MONTRÉAL, le 8 oct. 2015 /CNW Telbec/ - Alors que divers groupes manifestent contre l'« austérité » budgétaire au Québec, l'utilisation de ce terme dans le débat public est aux antipodes de la façon dont celle-ci est définie et étudiée par la science économique, explique une Note économique publiée aujourd'hui par l'IEDM.
« Le terme "austérité" est mal compris au Québec. Certains commentateurs amalgament trop souvent les hausses de taxes ou d'impôts et les réductions de dépenses, alors que les deux ont pourtant des effets diamétralement opposés sur la croissance économique », dit Mathieu Bédard, économiste à l'IEDM et auteur de la publication.
Par exemple, certains affirment qu'une diminution des dépenses publiques a nécessairement pour effet de ralentir la croissance économique. Cette idée est contraire aux résultats des études universitaires menées de façon indépendante et publiées dans les revues universitaires les plus prestigieuses. Celles-ci démontrent plutôt qu'une baisse des dépenses publiques est moins susceptible de provoquer une récession qu'une augmentation des taxes et impôts, et qu'elle a des effets positifs, à terme, sur la croissance.
À l'inverse, augmenter les impôts et taxes pour revenir à l'équilibre budgétaire peut nuire à l'économie. Au-delà d'un certain niveau, une augmentation de ceux-ci entraîne une perte de bien-être économique plus importante que l'accroissement de bien-être financé par les revenus supplémentaires de l'État.
« Ces résultats sont à la fine pointe de la recherche économique et sont confirmés autant par des économistes plus favorables à l'intervention de l'État que par d'autres qui préconisent un recours accru aux mécanismes de marché », ajoute M. Bédard.
Les expériences d'autres pays confirment d'ailleurs cette thèse. Les pays de L'OCDE dont les gouvernements ont concentré leurs efforts pour revenir à l'équilibre budgétaire à 75 % sur la réduction des dépenses ont connu une croissance annuelle moyenne de 1,3 %. À l'inverse, ceux qui ont concentré leurs efforts à 75 % sur l'augmentation des revenus ont connu une contraction de leur économie de 0,4 % par année.
Comme le Québec n'a pas connu de hausse spectaculaire de son déficit durant la crise de 2008-2009, les mesures de redressement budgétaires de la période 2009-2013 - marquées par des hausses de taxes et de dépenses - sont demeurées modestes par rapport à la taille de son économie.
Certains commentateurs affirment que le gouvernement actuel a entrepris un programme d'austérité sévère qui menacerait la croissance économique. Ces affirmations sont erronées, souligne la publication, car encore une fois, elles ne distinguent pas les effets des réductions de dépenses et des hausses d'impôts.
« Les participants au débat public sur l'"austérité" ont le devoir de faire la part des choses entre les réductions des dépenses et l'augmentation des taxes et impôts », dit Michel Kelly-Gagnon, président et directeur général de l'IEDM. « La littérature la plus à jour en science économique, ainsi que les expériences d'autres pays, montrent non seulement que ces deux politiques ont des effets différents, mais contredisent aussi les explications de ceux qui proposent une hausse du fardeau fiscal pour retourner à l'équilibre budgétaire. »
La Note économique intitulée « La réduction des dépenses publiques favorise la croissance économique » est signée par Mathieu Bédard, économiste à l'IEDM, avec la collaboration de Vincent Geloso et Youcef Msaid, chercheurs associés à l'IEDM. Cette publication est disponible sur notre site.
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L'IEDM est un organisme de recherche et d'éducation indépendant, non partisan et sans but lucratif. Par ses études et ses conférences, l'IEDM alimente les débats sur les politiques publiques au Québec et partout au Canada en proposant des réformes créatrices de richesse et fondées sur des mécanismes de marché.
SOURCE Institut économique de Montréal
Demandes d'entrevues : Mariam Diaby, Directrice des communications, IEDM / Tél. : 514-273-0969, p. 2231 / Cell. : 514-668-3063 / Courriel : [email protected]
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