Secteur agricole : l'appui des gouvernements québécois et canadien doit être à la hauteur
GRANBY, QC, le 24 août 2017 /CNW Telbec/ - Réunis à Granby pour faire le point sur les défis agroalimentaires de l'heure et convenir des priorités de l'automne, l'Union des producteurs agricoles (UPA), ses 12 fédérations régionales et ses 27 groupes spécialisés ont passé en revue les principaux gains et les réalisations de l'Union depuis le Congrès général de décembre dernier.
Les nombreux participants à cette rentrée syndicale agricole ont également lancé un message clair aux gouvernements du Québec et du Canada : « La croissance de la demande alimentaire, ici et ailleurs dans le monde, apporte des opportunités de marchés importantes. L'appui de nos gouvernants doit toutefois être à la hauteur du potentiel des agriculteurs canadiens et québécois », a déclaré le premier vice-président de l'UPA, Pierre Lemieux, ajoutant que le secteur agricole québécois pourrait hausser sa production de 30 % au cours de la prochaine décennie et créer 21 000 nouveaux emplois, si les conditions nécessaires sont réunies.
Politique bioalimentaire québécoise : réunir les conditions gagnantes
En mai dernier, l'Union est sortie confiante de la troisième et dernière rencontre préparatoire en vue du Sommet sur l'alimentation de cet automne qui, comme le prévoit la démarche gouvernementale, doit mener à une nouvelle politique bioalimentaire québécoise en 2018.
À cette occasion, l'UPA a insisté sur les principales conditions gagnantes pour assurer la pérennité de l'agriculture québécoise :
- des outils de gestion des risques qui assurent un véritable filet de sécurité contre la volatilité des prix, les ravageurs, les maladies et les aléas climatiques;
- un solide programme d'aide à l'investissement pour permettre à nos entreprises de répondre aux nouvelles attentes des consommateurs en matière, notamment, de bien-être animal et d'agroenvironnement;
- la reconnaissance de nos outils de mise en marché collective et de nos systèmes de gestion de l'offre;
- une plus grande protection du territoire et des activités agricoles;
- un plan d'action concerté en agroenvironnement misant sur la concertation entre les partenaires du milieu, les producteurs et les instances gouvernementales;
- un appui indéfectible à la relève agricole principalement au chapitre d'une aide additionnelle en matière de gestion des risques durant les premières années d'établissement, d'un meilleur accès au foncier et de mesures de soutien pour les cédants.
Ces conditions gagnantes sont toutefois incompatibles avec plusieurs décisions gouvernementales, dont :
- le maintien, depuis 2005, d'un moratoire sur les superficies en culture dans près de 600 municipalités québécoise;
- la mise en tutelle de vastes territoires (projet de loi 85) permettant l'implantation d'entreprises du secteur de la logistique sans préavis ni consultation, sans considération pour l'acceptabilité sociale des projets et sans égard aux lois et règles en vigueur, incluant la protection du territoire et des activités agricoles;
- une nonchalance regrettable en matière de fiscalité foncière agricole. L'augmentation importante du fardeau fiscal des producteurs, en raison notamment de la hausse substantielle de la valeur des terres (800 % en 20 ans) et du mode d'évaluation utilisé par les municipalités, est pourtant bien réelle;
- l'injection de deniers publics dans un modèle (PANGEA) qui concurrence les agriculteurs de métier, qui favorise l'émergence d'une agriculture de locataires et qui menace l'entrepreneuriat;
- l'imposition, sans consultation avec le milieu, de nouvelles règles administratives inefficaces et coûteuses en matière de gestion des pesticides. Le milieu agricole demande depuis plusieurs années un Plan d'action concerté sur l'agroenvironnement, de façon à mettre en place les outils nécessaires pour faire face aux enjeux des changements climatiques, de la pollution diffuse et de la lutte aux ennemis des cultures;
- une augmentation possible et substantielle du salaire minimum compromettant la rentabilité de milliers d'entreprises agricoles (plus particulièrement dans le secteur horticole).
Programmes fédéraux : un réinvestissement est requis
Du côté fédéral, le gouvernement a récemment annoncé une révision globale des programmes fédéraux de gestion des risques sans toutefois bonifier l'investissement prévu pour le financement de ces programmes. À ce chapitre, il est impératif de rétablir le financement à ce qu'il était avant les compressions de 2013 pour assurer l'accès à des programmes canadiens aussi compétitifs que ceux des États-Unis.
Les producteurs laitiers québécois et canadiens sont aussi très insatisfaits de l'allocation des nouveaux contingents tarifaires pour les fromages européens, en marge de l'entrée en vigueur imminente de l'Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l'Union européenne. Malheureusement, le gouvernement canadien a décidé de ne pas accorder la priorité à ceux qui seront les plus durement touchés, c'est-à-dire les fabricants québécois et canadiens de fromage.
Quant aux programmes d'investissements annoncés pour les producteurs laitiers et fromagers (250 M$ sur cinq ans pour les fermes laitières et 100 M$ sur quatre ans pour les transformateurs laitiers), rappelons que l'importation additionnelle de 17 700 tonnes de fromages européens représente une perte récurrente de 150 M$ par année pour les producteurs laitiers canadiens et d'un autre 150 M$ par année pour les fromagers du pays. Nous sommes donc très loin du compte, d'autant plus que le Québec produit plus de la moitié des fromages canadiens et plus de 60 % des fromages fins et artisanaux. L'Union déplore aussi que les autres types de producteurs laitiers (chèvre, brebis, bufflonne) soient inadmissibles.
L'UPA suivra aussi très attentivement la renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), entamée récemment. Comme on le sait, le gouvernement américain n'a pas caché sa volonté d'obtenir un plus grand accès au marché laitier canadien. À cet égard, les négociateurs canadiens doivent exclure toute concession, d'autant plus que notre marché est déjà beaucoup plus ouvert que celui de nos voisins américains (le Canada importe déjà plus de 8 % de sa consommation de produits laitiers alors que les États-Unis en importent moins de 2 %).
Au chapitre des travailleurs étrangers temporaires et à l'instar des 5 000 travailleurs mexicains, le gouvernement canadien doit permettre aux 5 000 travailleurs guatémaltèques d'être transférés d'une entreprise agricole à une autre, lorsque nécessaire. Il s'agirait d'une solution avantageuse à la fois pour les travailleurs et les employeurs agricoles. Du côté de la main-d'œuvre locale, il est primordial de réintégrer la notion de saisonnalité dans le programme d'Assurance-emploi pour les secteurs agroforestiers.
SOURCE Union des producteurs agricoles
Patrice Juneau, Conseiller principal, Affaires publiques et relations médias, 450 679-0540, poste 8591, 514 702-8591, [email protected]
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