système préhospitalier à la table de négociation? Vous n'êtes peut-être pas à blâmer pour les offres insultantes que nous avons reçues, mais vos fonctionnaires et ceux du Secrétariat du Conseil du trésor le sont. Ils portent un message de mépris et de méconnaissance du travail de paramédics. Alors que Monsieur Legault nous a indiqué être ouvert à toutes nos demandes, le volet administratif du MSSS et du SCT n'a de toute évidence pas reçu le message du volet politique.
Les paramédics sont les salariés d'urgence les moins bien rémunérés au Québec, un rattrapage salarial est légitime pour se rapprocher de nos collègues policiers/pompiers/infirmiers à l'urgence. Après tout, pour devenir paramédics en soins primaires, il faut, tout comme eux, obtenir un DEC. Savez-vous aussi que la retraite n'est pas accessible avant l'âge de 60 ans sans pénalités? Est-ce que vous pouvez vous imaginer, Monsieur Dubé, en train de descendre un patient dans un escalier en colimaçon dans le Vieux-Québec à votre âge? Les policiers prennent leur retraite après 25 années de service ou à l'âge de 55 ans. Les paramédics demandent 58 ans ou 35 années de service, est-ce trop demandé? C'est une profession très usante physiquement et psychologiquement.
Alors que l'inflation est en hausse constante, on nous offre 2% par année! Lors de la pandémie, le MSSS a « oublié » que les paramédics constituent la vraie première ligne. Nos gens étaient au front et nous avons dû nous plaindre via les médias pour être finalement inclus à la prime covid de 8% du RSSS. Nos membres n'ont reçu aucun incitatif pour augmenter leur prestation de travail, pas de temps double, pas de prime de 1 000$ par mois pour être présents sur tous leurs quarts de travail pour sauver des vies, rien. Qui plus est, vos gens à la table de négociation refusent même de corriger cette injustice en nous les accordant de façon rétroactive. Ce qui revient à dire aux 6 500 paramédics du Québec, que le MSSS ne reconnaît ni leurs efforts fournis lors de la pandémie ni leur travail d'aujourd'hui. Vous-mêmes avez mentionné lors de votre conférence de presse avoir été « émerveillé de la contribution des paramédics dans les urgences à aider les infirmiers/infirmières ». Les paramédics sont les grands oubliés de votre réseau à qui vous demandez de le sauver en faisant encore plus avec rien de plus. Honnêtement, Monsieur Dubé, venez nous rencontrer, parlez avec nous directement pendant plus de 20 minutes.
Petite anecdote: Saviez-vous que depuis le ministre Barrette, qui lui l'avait fait, aucun autre ministre de la Santé de la CAQ ne nous a accordé de rencontre? Et vous voulez que nos membres portent secours au RSSS?
Nous sommes disponibles quand vous le voudrez Monsieur Dubé pour échanger cordialement et respectueusement sur les vrais enjeux du préhospitalier, si vous voulez bien entendu avoir les paramédics du Québec avec vous dans vos efforts de refonte du RSSS. Nos coordonnées sont bien connues de vos gens à la direction des services préhospitaliers. Ils vous les fourniront avec plaisir.
SOURCE Fédération des employés du préhospitalier du Québec
SOURCE Fédération des employés du préhospitalier du Québec (Le seul syndicat indépendant du préhospitalier, représentant 2500 membres); INFORMATIONS: Daniel Chouinard, Président, [email protected], 1-800-661-1556 ext.1
Partager cet article