MONTRÉAL, le 28 mai 2018 /CNW Telbec/ - Environnement et Changement climatique Canada a récemment publié un rapport qui critiquait les mesures prises par les provinces pour protéger le caribou forestier. Si Ottawa décide d'intervenir, il doit tenir compte des coûts économiques des mesures de sauvegarde et des réalités de chaque province.
« Une application stricte des exigences fédérales pourrait être très dommageable pour l'économie ontarienne », souligne Alexandre Moreau, analyste en politiques publiques à l'IEDM. « Environ la moitié de l'activité forestière de l'Ontario a lieu dans l'habitat du caribou forestier et serait donc potentiellement touchée. Cela représente 2,6 milliards $ en termes d'activité économique et quelque 18 300 emplois directs. »
Pour se conformer aux normes fédérales, les provinces et territoires doivent en effet limiter à moins de 35 % le niveau de perturbation de l'habitat du caribou forestier causé par l'activité humaine ou les feux de forêt.
« Il est difficile d'estimer avec précision les pertes qui pourraient être encourues en Ontario mais, à l'instar du Québec, une application stricte des exigences fédérales pourrait entraîner la disparition de milliers d'emplois et des pertes économiques de centaines de millions de dollars chaque année », note M. Moreau, selon qui les districts de Kenora, Thunder Bay et Cochrane seraient les régions les plus fortement touchées.
D'ailleurs, même l'arrêt total de toute activité humaine ne garantirait pas la survie de tous les caribous. Ceux-ci seraient tout de même menacés par d'autres facteurs comme les maladies, les insectes, les feux de forêt, la prédation des loups ainsi que par la modification de leur habitat, en raison des changements climatiques.
Au Québec, l'IEDM avait déjà évalué que le coût de l'application intégrale des exigences fédérales pourrait entraîner la disparition de 5700 emplois directs et coûter jusqu'à
740 millions $ en activité économique perdue, uniquement dans le secteur forestier. « On parle de 72 emplois directs et d'un coût total de plus de 9 millions de dollars pour chaque caribou qu'on tente de sauver, sans garantie de résultat », illustre Alexandre Moreau.
« Actuellement, seul le gouvernement du Québec a rendu publique une estimation exhaustive des coûts associés aux exigences d'Ottawa. Le gouvernement de l'Ontario et ceux des autres provinces devraient lui emboîter le pas et faire preuve de transparence tant en ce qui a trait à l'évolution du nombre de caribous qu'aux coûts économiques des mesures de rétablissement de son habitat », soutient Alexandre Moreau.
Enfin, Ottawa doit également adopter une « approche flexible », qui permettrait aux provinces et territoires de cibler des objectifs de sauvegarde des populations qui tiennent compte des réalités économiques propres à chaque communauté. « Il est clairement mentionné dans la loi fédérale que les aspects socioéconomiques des collectivités devraient être pris en compte lors de l'élaboration et de la mise en œuvre des mesures de sauvegarde », conclut M. Moreau.
L'IEDM est un organisme de recherche et d'éducation indépendant, non partisan et sans but lucratif. Par ses études et ses conférences, l'IEDM alimente les débats sur les politiques publiques au Québec et partout au Canada en proposant des réformes créatrices de richesse et fondées sur des mécanismes de marché.
SOURCE Institut économique de Montréal
Demandes d'entrevues : Pascale Déry, Vice-présidente, Communications et développement, IEDM., Tél. : 514-273-0969 p. 2233, Cell. : 514-502-6757, courriel : [email protected]
Partager cet article