Risques importants de dérive - L'OIIQ S'OPPOSE À L'EUTHANASIE ET AU SUICIDE
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QUÉBEC, le 28 sept. /CNW Telbec/ - L'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) a fait connaître sa position aujourd'hui aux audiences de la Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité. Dans la conjoncture actuelle où le Québec accuse un retard important en matière de soins palliatifs, l'OIIQ n'est pas favorable à la légalisation de l'euthanasie et du suicide assisté et insiste plutôt sur la priorité de développer les soins palliatifs pour les personnes en fin de vie. Pour l'OIIQ, les risques de dérive liés à une éventuelle légalisation sont bien réels.
« Il serait prématuré de légaliser l'euthanasie et le suicide assisté alors qu'il reste tant à faire dans le domaine des soins en fin de vie. Il est urgent d'investir dans le savoir-faire des cliniciens - infirmières, infirmiers et médecins - et dans des équipes expertes en soulagement de la souffrance », explique Gyslaine Desrosiers, présidente de l'OIIQ. « La protection de la dignité des personnes est un travail de tous les jours. L'euthanasie et le suicide assisté sont des actes qui doivent demeurer exceptionnels », précise la présidente de l'OIIQ.
Dans son mémoire intitulé Mourir dans la dignité - Développer d'abord les soins palliatifs, l'OIIQ craint que dans l'état actuel des soins de fin de vie au Québec, la légalisation de l'euthanasie et du suicide assisté entraîne des risques importants de dérive. Ainsi,
- on ne développera pas les soins palliatifs comme il se doit ;
- l'euthanasie et le suicide assisté ne seront plus des solutions d'exception ;
- les infirmières seront des exécutantes : peu importe leurs valeurs, elles devront procéder à des actes d'euthanasie.
En résumé, avoir recours à l'euthanasie ne doit pas être plus facile que d'obtenir des soins appropriés de fin de vie.
De plus, l'OIIQ rappelle que l'absence de protocoles de soins palliatifs en fin de vie contribue à perpétuer les pratiques d'acharnement thérapeutique, source de tension majeure pour les familles et les équipes de soins. L'OIIQ déplore que des soins démesurés soient encore trop souvent offerts aux dépens d'une orientation clinique et de protocoles qui visent à accompagner le patient et sa famille dans la dignité en proposant différentes pratiques déontologiques disponibles. Parmi celles-ci, on compte le refus ou l'abandon de traitements qui sont, à tort, trop souvent associés à l'euthanasie.
Dans cette perspective, l'OIIQ propose plusieurs solutions :
- le développement d'une offre complète de soins palliatifs en fin de vie partout au Québec ;
- l'adoption de protocoles relatifs à des soins appropriés de fin de vie à l'intention des professionnels de la santé ;
- la participation du patient et de sa famille aux décisions concernant la fin de vie ;
- la formation des professionnels de la santé pour assurer le développement des compétences et l'expertise en soins palliatifs ;
- l'élaboration de campagnes d'information auprès de la population sur les différentes pratiques cliniques et déontologiques offertes en fin de vie.
Conscient que, malgré tout, certaines situations ne trouveront pas de solutions satisfaisantes, l'OIIQ propose la création d'un mécanisme efficace pour l'analyse, par une autorité compétente et décisionnelle, des demandes d'euthanasie et de suicide assisté dans des situations à caractère exceptionnel.
L'OIIQ estime qu'environ 20 000 infirmières et infirmiers, qui travaillent principalement en oncologie, en gériatrie, aux soins intensifs, à l'urgence et au soutien à domicile, accompagnent régulièrement des patients mourants et les membres de leur famille. Plus de 55 000 personnes meurent chaque année au Québec. On estime que les trois quarts d'entre elles décèdent dans un centre hospitalier, un centre d'hébergement ou en CHSLD. Seulement de 5 % à 15 % de ces personnes bénéficieraient de services organisés de soins palliatifs complets en fin de vie.
À propos de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec
L'OIIQ est un ordre professionnel régi par la Loi sur les infirmières et les infirmiers et par le Code des professions. L'Ordre comptait 71 371 membres au 31 mars 2010 et environ 15 000 étudiants immatriculés. Sa principale mission est d'assurer la protection du public par la surveillance de l'exercice de la profession infirmière. L'OIIQ a également pour mandats de promouvoir une pratique infirmière de qualité et de contribuer au maintien des compétences des infirmières.
Le mémoire de l'OIIQ Mourir dans la dignité - Développer d'abord les soins palliatifs, ainsi que les faits saillants du mémoire, sont consultables sur le site Web de l'OIIQ à l'adresse suivante : http://www.oiiq.org/salle-de-presse/mourir-dignite.html
Renseignements:
Source : | Ordre des infirmières et infirmiers du Québec |
Renseignements : | Anne-Sylvie Robitaille |
Attachée de presse par intérim | |
Ordre des infirmières et infirmiers du Québec | |
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Cellulaire : 514 895-1987 |
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