QUÉBEC, le 25 mars 2025 /CNW/ - Si le RQRA remercie le gouvernement du Québec d'avoir pris le temps d'évaluer ses demandes de soutenir les personnes en perte d'autonomie ayant choisi comme domicile une résidence privée pour aînés (RPA), il craint que les deux mesures annoncées dans le budget 2025-2026 soient insuffisantes pour arrêter les déménagements de résidents provoqués par d'autres fermetures ou encore l'abandon de l'offre de soins de plusieurs RPA, spécifiquement en région.
Dans son budget 2025-2026, le gouvernement du Québec ne révise que les programmes pour les gicleurs et pour les primes d'assurances, ce qui est loin de suffire pour sortir les RPA de la crise.
Ces deux programmes font partie des compensations mises en place ces dernières années, certaines visant les RPA, d'autres soutenant directement les aînés. L'objectif est le même : atténuer les augmentations de loyer et le déficit financier de l'offre de soins en RPA. Ces deux réalités découlent de l'explosion des exigences réglementaires et de l'inflation des coûts de main-d'œuvre.
« Les programmes de compensation pour les RPA prennent fin sans que le gouvernement n'ait mis en place un plan à long terme pour assurer la pérennité de ces milieux de vie pour aînés qu'il a lui-même compromis par ses décisions. Soit les résidents en perte d'autonomie devront payer beaucoup plus cher, s'ils en ont les moyens, soit le risque que leur RPA ferme s'accroîtra », explique le directeur des Affaires gouvernementales du RQRA, Hans Brouillette.
Le RQRA explique mal ce calcul du gouvernement Legault : « Nous parlons de 36 740 résidents (27% des résidents en RPA) en perte d'autonomie (semi-autonomes ou non autonomes), selon la Commissaire à la santé et au bien-être. Ils devront soit rester dans une maison ou un appartement, alors qu'il manque de logements, soit être hébergés dans le réseau public », rappelle Hans Brouillette. « Dans le premier cas, l'État devra dépêcher du personnel tous les jours pour y donner des soins et de l'assistance personnelle. Le gouvernement perdra alors tout contrôle sur son budget de soutien à domicile. Dans le deuxième cas, il devra faire une place dans son réseau public à ce 27 % de résidents semi-autonomes ou non autonomes quand leurs RPA vont fermer. Là aussi, il perdra tout contrôle, comme le démontre cet autre 629 M$ allongé dans le budget 2025-2026 servant en partie à terminer les maisons des aînés, qui coûtent plus de $900,000 par unité. »
Le RQRA estime qu'il en coûterait plus de 4,5 milliards $ pour fournir les mêmes soins qu'en RPA, soit dix fois plus. Soutenir les aînés en RPA représente donc une économie de plus de 4 milliards $, excluant les constructions nécessaires pour héberger autant de monde.
30 autres millions pour les gicleurs
Environ 125 RPA de 10 unités ou plus n'ont toujours pas de gicleurs et bénéficient d'un report de l'échéance à décembre 2027 pour les installer. N'ayant aucun modèle de revenus possibles pour financer une telle installation, leur survie dépendra si le montant global de 30 M$ alloués dans le budget 2025-2026 couvrira la totalité de leurs dépenses ou, comme ce fut le cas depuis 10 ans pour les autres RPA, une partie seulement.
Prolonger le programme d'assurance : risqué pour les RPA
Le RQRA est en désaccord avec la prolongation du programme d'aide aux RPA (PARPA-EPA) visant à réduire l'impact de la hausse des primes d'assurance. Le RQRA met en garde les RPA qui s'en prévalent, car elles doivent en contrepartie renoncer à augmenter leurs loyers pour la portion des assurances. Lorsque le programme se terminera, elles se retrouveront donc en déficit de revenus pour payer les primes. Le RQRA demande plutôt au gouvernement de participer à la création d'une captive d'assurance, autofinancée, permettant de réduire les primes élevées et injustifiées facturées aux RPA par les assureurs.
L'illusion de la prolongation des primes de transition salariale
Il y a un an, le gouvernement annonçait la prolongation à 100 % des primes salariales de 4 $/h pour les préposées en RPA jusqu'à la fin de 2026. Or, dans les faits, c'est une réduction : « Ni le 4 $/h ni le plafond de salaires admissibles de 21,27 $/h n'ont été indexés depuis 2021, pendant que le gouvernement a accordé des augmentations de salaire considérables dans le réseau public », fait valoir le directeur des Affaires gouvernementales du RQRA. « Sans un soutien salarial équitable, comme un crédit d'impôt sur la masse salariale des soins, plusieurs RPA fermeront dès cette année ou cesseront d'offrir des soins. La capacité de payer des aînés a été dépassée et, par le fait même, celle des RPA d'augmenter les loyers aussi. »
De 2276 RPA que comptait le Québec en 2008, le choix pour l'énorme cohorte de population d'aînés se restreint maintenant à 1360 RPA, dont 1139 offrent encore des services d'assistance personnelle et/ou de soins infirmiers.
Plus d'aînés devront assumer seuls le paiement de leurs soins
Le programme d'allocation personnalisée (200 M$ sur cinq ans) lancé en janvier 2024 n'a jamais décollé et est, en réalité, un achat de services aux RPA. Très peu d'aînés y sont admissibles et rares sont les RPA intéressées à y participer, car le montant payé par Santé Québec est inférieur au coût réel des services offerts. En parallèle, les coupes budgétaires ordonnées par le ministre de la Santé, Christian Dubé, ont eu pour effet de réduire considérablement les heures de soins achetées aux aînés en RPA par l'État. Le RQRA réclame un véritable programme d'allocation à l'aîné.
La fin du programme de modernisation fera disparaître d'autres RPA
Le programme de modernisation des installations (52 M$ sur cinq ans) sur lequel comptaient les petites RPA pour être compensées face à l'explosion des exigences réglementaires gouvernementales prend fin. « Nous attendons des résultats pour les travaux de déréglementation promis par le gouvernement de la CAQ. Jusqu'à ce qu'on ait assoupli les normes pour les RPA, soit on relance le programme, soit on en instaure un nouveau. Pour le moment, c'est le vide », déplore Hans Brouillette. Le RQRA demeure néanmoins optimiste que les demandes déjà en cours seront traitées.
Le crédit d'impôt pour maintien à domicile
Enfin, le programme de crédit d'impôt pour maintien à domicile demeure pertinent. De 2021 à 2026, il passe graduellement de 35 % à 40 %. Le RQRA demandait qu'il soit bonifié pour les aînés moins fortunés ou en perte d'autonomie, mais c'est le statu quo.
À propos du RQRA
Le Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA) est un organisme à but non lucratif dont la mission est de représenter et de regrouper les résidences privées pour aînés au Québec, afin d'offrir aux aînés la qualité de vie qu'ils méritent. Le RQRA regroupe près de 800 membres parmi les 1360 résidences privées pour aînés restantes, totalisant 108 000 (80 %) des 135 000 unités en RPA que compte le Québec. La grande majorité des RPA sont des entreprises québécoises. Les RPA achètent pour 1,5 milliard $ de biens et services à travers l'ensemble des communautés du Québec et emploient plus de 44 500 personnes. Elles contribuent au PIB du Québec à hauteur de 4,6 milliards $. Les membres du RQRA offrent un milieu de vie de qualité aux aînés autonomes ainsi que des services d'assistance et des soins de santé à ceux qui sont en perte d'autonomie.
SOURCE Regroupement québécois des résidences pour aînés

Source : RQRA, Ahmed Cherif, Directeur des communications, Cellulaire : 514 549-1633, [email protected]
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