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RAPLIQ (Regroupement des activistes pour l'inclusion au Québec)09 mars, 2020, 06:00 ET
Au téléphone, elle m'a dit : « Fais quelque chose, car la prochaine fois, il me tuera, je le sais, il me l'a dit… »
MONTRÉAL, le 9 mars 2020 /CNW Telbec/ - Hier matin, 8 mars, « Journée internationale du droit des femmes » dans « Le Droit », on pouvait lire :
Violence conjugale : Les maisons d'hébergement contraintes de refuser des femmes.
Il y a près d'une centaine de maisons d'hébergement pour femmes victimes de violence conjugale au Québec. De ce nombre, seulement 28 prétendent être accessibles aux femmes se déplaçant en fauteuil roulant.
Si on retranche ce nombre (28), AUCUNE de ces maisons n'accepte les femmes qui ne sont pas autonomes. On ne veut pas trop non plus qu'elle soit hébergée avec une amie, une sœur qui pourrait l'aider dans ses transferts (levers, couchers, soins, hygiène, etc.) On nous a répondu : « Malheureusement, on n'aurait pas de place pour cette personne aidante… » ou encore même « Nos assurances ne couvrent pas si la femme n'est pas autonome… »
Le RAPLIQ a demandé si la maison accepterait une femme en fauteuil non autonome, mais qui pourrait recevoir les services du CLSC local. Même réponse plutôt fermée.
Pourtant, on héberge bien les femmes sans limitation avec leur(s) enfant(s)…
Le handicap est tabou; le handicap fait peur; la différence dérange…
C'est comme si une femme handicapée qui hormis le fait qu'elle ne puisse se transférer elle-même est tout à fait autonome et pour palier à cela, elle a besoin d'une aidante qu'elle amènerait avec elle et qui dormirait dans sa chambre. Et puis, on s'entend que ce n'est pas tous les jours qu'une telle situation se présente.
« Une fois arrivé devant la maison, il réalisa que c'était une maison pour femmes violentées et alors, à ce moment, les seules paroles qu'il prononçât à mon endroit furent cruelles, à son image… Au moment où je tentai tant bien que mal de sortir du véhicule, il me prit par le bras, je perdis l'équilibre et au lieu de me retenir, il me laissa tout simplement tomber…(Extrait de « La Ville Handicapée - Steven Laperrière)
1Les femmes handicapées constituent un groupe de la population particulièrement vulnérable à la violence conjugale. En effet, elles risqueraient davantage que les autres femmes d'être victimes de violence de la part de leur conjoint et subiraient des formes plus sévères de violence (Brownridge 2006). Elles rapporteraient également de plus longues périodes d'abus (Nosek et autres 2001a). Pourtant, peu de ressources spécialisées en matière de violence conjugale leur sont accessibles, et les études sur l'accessibilité de ces ressources ainsi que sur la violence conjugale à l'égard des femmes handicapées se font rares.
INSPQ
2Faits saillants
- Les femmes handicapées ont un risque accru d'être victimes de violence conjugale1.
- Elles font face à de nombreux obstacles pour avoir accès à des services adaptés et capables de les accueillir, ce qui accroît le risque que la violence conjugale se perpétue1,2.
- Les actions de prévention de la violence conjugale devraient s'adresser à la fois aux personnes handicapées, aux intervenants ainsi qu'aux services de soutien qui leur sont destinés.
Comprenez bien que ce ne sont pas les maisons que nous blâmons. C'est un cri d'alarme à la ministre de la Santé et des Services sociaux
Mais si nous ramenons cela dans une perspective moins scientifique et plus « humaine », est-ce possible que, faute de pouvoir être hébergées, étant victimes de trop nombreux tabous et ayant une peur viscérale de dénoncer en risquant une autre agression encore plus sauvage, plus violente, se pourrait-il que ces femmes tristement anonymes décèdent de causes « naturellement apparentées à leur handicap »?
En tant que société, posons-nous la question : « En faisons-nous assez pour elles ? »
En tant que victime, je peux vous dire que non, car je suis passée par là.
À propos du RAPLIQ :
Le RAPLIQ est un organisme voué à la défense et promotion des droits des personnes en situation de handicap et visant l'éradication de la discrimination souvent faire à leur égard. »
www.rapliq.org
1 ÉTERNELLES OUBLIÉES : LES FEMMES HANDICAPÉES AGIR SUR LA DISCRIMINATION SYSTÉMIQUE POUR ATTEINDRE L'ÉGALITÉ ET L'INCLUSION ! |
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2 https://www.inspq.qc.ca/violence-conjugale/comprendre/contextes-de-vulnerabilite/femmes-handicapees |
SOURCE RAPLIQ (Regroupement des activistes pour l'inclusion au Québec)
Linda Gauthier, présidente, (514) 656-1664; Steven Laperrière, directeur général, (514) 836-6376
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