Reprise de l'enquête du coroner sur la mort d'Alain Magloire - Quelques questions sur l'intervention policière
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Réseau d'aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM)09 mars, 2015, 08:00 ET
MONTRÉAL, le 9 mars 2015 /CNW Telbec/ - Le décès d'Alain Magloire fait ressortir bien des enjeux, tels les soins offerts en santé mentale ou encore le regard porté sur ces personnes aux visages multiples. Néanmoins, pour le Réseau d'aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM), l'intervention policière continue de soulever de nombreuses interrogations comme c'est encore le cas pour d'autres personnes tombées devant les balles des policiers, tels Mario Hamel et Farshad Mohammadi.
Cette enquête du coroner peut permettre davantage d'aborder des questions de fond, telles que l'encadrement de l'utilisation de l'arme à feu. Les protocoles d'intervention policière doivent être revus, ne serait-ce que parce qu'on ne peut imaginer avoir recours au type d'intervention qui a été utilisé le 3 février 2014 avec une personne en crise. À cet égard, dans son rapport suite au décès de Freddy Villanueva, le coroner Perrault indiquait qu'il fallait revoir l'utilisation de l'arme à feu, notamment en questionnant l'obligation de viser les centres masses. « Tant le nombre de balles tirées que l'obligation de viser les parties vitales sont des sujets trop peu abordés, indique Bernard St-Jacques du RAPSIM. Le refus apparent de revoir cette pratique policière a pour effet d'accentuer le sentiment d'impunité des policiers ressenti dans la population. »
Le Taser, loin d'être la panacée
Se pose alors une autre question, celle de l'utilisation des armes intermédiaires comme le pistolet à impulsion électrique Taser. Il y a quelques années, plusieurs organisations de la société civile réclamaient rien de moins que son retrait en raison des décès survenus suite à son utilisation. La compagnie Taser elle-même recommandait alors de ne pas tirer en pleine poitrine. Les décharges peuvent entraîner des complications si on a une santé plus fragile, ce qui est souvent le cas des personnes itinérantes. De plus, serait-ce possible de disposer d'un encadrement adéquat de son utilisation élargie alors qu'il est déjà difficile d'assurer la formation des policiers en matière de santé mentale ? Enfin, il n'est pas évident que le Taser procurera l'effet escompté. Par exemple, son utilisation s'est avérée un échec lors de l'intervention policière survenue à Los Angeles le 1er mars dernier. « En somme, il est vraisemblable que cette option soit non seulement inapplicable dans bien des cas, mais qu'en plus, elle risque elle aussi d'entraîner la mort », conclut monsieur St-Jacques.
Ces questions pourraient aussi être creusées et des réponses, plus clairement exigées si le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) était mis en application. Rappelons que la loi 12 a été adoptée en mai 2013, neuf mois avant la tragédie, mais que le feu vert au règlement pouvant permettre son application n'a toujours pas été donné par Québec. En attendant, un corps policier continue d'enquêter sur les policiers impliqués d'un autre corps de police, avec les doutes et le potentiel de sentiment d'impunité que soulève ce modèle. Le nouveau mécanisme d'enquête serait composé davantage de civils, pourrait permettre un meilleur transfert d'informations et plus de transparence au niveau des enquêtes. Voilà un autre des outils qui pourrait permettre d'empêcher de nouvelles tragédies.
SOURCE Réseau d'aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM)
Bernard St-Jacques, organisateur communautaire, (514) 879-1949; Pierre Gaudreau, coordonnateur, (514) 603-1949
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