Réclamons une commission d'enquête nationale sur l'assassinat et la disparation des femmes autochtones
MONTRÉAL, 16 juin 2014 /CNW Telbec/ - La Fédération des femmes du Québec (FFQ) organisait ce midi une action éclair avec un groupe de militantes féministes au complexe Guy-Favreau à Montréal afin de dénoncer l'indifférence et l'inaction du gouvernement fédéral qui refuse toujours de tenir une commission d'enquête nationale sur les femmes autochtones assassinées et disparues au Canada. L'action s'est déroulée sous les yeux des travailleuses et travailleurs de ce secteur du centre-ville.
Selon les données recueillies par les Sœurs par l'esprit de l'Association des femmes autochtones du Canada, 1186 femmes autochtones ont disparu ou ont été assassinées au Canada entre 1980 et 2012. Leurs chiffres révèlent aussi que la situation s'est aggravée au cours des dix dernières années. Le rapport de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) confirmait récemment une grande partie de ces données. Le rapport de la GRC montre également que les femmes autochtones représentent 4,3 % des femmes au Canada, mais 16 % des femmes tuées. Cette surreprésentation des femmes autochtones se confirme aussi chez les victimes de violences; elles seraient 3 fois plus nombreuses à subir des violences que les femmes allochtones.
Pourquoi réclamer une commission d'enquête nationale?
La tenue d'une commission d'enquête nationale sur l'assassinat et la disparation des femmes autochtones est importante pour comprendre les causes de ces violences à l'endroit des femmes autochtones et pour identifier les pratiques que l'État et ses institutions doivent mettre en place pour en finir avec cette situation. Une telle commission permettra à l'État et à la société de comprendre pourquoi les femmes autochtones sont ciblées de la sorte. « Cette commission doit nous permettre non seulement d'identifier les causes de ces violences, mais aussi de faire des liens entre cette problématique et, par exemple, les luttes historiques des peuples autochtones pour l'autodétermination », souligne Alexa Conradi, présidente de la FFQ.
La violence, une conséquence bien réelle du colonialisme
Dès le début du colonialisme, les autorités s'en sont prises aux femmes autochtones, perçues comme étant trop libres et respectées. On a introduit l'inégalité juridique entre hommes et femmes autochtones avec l'adoption de la Loi sur les Indiens. Les méthodes de la colonisation (déplacement des populations, pensionnats, contrôle des pratiques culturelles, missionnariat) ont entraîné la marginalisation de nombreuses femmes autochtones dans leur propre communauté et dans l'ensemble de la société où elles continuent d'être victimes de préjugés et de dévalorisation. En voulant assimiler les autochtones, nous avons fini par détruire les cultures, les langues et les institutions autochtones et par nous approprier les terres et ressources. Même aujourd'hui, il y a plus d'enfants retirés de leurs familles et communautés qu'à l'époque connue comme le Big scoop. Les tissus sociaux affaiblis et déstabilisés, les femmes autochtones sont vulnérables aux prédateurs non autochtones et à la violence intracommunautaire. « Ladiscrimination systémique dont les femmes autochtones sont victimes participe activement à la vulnérabilité d'un bon nombre d'entre elles, qui se retrouvent en dehors de leur communauté et qui connaissent des situations d'itinérance ou de grande pauvreté favorables aux violences envers les femmes », ajoute Mme Conradi.
L'action éclair d'aujourd'hui s'inscrit dans une volonté de se solidariser avec les femmes autochtones et d'augmenter la pression sur le gouvernement conservateur pour qu'il tienne une commission d'enquête nationale sur les causes de ces meurtres. Au-delà de la justice, la FFQ souhaite que cette commission d'enquête nationale participe aux processus de réconciliation et de réparation amorcés par le gouvernement et la société autour des pensionnats pour autochtones. Cette démarche doit s'inscrire dans la continuité et permettre à la société dans son ensemble à faire face à son histoire.
SOURCE : Fédération des femmes du Québec
Cybel Richer-Boivin, 514-717-4847, Fédération des femmes du Québec
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