Un nouveau projet mené par l'INRS évaluera la réponse du vivant à une réduction de l'utilisation de pesticides.
QUÉBEC et MONTRÉAL, le 6 mai 2022 /CNW Telbec/ - Les pesticides altèrent la santé des sols et des cours d'eau en milieu agricole. Mais si on réduit l'utilisation de ces contaminants, comment réagissent les organismes vivants de nos écosystèmes ? La professeure Valérie Langlois, de l'Institut national de la recherche scientifique (INRS), cherche la réponse à cette question. Son équipe vient de recevoir un financement de près de 1,3 M$ du Fonds de recherche du Québec - Nature et technologies (FRQNT) et du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ) pour mener ces travaux.
« Ces connaissances jusqu'ici incomplètes, voire absentes pour les mélanges de pesticides, sont fondamentales pour soutenir et justifier la transition vers une agriculture écologique et durable, indique Valérie Langlois, experte en écotoxicogénomique. Il est essentiel de démontrer clairement qu'une réduction de pesticides entraîne un bénéfice important à l'échelle de l'écosystème sol-eau tout en limitant la diminution du rendement agricole. »
La chercheuse souligne que le succès de la restauration d'un écosystème nécessite l'utilisation d'indicateurs biologiques. En effet, cela permet de déterminer si les mesures mises en œuvre sont efficaces et donnent les résultats escomptés. « Nous devons bien comprendre l'état actuel de la situation si l'on veut dresser un portrait de cet état à la suite des changements de pratiques agricoles au Québec », ajoute-t-elle.
La professeure Langlois mène cette étude en collaboration avec la professeure Isabelle Lavoie, de l'INRS, Annie-Ève Gagnon et Jacynthe Masse, d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, ainsi que plusieurs autres scientifiques et partenaires. Intitulé AgriSolEau, le projet se déroule dans le cadre du Réseau québécois de recherche en agriculture durable (RQRAD).
Les membres de l'équipe se déplaceront chez des productrices et des producteurs partenaires en transition vers une agriculture biologique. Sur le terrain, ils étudieront la diversité de l'écosystème ainsi que l'accumulation de pesticides dans les sols et les organismes. Ils visiteront également des cours d'eau en milieux agricoles afin d'y échantillonner des algues microscopiques et des invertébrés. Ces échantillons permettront d'évaluer l'état de santé du milieu et de mesurer l'accumulation des pesticides dans les organismes aquatiques.
Des expériences se poursuivront en laboratoire et en mésocosme, soit des systèmes expérimentaux extérieurs qui reproduisent un environnement naturel. Les scientifiques y exposeront des organismes à divers scénarios de réduction de pesticides. Ils suivront ainsi une série d'indicateurs biologiques pour mesurer les effets des pesticides, seuls ou en mélanges, et de leur réduction sur les organismes terrestres et aquatiques.
« Avec ces expériences en conditions contrôlées, nous pourrons mieux comprendre la toxicité des pesticides et de leurs mélanges sur les organismes, et estimer leur réponse à la suite d'un changement de pratique agricole. Cela permettra également de cibler les pesticides ou les mélanges les plus préoccupants afin de mieux encadrer les décisions quant à leur usage », explique Isabelle Lavoie.
Les connaissances issues du projet auront des retombées importantes sur plusieurs plans. Elles pourront servir à une meilleure gestion des champs par les agronomes, les agricultrices et les agriculteurs en les guidant quant au choix des pesticides, de composition de mélanges ou de quantité à utiliser. Ces informations permettront également l'élaboration de critères de conservation des milieux naturels et des organismes qui les composent. Les résultats de ce projet favoriseront aussi la mise en place d'un suivi environnemental amélioré à l'aide de tests de toxicité complémentaires à ce qui est actuellement disponible, permettant ainsi une meilleure évaluation des effets des pesticides sur l'environnement.
Ce projet d'envergure favorise les collaborations et les échanges de savoirs entre les scientifiques et les acteurs du milieu agricole. La consolidation des connaissances et leur mobilisation vers les milieux utilisateurs seront au cœur des activités de recherche.
L'INRS est un établissement universitaire dédié exclusivement à la recherche et à la formation aux cycles supérieurs. Depuis sa création en 1969, il contribue activement au développement économique, social et culturel du Québec. L'INRS est 1er au Québec en intensité de recherche. Il est composé de quatre centres de recherche et de formation interdisciplinaires, situés à Québec, à Montréal, à Laval et à Varennes, qui concentrent leurs activités dans des secteurs stratégiques : Eau Terre Environnement, Énergie Matériaux Télécommunications, Urbanisation Culture Société et Armand-Frappier Santé Biotechnologie. Sa communauté compte plus de 1 500 membres étudiants, stagiaires postdoctoraux, membres du corps professoral et membres du personnel.
SOURCE Institut National de la recherche scientifique (INRS)
Audrey-Maude Vézina, Service des communications et des affaires publiques de l'INRS, 418 254-2156, [email protected]
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