Réorganisation du réseau de la santé (PL10) : cinq mois d'effets pervers et de tromperies
Nouvelles fournies par
Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)11 sept, 2015, 06:00 ET
LONGUEUIL, QC, le 11 sept. 2015 /CNW Telbec/ - Comme nous le confirme un reportage diffusé au réseau TVA, cinq mois après la création des Centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS), le bilan est lourd. L'APTS est révoltée de voir les intervenants surchargés, la pression plus forte que jamais et les gestionnaires de plus en plus autoritaires.
La pression à la performance est devenue une obsession pour les nouveaux et futurs gestionnaires qui cherchent à obtenir de bons résultats, peu importe le coût, peu importe la manière. On se retrouve ainsi avec des situations absurdes où certains cadres font carrément disparaître les listes d'attente officielle sans pour autant faire disparaître la véritable attente. Tout n'est que poudre aux yeux pour sauvegarder les apparences et présenter au public des statistiques mirobolantes. Dans un CISSS du nord de Montréal, par exemple, on a décidé de confier tous les nouveaux dossiers directement aux intervenants, sans passer par une liste d'attente.
« On fait croire aux personnes, souvent en détresse, avec des problèmes de santé mentale ou nécessitant des services à domicile, que l'on s'occupe d'eux alors que dans les faits, ils sont placés dans les limbes d'une liste d'attente officieuse », s'indigne le vice-président de l'APTS, Stephen Léger. Depuis juin dernier, les travailleuses sociales ont été forcées de doubler leur charge de travail sous le prétexte de réduire les listes d'attente. « Il s'agit d'une tromperie, ajoute Stephen Léger. Pour éviter la création d'une liste d'attente, tous les nouveaux patients reçoivent un appel d'une intervenante, même si elle ne dispose pas de temps pour les voir. Bref, on élimine la liste d'attente officielle et on dirige les patients directement vers les intervenantes au mépris de la qualité des soins et de la santé de ces dernières. »
Alors que nous croyions avoir atteint le maximum de pression possible, l'implantation du PL10 relève encore le niveau au péril de la qualité des soins et de la santé mentale de nos intervenantes. La pression est insoutenable et commence à se répercuter sur les patients. « Des intervenantes m'ont confié que certains de leurs clients avaient remarqué qu'elles avaient l'air surchargées et qu'elles avaient moins de temps qu'avant à leur accorder, indique le vice-président. C'est terrible. Nous avons atteint la limite de ce qui est humainement possible de faire. »
L'effet négatif sur les patients se fait également sentir ailleurs. Dans un établissement des Laurentides, on a également fait disparaitre la liste d'attente en santé mentale, cette fois en envoyant systématiquement les patients en thérapie de groupe. « Cette méthode peut être tout à fait appropriée pour certains et pas du tout pour d'autres, affirme Stephen Léger. Cette pratique continuelle n'a rien de thérapeutique et a tout à voir avec les statistiques. Pourquoi voir un seul patient, quand on peut en voir 15 d'un coup? Ce type d'« économies d'échelles » sur le dos des patients est inacceptable. »
Pour l'APTS, le projet de loi 10 est une véritable machine à broyer l'autonomie professionnelle. « Pour de nombreux gestionnaires nouvellement en place, la performance l'emporte sur le jugement clinique, constate le vice-président. Résultat : les professionnels sont pris entre deux feux, celui des bonnes statistiques faussement reluisantes à obtenir et leur code déontologique qui les oblige à maintenir de hauts standards de qualité. »
L'APTS demande au ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, d'intervenir dès maintenant afin d'éviter que de telles pratiques se généralisent. « Le ministre récolte ce qu'il a semé. Son projet de loi 10 était centralisateur et autoritaire. C'est exactement comme cela que se comportent les cadres du réseau. Le ministre doit intervenir et remettre le cap sur la qualité des services », de conclure Stephen Léger.
À propos de l'APTS
L'APTS est une organisation syndicale qui regroupe 32 000 Indispensables occupant des postes professionnels et techniques dans le réseau de la santé et des services sociaux, dont des technologistes médicales, des techniciennes en loisir, des archivistes médicales, des kinésiologues, des technologues en imagerie médicale, des technologues en électrophysiologie médicale, des physiothérapeutes, des ergothérapeutes, des orthophonistes, des audiologistes, des psychoéducateurs, des thérapeutes en réadaptation physique, des organisatrices communautaires, des travailleurs sociaux, des psychologues, des techniciennes en diététique, des diététistes-nutritionnistes, des intervenants en soins spirituels et des hygiénistes dentaires.
SOURCE Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)
Francis Boucher, conseiller en communication, Téléphone : 514.609.2906 (cell.)
Partager cet article