Rivière Moisie aux Innus : les saumons ne seront pas transférés à l'Aquarium de Québec
UASHAT MAK MANI-UTENAM, QC, le 1er mai 2017 /CNW Telbec/ - Les Innus de Uashat mak Mani-utenam ne tolèrent plus que l'accès à la rivière Moisie leur soit limité qu'à une section de celle-ci. Leur Conseil (ITUM) annonce donc qu'il entend dès maintenant poser les actions requises afin que leurs droits soient pleinement reconnus sur la totalité des rivières situées sur leur territoire ancestral.
« On nous a trop longtemps privé de notre rivière Mishta-shipu qui est au cœur de notre mode de vie ancestral. C'est une injustice qui remonte au temps des politiques d'assimilation et qui n'a plus sa raison d'être aujourd'hui en 2017, alors que l'on parle de réconciliation », a déclaré le Vice-Chef Jonathan St-Onge.
Conséquemment, le Conseil a récemment refusé d'entériner le renouvellement de l'Entente de gestion de la rivière Moisie qui existait entre ITUM et le gouvernement du Québec depuis des décennies. Tout en rassurant qu'aucun emploi ne sera perdu en vertu de cette décision, le Conseil tient à informer sa population que la volonté politique sera désormais portée vers la pleine reconnaissance des droits des Innus, ce qui comprend notamment un accès à l'ensemble de la rivière Moisie, y compris dans les zones soi-disant réservées aux pourvoiries, à la ZEC et au Club Adams.
« Depuis le 19e siècle, le gouvernement a donné de nombreuses parcelles de notre territoire à de riches promoteurs pour qu'ils s'enrichissent grâce à la pêche commerciale, sportive et touristique. Cette façon de faire est une atteinte directe à nos droits et un manquement grave aux obligations constitutionnelles du gouvernement à notre égard. Cette injustice doit cesser », a précisé le Vice-Chef St-Onge.
Rappelons que les Innus de Uashat mak Mani-utenam entretiennent une relation millénaire avec le Nitassinan, sur lequel ils possèdent un titre et des droits ancestraux reconnus et protégés par la Constitution canadienne, ainsi que par la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Malgré cette légitimité reconnue, le territoire a été fortement impacté par les activités de développement depuis des décennies sans consentement des Innus, ni aucune compensation.
Dans les démarches envisagées, le Conseil avisera formellement le gouvernement ainsi que tous les utilisateurs de la rivière afin de les informer de sa volonté de recouvrir la jouissance de ses droits sur la rivière Moisie, ainsi que de ses attentes. Une démarche de consultation et d'engagement avec les membres de la communauté est également en cours afin d'assurer que les actions prises par le Conseil sont appuyées par la volonté populaire. La population innue sera notamment invitée à se prononcer sur une nouvelle politique de gestion de la ressource reposant sur les pratiques traditionnelles ancestrales.
Le Conseil tient à préciser que les enjeux environnementaux, notamment la protection des espèces, sont au cœur de cette démarche d'affirmation. « Par cette position, nous souhaitons protéger non seulement notre mode de vie et nos droits sur la rivière Moisie, mais nous voulons aussi défendre par le fait même un territoire et un environnement au profit des générations futures. Nous n'attendrons pas que les dix derniers saumons soient envoyés à l'Aquarium de Québec pour assurer la protection de l'espèce et de nos droits », a conclu Jonathan St-Onge.
Le Conseil tient à préciser que les enjeux environnementaux, notamment la protection du saumon et la protection permanente de la Moisie, sont au cœur de cette démarche d'affirmation.
SOURCE Innu Takuaikan Uashat Mak Mani-Utenam (ITUM)
Jean-Claude Therrien-Pinette, Directeur, Bureau de la protection des droits et du territoire, ITUM, 418 409-5681 (cellulaire), [email protected]
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